Fin de Siècle et Belle Époque vous donnent rendez-vous au Musée de Montmartre…

Pour la toute première fois, l’impressionnante collection des américains David Weisman et Jacqueline Michel est présentée dans son intégralité au public. Près de deux-cents oeuvres, s’étalant de la Fin de Siècle à la Belle Époque, proposent aux visiteurs de se replonger dans la vie trépidante de l’un des quartiers les plus légendaires de Paris : Montmartre. 

Et quel cadre pouvait mieux se prêter à cette exceptionnelle collection que celui du magnifique Hôtel Demarne, Musée de Montmartre et atelier-appartement de Maurice Utrillo et de sa mère, Suzanne Valadon ?

Jadis pauvre, mal-famé et dangereux, Montmartre, annexé à Paris en 1860, a attiré nombre d’artistes à la fin du 19ème siècle. Des artistes en quête d’authenticité, de divertissements et avec pour ambition le désir de représenter la vie quotidienne et populaire de ses habitants à travers un esthétisme nouveau. En l’espace de quelques décennies, ils feront de ce quartier une sorte de bulle festive et artistique totalement marginale où, entre cabarets, cirques et cafés-concerts, l’absinthe et ses méfaits destructeurs coulera à flots… La collection Weisman-Michel rend parfaitement compte de cette période d’insouciance, et surtout d’intense créativité.

Dans les années 1890, Paris ne comptait pas moins de 350 cafés-concerts ou cabarets : le Mirliton, le Lapin Agile, le Trianon, le Moulin Rouge, les Trois Baudets…, tous prenant plus ou moins modèle sur le premier et le plus fameux d’entre eux : le Chat Noir, ouvert en décembre 1881 boulevard Rochechouart. Un lieu mythique que Théophile-Alexandre Steinlein contribuera à immortaliser en réalisant les célèbres affiches pour la Tournée du Chat Noir, auquel une salle entière est consacrée dans le parcours de l’exposition. Affiches, frises, enseigne et surtout Une paire d’amis, huile sur toile signée Adolphe Willette, accueillent le visiteur dès son entrée… Refusé en 1882 par le comité du Salon, Une paire d’amis sera alors accroché et présenté dans le cabaret, ouvrant ainsi la voie à un nouveau mode d’exposition et de potentielle notoriété pour des artistes en quête de reconnaissance. Adolphe Willette deviendra l’un des principaux artistes du Chat Noir, illustrera la revue du cabaret, et créera également le fameux chat assis sur un croissant de lune, dont une maquette de 1882 est présentée.

« Notre collection est le fruit de notre grande passion pour l’art de Montmartre. »

David E. Weisman et Jacqueline E. Michel.

Au même titre que Willette, des dizaines d’artistes fréquenteront ces cabarets, y présenteront leurs travaux ou illustreront leurs revues et programmes, contribuant à faire entrer Montmartre dans la légende de l’histoire de l’art : Henri-Gabriel Ibels, célèbre illustrateur de la Revue Blanche créée par les frères Nathanson, Pierre Bonnard, Jules Cheret et sa très belle série de lithographies de 1891 – La comédie, La musique, La pantomime et La danse -, Henri Rivière, Louis Legrand et la magnifique Elégante à l’éventail, Albert Guillaume et sa série Tristes et gaies, composée de 70 dessins au crayon et à l’aquarelle, sans oublier bien sûr le plus célèbre de tous, Henri de Toulouse-Lautrec, qui signera entre autre les affiches du Mirliton…

Mais si le cabaret, la fête et l’insouciance sont des thèmes récurrents dans les oeuvres de ces artistes, la femme et sa représentation ne le seront pas moins. Et la plus fameuse d’entre elle est sans conteste Suzanne Valadon, modèle de Puvis de Chavannes. Le choix de ce musée, où elle vécut et travailla, n’est pas innocent, et une partie entière est consacrée à l’artiste, qui occupe une place de première importance aux yeux des collectionneurs, qui possèdent pas moins de quatorze oeuvres de Suzanne Valadon, constituant ensemble très représentatif de sa vie et de sa carrière.

A l’instar de ses coreligionnaires, Suzanne Valadon puise son inspiration dans la vie montmartroise, les paysages, les portraits, le cirque – un thème qui lui est cher -, mais aussi dans le travail d’Edgar Degas qui la découvre, et l’incite à poursuivre dans la peinture. Deux nouvelles oeuvres, Nu assis sur un canapé, peint en 1916, et Jeune fille au bain, datant de 1919, ont récemment complété la déjà très complète collection Valadon du couple Wiesman-Michel.

« Suzanne Valadon a été une artiste talentueuse, indépendante, qui a joué un grand rôle en faveur de l’égalité des femmes dans le monde de l’art. »

David E. Weisman et Jacqueline E. Michel.

A l’heure où la grande exposition Henri de Toulouse-Lautrec, blockbuster assuré, bat son plein au Grand Palais, La collection Weisman-Michel. Fin de Siècle – Belle Époque, absolument superbe et moins courue que sa grande soeur des Champs-Elysées, se pose comme complément indispensable à la (re)découverte de la vie de la mythique « butte ».

Collection Weisman & Michel. Fin de Siècle – Belle époque (1880-1916), jusqu’au 19 janvier 2020 au Musée de Montmartre.

Si vous souhaitez aller plus loin :

Collection Weisman & Michel. Fin de siècle – Belle Époque (1880-1916), le catalogue de l’exposition, aux éditions Hazan. 224 pages. 24,95€.
La Belle Epoque, de Michel Winock, aux éditions Tempus. 448 pages. 9,00€.
Vivre la Belle Epoque à Paris, de Wilfried Zeisler, aux éditions Mare et Martin Arts. 250 pages. 37,00€.
Toulouse-Lautrec : Résolument moderne, aux éditions RMN. 354 pages. 45,00€.

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