« Une jeunesse bohème bien fiévreuse », par Myriam Halimi

Le nouveau roman de Myriam Anissimov, qui s’approche de l’autobiographie, relate la relation assez ambiguë et conflictuelle d’une fille et de sa « petite maman ».

jours nocturnes myriam anissimov couvertureUne fille qui ne rêve surtout pas de la vie que sa mère voudrait qu’elle ait. Non, la jeune fille ne veut pas devenir docteur-avocat-dentiste. Le devenir serait une destruction pour elle, et ne pas l’avoir fait en serait une aussi. Elle ne rêve que de Paris, d’inventer des histoires, de faire du cinéma ou du théâtre. Comment faire avec une mère si draconienne et qui n’accepte aucune contradiction, et cette absence du père, qui meurt brutalement dans un accident de voiture ? Jamais elle ne prononcera le mot « papa », ce mot bloqué dans sa gorge. C’est de sa mère dont elle parle tout le temps. Conflit-écran pour éviter de parler de cette douleur insupportable, fondamentale, liée au père et qu’elle finit par écrire.

Née en 1943 dans un camp de réfugiés en Suisse, comparée à son grand-père, ce méchant homme, la petite fille a du mal à se faire une place avec une mère communiste qui croit aux promesses d’un lendemain meilleur, loin du monde réel. Pourtant, une tristesse émerge tout au long du roman, jalonné d’incidents drôles ou tragiques, de frasques amoureuses et de portraits d’amis, dont le fameux « Arturo », monument de la littérature française. Sa rencontre avec Léonard Cohen fait sourire.

Les pages évoquant le suicide de Yoram, un être sensible qui avait peur de parler de son homosexualité à son père, sont poignantes. C’est Claude Dejacques, le directeur artistique qui découvrit Barbara, Nana Mouskouri ou le grand Serge Gainsbourg entre autres qui est peint sous l’angle « l’amant si frivole ».

Un émouvant patchwork avec en toile de fond le Paris d’avant et après mai 68.

Myriam HALIMI pour Cultures-J.com.

Jours nocturnes, de Myriam Anissimov, aux éditions du Seuil. 220 pages. 17,00€.

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