Tandis que sortira mercredi prochain en salle La conférence, le film du réalisateur allemand Matti Geschonneck, le 11 avril 1961 s’ouvrait à Jérusalem le procès le plus médiatique de l’Histoire : celui de l’ancien nazi Adolf Eichmann.
Né en 1906, Adolf Eichmann rejoint la SS en 1932, puis est envoyé à Vienne lors de l’Anschluss, en mars 1938. Dans la capitale autrichienne, il prend la responsabilité des affaires juives, et ses bureaux sont installés dans le palais de Louis von Rothschild, sur la Heugasse, confisqué avec tous ses biens dès l’entrée des allemands dans le pays.
Le 20 janvier 1942 se tient à la Villa Wannsee la conférence au cours de laquelle est actée la Solution Finale. Adolf Eichmann est alors chargé du compte rendu, qui sera édité à quinze exemplaires. Un seul est parvenu jusqu’à nous. A l’issue de la conférence de Wannsee, il a la responsabilité d’organiser tous les convois vers les camps d’extermination de Pologne ; en 1944 il sera également « aux commandes » de la déportation des 450.000 juifs de Hongrie.
Adolf Eichmann se cache de la fin de la guerre jusqu’au milieu de l’année 1948 ; avec l’aide du Vatican il obtient de faux papiers d’identité, et deux ans plus tard, toujours grâce au Vatican, un passeport diplomatique de la Croix-Rouge ainsi qu’un visa argentin lui permettant de quitter l’Europe.
Le 11 mai 1960, il est enlevé en pleine rue à Buenos Aires par des agents du Mossad, et le 23 mai, David ben Gourion, Premier ministre d’Israël, annonce la capture d’Adolf Eichmann devant la Knesset, et son rapatriement dans l’État hébreu pour le juger. Son procès s’ouvre le 11 avril 1961 devant les caméras du monde entier. Adolf Eichmann comparaît pour quinze chefs d’inculpation, dont « crime contre le Peuple juif » et « crime contre l’humanité ».
Au cours de sa détention dans la prison de Ramla, non loin de Tel Aviv, on porta une grande attention quant au choix des gardiens chargés de le surveiller : aucun d’eux ne devait être un ancien déporté ou enfant de déporté, aucun ashkénaze n’est autorisé à l’approcher, et ses repas arrivaient en coffres scellés pour éviter toute tentative d’empoisonnement.
Déclaré coupable pour chacun des chefs d’inculpation, Adolf Eichmann est condamné à mort le 11 décembre 1961 et exécuté par pendaison le 31 mai 1962. Il est le seul condamné à mort de l’histoire de l’État d’Israël.
Ses cendres sont dispersées en Méditerranée, au-delà des eaux territoriales israéliennes.
Si vous désirez aller plus loin :
La filière, de Philippe Sands, aux éditions Livre de Poche. 672 pages. 9,90€.
La traque des criminels nazis, de Serge Klarsfeld, aux éditions Tallandier. 416 pages. 11,00€.
Eichmann à Jérusalem, de Hannah Arendt, aux éditions Folio Histoire. 484 pages. 12,20€.
Adolf Eichmann : comment un homme ordinaire devient un meurtrier de masse, de David Cesarani, aux éditions Tallandier. 560 pages. 12,50€.
Le procès de Jérusalem, de Léon Poliakov, aux éditions Calmann Lévy. 414 pages. 28,90€.
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