« We Burn Like This » : expérience personnelle pour le premier film d’Alana Waksman

Rae n’est plus une petite fille depuis bien longtemps, mais elle n’est pas encore tout à fait une femme.

Elle est jeune, très jeune, un de ces âges charnières où se prennent les décisions, comme si au fond d’elle reposait encore le grand lac dormant de l’enfance, mais qu’elle pressente déjà tous les rapides et les fleuves à venir.

Quelque chose manque à Rae, toujours, tout le temps, et contrairement à sa colocataire et meilleure amie Chrissy, ce n’est pas la la famille. Quelque chose qui n’est pas l’amour, qui n’est pas l’autre, qui n’est pas la religion, mais une sorte de sens à donner à l’itinéraire qu’elle veut mener.

Quelque chose lui manque et qu’elle tente d’oublier dans la consommation excessive d’oxycotim, dans les shoots de vodka ou les verres de whisky, dans la danse et les hommes, comme si elle voulait se noyer, cesser de penser, se suicider.

Rae porte le prénom d’une grand-mère qui, jadis, réchappa à la Shoah, et, qu’elle le veuille ou pas, qu’elle s’en souvienne ou non, elle porte en elle « du sang de survivant ». Autour d’elle, dans la ville de Billings, en plein cœur du Montana, on croit souvent qu’elle s’appelle ainsi comme si elle était « rayon de soleil » et, d’une certaine façon, elle l’est.

Rae a conscience de porter un prénom hébreu, elle sait qu’elle est juive même si, jusque-là, jusqu’à cet âge des décisions, sa judaïté n’avait guère été qu’une idée.

Autour d’elle, dans cette ville jadis occupée par les amérindiens, là où reposent les ancêtres de Chrissy, on va peu à peu, insidieusement, rappeler à Rae sa judaïté, lui imposer de s’en préoccuper, de la questionner : que ce soit les agressions quotidiennes, les tracts néo-nazis dans les boites aux lettres, les remarques blessantes et mal venues, ou juste l’évocation de l’idée d’une Terre mère, d’un retour aux sources, d’une recherche des racines.

Chrissy, elle, se sent « chez elle », elle ne peut envisager pour rien au monde de quitter Billings ; Rae va faire le constat terrible qu’elle ne se sent pas justement « chez elle ».

On n’échappe pas à son passé, certes, et l’on n’échappe non plus au passé des siens, aux origines de sa famille, à l’Histoire. Et ce film est le récit de ce retour d’une jeune fille vers elle-même, vers son destin, vers la reconnaissance de l’univers et des autres.

We Burn Like This, d’Alana Waksman, sera présenté du 17 janvier au 2 février 2023 dans le cadre du festival Dia(s)porama, proposé par le département Art et Culture du FSJU :

Dans le cadre du partenariat entre Cultures-J et le FSJU, nous sommes heureux de vous informer que nos lecteurs bénéficient d’une remise de 15% sur l’ensemble des billets à l’unité et Pass Festival sur toute la programmation en ligne. Pour bénéficier de cette remise, insérez le code DiaspoFree2023@ au moment de votre règlement.

Partagez vos impressions

Cet article vous intéresse ? Laissez un commentaire.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.