« Amy », le bouleversant documentaire d’Asif Kapadia sur la reine de la pop

Présenté à Cannes hors compétition, ce documentaire très attendu revient sur le parcours tragique de « la petite juive gouailleuse du nord de Londres » : Amy Winehouse.

Amy connut une adolescence compliquée suite à l’absence de son père et du manque d’autorité. Elle se réfugie dans l’écriture de poèmes pour se libérer, tel un exutoire, et fait ses premiers pas à seize ans dans la musique, au sein du groupe Nyjo.

En 2003, elle publie son premier album, Frank, qui rencontre un vrai succès. Sa voix « old school » rappelle celle d’Ella Fitzgerald, sa musique est un mélange de styles dans la veine du son « motown » comme le jazz, le blues ou encore la soul.

Sa voix, son franc-parler, sa spontanéité, son look – notamment sa coiffure -, ses tatouages et son eye-liner font d’Amy une nouvelle star très vite remarquée.

Elle s’installe à Camden, dans le quartier Nord de Londres, et fait la connaissance de Blake Fielder, un badboy toxicomane réalisateur de clips, dont elle tombe éperdument amoureuse. « J’aurais donné ma vie pour lui » déclare-t-elle. les deux amants vont vivre ensemble une relation orageuse et extrême, et leur rupture sera pour Amy un coup dur ; elle devient dépressive et vulnérable, et sombre dans la drogue. Elle suivra plusieurs cures de désintoxication.

Cependant, sa séparation d’avec Blake l’inspirera pour son second album : « Je vais retrouver mes démons. Nous ne nous sommes dit au revoir qu’avec des mots. Je suis morte une centaine de fois » (extrait de Back to black).

L’album Back to black sort en 2006, avec le premier single Rehab (« Désintox' »). Le succès est immédiat, propulsé N°1 des ventes dans plusieurs pays. L’année suivante, son talent est récompensé par trois Grammy Awards : Meilleure nouvelle artiste, Album de l’année et Chanson de l’année pour Rehab, ainsi que le Brit Award de la Meilleure artiste féminine britannique.

« Je ne peux raconter que des histoires vécues. J’écris ce qui me touche vraiment. »

Amy Winehouse.

Ce talent si salvateur pour elle finit cependant par être la cause même de sa chute. Amy n’a jamais souhaité la gloire, ou devenir star. « Si je me prendrais pour une célébrité je me tuerai. Ça me ferait peur ». Amy Winehouse, une artiste torturée, devenue star malgré elle.

Mais le succès médiatique et le retour de Blake dans sa vie vont enclencher sa descente aux enfers. Ses moindres faits et gestes sont traqués par les paparazzis, la presse s’acharne, juge à la hâte ses faiblesses. L’alcool devient le substitut à la drogue… Sa tournée est alors compromise. Le désastre de son concert à Belgrade du 18 Juin 2011, marque « le début de la fin » de sa brève carrière.

Elle est retrouvée à son domicile londonien inerte, sur son lit, le 23 juillet de la même année.

Asif Kapadia, surtout connu pour la réalisation de courts-métrages, de films publicitaires et de reportages pour la télévision anglaise, nous offre un documentaire musical sur Amy Winehouse passionnant du début à la fin.

Deux ans ont été nécessaires au réalisateur britannique pour que les proches de la star et sa famille acceptent d’apporter leur témoignage. Une centaine d’entretiens ont été réalisés pour donner à ce film son authenticité. La voix off des témoignages, les extraits vidéo et audio inédits ou privés donnent une sincérité et une émotion incontestables au film.

On peut aussi ressentir un certain malaise car on y voit un entourage entier se lamenter de n’avoir rien fait – ou presque – pour la sauver ; et on entend Amy prononcer ses propres mots : « J’ai besoin qu’on me dise non« . Ce besoin d’autorité qui lui a fait tant défaut.

Elle rejoint d’autres figures de la musique disparues à l’âge de 27 ans comme Jim Morrison, Jimi Hendrix, intégrant ainsi ce que l’on nomme le « Club des 27 ».

Un bel hommage à une chanteuse de jazz incontestablement talentueuse, et disparue bien trop tôt. A voir absolument !

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