« Le Paris de Dufy » au Musée de Montmartre : focus sur la Ville Lumière…

C’est fait ! Le Musée de Montmartre, dans le 18ème arrondissement, a achevé l’accrochage de sa nouvelle exposition « Le Paris de Dufy ». Une exposition qui désormais n’attends plus que… des visiteurs.

Bien que la capitale ait toujours été un sujet d’inspiration prépondérant dans l’œuvre de Raoul Dufy, jamais encore un musée n’y avait consacré une exposition. Eh bien c’est aujourd’hui chose faite. Et qu’un tel événement se déroule ici, au 12 de la rue Cortot, revêt une symbolique particulière. C’est en effet à cette adresse que vécut pendant quelques années Raoul Dufy, qui y partageait un studio/logement avec Othon Friesz, un autre artiste havrais.

Le Paris de Dufy s’articule autour d’une dizaine de grandes thématiques permettant aux visiteurs de se (re)plonger dans une ville à laquelle Dufy s’intéressa très tôt. Si les quelque deux cents œuvres exposées brossent une période s’étalant de la fin du 19ème siècle jusqu’à 1953, c’est réellement à partir des années 20 et 30 que cette source d’inspiration va atteindre son apogée. Et plus particulièrement en 1922 lorsque, par l’intermédiaire Jean Ajalbert, directeur de la Manufacture de Beauvais, il reçoit une commande officielle qui va l’occuper durant une décennie durant : le Salon de Paris.

Renouvelant l’art ancestral (et un peu poussiéreux) de la tapisserie, il va alors réaliser un impressionnant ensemble composé de quatre chaises, deux fauteuils, deux bergères et un canapé flanqués de lieux emblématiques tels que les Invalides, le Moulin de la Galette, Notre-Dame, les Tuileries…

Dix ans plus tard, ce sera un paravent qui fera l’objet d’une seconde commande de la Manufacture. Si le Salon de Paris avait donné lieu à une création picturale particulière, ce ne sera en revanche pas le cas cette fois-ci. Ce Paris à vol d’oiseau, qui orne les quatre vantaux, avait en effet déjà été utilisé en 1925, lorsque le célèbre couturier Paul Poiret avait fait appel à Raoul Dufy pour la création d’une tenture. Certes, Dufy ne semble pas avoir accordé un grand intérêt à l’exactitude topographique, ni au fait que ce sujet du « panorama » était déjà daté, mais qu’importe. Le résultat est sublime !

Je suis allé ce matin chez Groult, qui m’a montré les quatre feuilles de mon paravent “Paris” terminées. Je veux vous dire tout de suite ma joie complète devant la réussite de notre entreprise… A travers mes esquisses plates et maladroites de métier, c’est cette belle matière de la tapisserie que je visais.

Lettre de Dufy à Jean Ajalbert.

Après quelques nus réalisés entre 1930 et 1944 dans son atelier de la rue Guelma, des toiles faisant références à la musique — Dufy est issu d’une famille de musiciens —, des jardins et des paysages auxquels il apporte un soin particulier, une salle est consacrée à La Fée Électricité. Comment faire autrement, tant le nom de Dufy est attaché à cette œuvre, aujourd’hui encore la plus grande peinture du monde. Si la fresque de 1937, commandée dans le cadre de l’Exposition Universelle et aujourd’hui conservée au Musée d’Art Moderne, n’a pu être installée au Musée de Montmartre — est-il d’ailleurs nécessaire de le préciser ? —, la série complète de dix lithographies qui en est tirée est quant à elle exposée. Commandé en 1951 par Gabriel Dessus, responsable commercial d’EDF, et édité à seulement 350 exemplaires par Pierre Bérès, ce projet de plus de six mètres carrés est ici exposé pour la première fois dans son intégralité.

Réalisée avec des partenariats exceptionnels — Centre Pompidou, Musée Galliera, Mobilier National, Manufactures des Gobelins et de Beauvais… —, Le Paris de Dufy présente donc des huiles sur toiles et du mobilier, mais aussi des dessins, aquarelles, lithographies, céramiques… au fil d’un parcours thématique s’intéressant aussi bien au Paris géographique qu’au Paris social et artistique.

A découvrir dès le 19 mai, jour de réouverture des lieux de culture en France.

Le Paris de Dufy, au Musée de Montmartre jusqu’au 2 janvier 2022.

Si vous désirez aller plus loin :

Le Paris de Dufy, le catalogue de l’exposition, aux éditions In Fine. 176 pages. 19,95€.
Raoul Dufy, la modernité en mouvement, de Jean-Claude le Gouic, aux éditions de La Différence. 189 pages. 20,30€.
Raoul Dufy, la mode des Années Folles. Une collection particulière, ouvrage collectif aux éditions Lienart. 78 pages. 16,00€.
Dufy, le bonheur de vivre, ouvrage collectif aux éditions Snoeck. 220 pages. 35,00€.

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