« Un amour sous emprise », le premier roman de Sarah Mostrel

Dans Un amour sous emprise, à travers la correspondance de deux adultes, Sarah Mostrel montre comment l’amour peut être utilisé pour détruire.

Sophie est jeune et prometteuse. Invitée à un vernissage, déçue par les gens présents, elle remarque Jacques. Il pourrait être son père. Elle tombe sous le charme.

Une correspondance commence essentiellement par SMS, avec aussi quelques lettres. Une relation s’instaure, des appels, des rencontres. Des signaux d’alerte s’allument pour Sophie dès le début. Des détails, des paroles, mais sous le charme elle ne les voit pas. Il faut dire que tout est dans le détail. Et telle une danse, la relation s’instaure, inégale, avec des pas en avant suivis de grandes reculades, jusqu’au dénouement.

Parfois l’auteur rompt le dialogue pour montrer l’engrenage qui emporte Sophie vers le désespoir. Elle indique aussi lorsqu’une promesse de Jacques restera à l’état de parole. Jacques comme Sophie manie très bien le verbe et les échanges de SMS sont très poétiques, très longs par rapport à l’usage moyen de ce moyen de communication. Ils sont également lieu d’échanges de citations littéraires, de citations talmudiques. Ils partagent leurs goûts littéraires, leur travail artistique.

Sophie arrivera-a-t-elle à se détacher de cette amour-illusion. Jacques suggère et promet plus qu’il ne fait et ne donne.

Un amour sous emprise invite à la méfiance et montre que si l’on croit pouvoir vivre d’amour, on peut aussi en mourir. Il enveloppe la laideur d’un jeu manipulateur avec la beauté du texte. Pendant une grande partie du livre il y a doute sur la perversion de Jacques. Puis commence un soliloque de Sophie. Elle écrit pour elle, elle écrit et ne partage plus. Et là, l’ampleur de sa souffrance se trouve mise à nue.

Voici donc un beau roman à découvrir, pour le plaisir de la lecture mais également pour sa fin inattendue, donnant des clefs de sauvetage utiles face à la manipulation.

Sophie MASSON pour Cultures-J.com.

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