Depuis le 26 mars dernier, la chaîne de streaming Netflix propose à ses abonnés une toute nouvelle mini-série dramatique, Unorthodox, mettant en scène une jeune femme, Esther Schwartz, qui fuit la communauté Satmar de Brooklyn pour trouver la liberté à Berlin.
Esty, 19 ans, supporte de moins en moins la vie au sein de cette communauté étouffante au sein de laquelle les hommes ne voient en leurs épouses qu’un instrument de fécondité, faisant fi de leurs passions ou de leurs opinions – il ne viendrait à aucun d’entre eux l’idée qu’elles puissent en avoir d’ailleurs. Il en va bien entendu de même pour Esty, qui se voit contrainte de prendre secrètement des cours de piano, seul échappatoire à un destin qui semble tracé depuis son plus jeune âge… et dont elle ne veut pas.
Présentée à sa future belle-mère dans les allées d’une épicerie, Esty est promise à Jacob « Yanky » Shapiro, dont elle fait la connaissance le jour de ses noces. Mais malgré la patience et la gentillesse de Yanky, le couple peine à avoir des relations sexuelles, et Esty n’est même pas enceinte après presqu’un an de mariage. Inimaginable. Une situation intime et personnelle qui va être livrée en pâture à toutes les femmes de la famille, à commencer par son encombrante belle-mère, qui ne l’a jamais vraiment apprécié.
C’est connu, aucune fille n’est assez bien pour un fils. Alors que dire celle-ci, qui trouve ses origines chez un père ivrogne et une mère qui l’a abandonnée alors qu’elle n’avait que trois ans ?
Prisonnière d’une tradition étriquée et d’une pression sociale trop lourdes pour ses frêles épaules, la jeune fille, avec l’aide de sa professeure de piano, va fuir Williamsburg pour s’installer à Berlin, et y réaliser ses rêves de femme libre.
Mais rapidement, son passé la rattrape. Yanky et son peu recommandable cousin Moïshe, qui, sous ses allures très pieuses, fréquente tables de jeux et maisons de charmes, se lancent à sa recherche dans le but de la ramener dans la communauté, qui ne saurait accepter qu’un de ses membres « s’égare »…
Très esthétique et réalisé par l’allemande Maria Schrader – qui avait déjà signé Stefan Zweig. Adieu l’Europe en 2016, Unorthodox met donc en lumière l’univers pesant de Satmar, une communauté ultra-orthodoxe principalement établie à Brooklyn.
Descendants de Juifs de Hongrie presque tous assassinés dans les chambres à gaz durant l’Holocauste, il semblerait que ses membres aient une dette envers le Peuple d’Israël, et ses six millions de morts…
Porté par la jeune et très prometteuse Shira Haas – déjà vue dans Les Shtisel. Une famille à Jérusalem, Foxtrot ou encore La femme du gardien de zoo -, Unorthodox plonge le spectateur dans deux espaces temps, dans deux univers distincts. L’un dans le quartier de Williamsburg, où l’on mesure tout le poids et la pression d’un mode de vie révolu, l’autre dans une capitale européenne où liberté rime avec cosmopolitisme. Un choix opportun et qui accentue encore le fossé abyssal séparant ces deux mondes.
Si on regrettera quelque peu une « émancipation » relativement rapide de la jeune femme – sans oublier mixité ethnique et homosexualité pour mieux coller aux « tendances de l’époque » mais sans rien apporter de plus au contenu -, il est important de noter que, bien que le sujet principal soit basé sur le témoignage de Deborah Feldman, membre de la communauté Satmar qui relate son expérience en 2012 dans Non orthodoxe: The Scandalous Rejection of My Hasidic Roots, les événements et les protagonistes de la cette mini-série restent quant à eux fictifs.
Enfin, pour ceux qui souhaitent découvrir les coulisses de cette excellente et émouvante mini-série, une making of d’une vingtaine de minutes est également disponible sur Netflix, dans lequel on découvre de nombreux et passionnants secrets de tournage au cours duquel rien n’a été laissé au hasard.
Unorthodox devait être dévoilée en avant-première au festival Séries Mania avant qu’il ne soit annulé pour cause de pandémie de coronavirus.
Unorthodox, actuellement sur Netflix.
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