2/7. La synagogue Vieille-Nouvelle de Prague, la plus ancienne synagogue d’Europe…

Plus ancienne synagogue d’Europe encore en activité aujourd’hui, la synagogue Vieille-Nouvelle de Prague doit sa survie incroyable au fait que, isolée du reste des constructions alentours et totalement indépendante – une marque d’importance -, elle ne fut à aucun moment de son histoire en proie aux flammes.

Construite au milieu du 13ème siècle, la « synagogue Nouvelle » ou « synagogue de la Grande École », est renommée « Vieille-Nouvelle » au 16ème siècle, alors que d’autres lieux de culte israélites plus récents sortent de terre dans le quartier de Josefov.

Chargée d’histoire et de légendes, elle n’a guère été modifiée depuis sa construction. Les sols d’origine ont été mis au jour lors de la restauration de 1999, et seule la petite fenêtre ronde, jadis située au-dessus du tabernacle, et qui permettait d’observer le lever du soleil et définir les heures de prières et du shabbat, n’existe plus aujourd’hui.

Construite plus bas que le niveau du sol en signe d’humilité, elle est composée de deux nefs – plan caractéristique du Moyen-Age -, la tévah, l’estrade depuis laquelle officie le rabbin, est encadrée de deux piliers octogonaux faisant référence aux piliers du Temple de Jérusalem, tandis que ses douze fenêtres rappellent les douze tribus d’Israël. Placée au centre de la synagogue, les bancs pour les fidèles sont disposés tout autour, dominés par le fanion de la communauté de la ville : une étoile de David sur fond rouge surmontée des mots Shéma Israël. Un droit exceptionnel et rarissime hérité au 15ème siècle, signe d’indépendance et d’autonomie.

Lors du pogrom et des massacres d’avril 1389, de nombreux Juifs du ghetto vont trouver refuge dans la synagogue Vieille-Nouvelle afin de tenter d’échapper au massacre. Ils ne seront malheureusement pas épargnés. Durant des années, les murs tâchés de sang de la synagogue témoigneront de cet épisode tragique.

Si certaines croyances prétendent que les pierres utilisées pour ses fondations proviennent du Temple de Jérusalem, amenées ici par les anges en attendant sa reconstruction, d’autres prétendent que c’est entre ses murs centenaires qu’est née l’une des plus anciennes légendes du judaïsme d’Europe Centrale : le Golem.

Dépourvu de libre-arbitre et doté d’une force surhumaine, le Golem, créé à partir d’argile par Judah Loew ben Bezalel – rabbi Loew, Maharal de Prague – dans le but de protéger les Juifs de Josefov des pogroms, va échapper à son créateur et devenir incontrôlable.

Flanqué du mot hébraïque Emeth – « Vérité » – sur son front, l’unique moyen de stopper le géant était de lui ôter la première lettre de ce mot, l’aleph, et de ramener ainsi le mot à met, signifiant « mort ».

Malheureusement, le Golem étant devenu trop grand pour pouvoir atteindre son front, il n’était plus possible pour rabbi Loew de le stopper. Il usa alors d’un subterfuge en demandant au colosse de l’aider à lacer ses chaussures. Lorsque le géant s’agenouilla pour s’exécuter, le rabbin saisit l’occasion et arracha l’aleph de son front. Le Golem redevint aussitôt un tas d’argile…

Considéré comme l’une des plus grandes figures spirituelles du judaïsme ashkénaze, les restes du Golem seraient aujourd’hui conservés dans la guenizah du grenier de la synagogue Vieille-Nouvelle. Sur sa façade arrière, donnant sur la rue Pariszka, on peut d’ailleurs observer une échelle accédant à cet endroit… bien entendu interdit au public.

Si vous désirez aller plus loin :

Le Messianisme juif dans la pensée du Maharal de Prague, de Benjamin Gross, aux éditions Albin Michel. 388 pages. 18,60€.
Prague fatale, de Philip Kerr, aux éditions du Masque. 407 pages. 22,00€.
Le kabbaliste de Prague, de Marek Halter, aux éditions J’ai lu. 288 pages. 7,70€.
Le cimetière de Prague, d’Umberto Eco, aux éditions Livre de Poche. 576 pages. 8,40€.
Franz Kafka à Prague, de Gérard-Georges Lemaire et Hélène Moulonguet, aux éditions du Chêne. 170 pages. 20,00€.
La famille Kafka de Prague, d’Alena Wagnerova, aux éditions Grasset. 22à pages. 15,30€.
Le Golem, de Gustav Meyrink, aux éditions Flammarion. 321 pages. 10,50€.
Le Golem : légendes du ghetto de Prague, de Chajim Bloch, aux éditions Samuel Tastet. 208 pages. 15,00€.

Et pour la jeunesse :

L’ombre du Golem, de Benjamin Lacombe et Eliette Abécassis, aux éditions Flammarion. 180 pages. 25,00€.
Le kabbaliste de Prague (tome 1), de Makyo, Luca Raimondo et Marek Halter, aux éditions Glénat. 56 pages. 14,50€.
Le kabbaliste de Prague (tome 2), de Makyo, Luca Raimondo et Marek Halter, aux éditions Glénat. 56 pages. 14,50€.

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