« Tzedek. Les Justes », le reportage de Marek Halter

« Tout être humain a des mérites et des vices. Celui dont les mérites dépassent les vices est un Juste. » Maïmonide.

« Le monde, à chaque génération, repose sur 36 Justes ». Talmud.

Fruit de trois années de recherche, d’un an de tournage et de longs mois de montage, l’écrivain Marek Halter signe avec Tzedek. Les Justes un film fascinant qui l’a mené à travers les routes d’Europe et d’Orient à la recherche de ces Justes qui, durant la Seconde guerre mondiale, ont sauvé des milliers de Juifs au péril de leurs vies.

Son périple débute bien évidemment dans la capitale polonaise, ville où il vit le jour et où il fait la connaissance d’Iréna, jadis habituée du ghetto de Varsovie duquel elle confie avoir fait sortir près de 2.500 enfants. Des enfants arrachés à leurs parents, à leurs traditions, à leurs identités et qui, selon elles, sont les véritables héros de ce récit.

Un peu plus tard, à Berlin, Marek Halter tente de comprendre pourquoi, en tant qu’allemands, certains ont sauvé des vies, tandis que d’autres ont préféré la cécité et le silence, bien plus confortables. Puis viennent Sarajevo en guerre, l’orientale Istabul dans laquelle il fait la connaissance de diplomates qui ont eux aussi sauvé des Juifs, au Danemark où des marins évacuaient hommes, femmes et enfants vers la Suède, aux Pays-Bas, capitale la plus décimée de sa population juive, à Rome, la Ville Eternelle dans laquelle il a rencontré le Pape Jean-Paul II, premier souverain pontife à se rendre à la Grande Synagogue de Rome, cette même Rome qui sonne de ses milliers de cloches rappelant au réalisateur qu’en Pologne, ces dernières annonçaient bien souvent le début d’un pogrom. Sans oublier bien sûr la France avec Paris, Nancy, Chambon-sur-Lignon, Marseille et la Côté d’Azur où il retrouve Mary Jane Gold qui fit de sa somptueuse villa, Air Bel, une plateforme pour permettre aux Juifs d’Europe de s’enfuir vers les deux paradis d’alors : la Suisse et les Etats-Unis.

A eux seuls, tous ces Justes qui défilent devant la caméra de Marek Halter ont sauvé près de 500.000 Juifs durant la Seconde guerre mondiale. Tous ont en eux des sentiments à peine différents les uns des autres, s’accordant sur le fait que leurs actions étaient normales, leur jeunesse et leur insouciance faisant le reste. Humbles, oubliant le risque qu’ils couraient alors, artisans du Bien, ils confient que leur vie d’adulte a été largement influencée par leur courage durant ces heures sombres de l’Histoire de l’humanité. Une lumière dans les ténèbres.

Poignant et émouvant, Tzedek. Les Justes ressort aujourd’hui dans le cadre du 70eme anniversaire de la libération des camps de concentration.