Le musée du Luxembourg présente jusqu’au 21 juillet une exposition sur Marc Chagall. Dès le premier jour, il y a foule. Et pour cause : Chagall ! Ses couleurs, ses personnages volants, ses poissons à tête d’oiseau, ses mariés… Chagall, ce géant, ce poète, cet amoureux, ce génie.
L’exposition a été pensée de manière chronologique, respectant l’évolution artistique et intime du peintre, au plus proche de ses émotions, de ses impressions. De Paris où il arrive en 1911 à New-York et où il se réfugie durant la Seconde Guerre mondiale, en passant par Vitebsk où il assiste impuissant et horrifié à la Première Guerre mondiale et Berlin où il se familiarise avec la gravure, enfin à Vence où il s’installe en 1949, fasciné par la lumière méditerranéenne, nous assistons à une débauche de beauté, de couleurs et d’émotions. Rarement une œuvre picturale n’aura été aussi proche des soubresauts de l’Histoire tourmentée du 20ème siècle, et des angoisses et interrogations de son créateur.
A Paris, Chagall s’ouvre aux grands mouvements de l’art moderne, le fauvisme, le cubisme ; on retrouve également dans les tableaux de cette période l’influence de Van Gogh. A Vitebsk, sa ville natale où il se retrouve coincé en 1914 par l’embrasement de la Première Guerre mondiale, il épouse Bella Rosenfeld, peint leur relation fusionnelle, les soldats qu’il voit passer, sa ville et les figures de Juifs qu’il y croise. Les grands thèmes de sa peinture semblent éclore à cette époque : l’amour total, salvateur, élévateur, qu’il éprouve pour sa femme, muse et modèle, le judaïsme, la guerre.
L’entre-deux-guerres, vécue à Paris, voit sa peinture s’orienter vers le rêve et la veine fabuleuse, avec l’apparition des personnages volants, des paysages inversés. Cette vision onirique permet à Chagall de mieux exprimer son moi profond.
En 1931 il découvre la Palestine. C’est un choc, une révélation, l’occasion d’un retour à ses sources juives, au texte biblique qu’il peindra par la suite de nombreuses fois.
Exilé à New-York de 1941 à 1948, il échappe à la catastrophe qui frappa les Juifs d’Europe, mais n’en reste pas moins concerné et anéanti par les nouvelles en provenance du vieux continent. Il peint l’assassinat des Juifs, représentés par un homme crucifié. Sa bien-aimée Bella meurt en 1944. Un temps prostré, il retourne à la peinture pour peindre cet amour perdu en autant de tableaux rendant un hommage vibrant et poétique à sa défunte épouse.
La dernière salle expose les tableaux réalisés à son retour à Paris, puis à Vence. Du début à la fin, c’est un enchantement, un pur régal visuel, une plongée au cœur de plus de cinquante ans de création et de recherche picturale ininterrompues, abreuvées aux sources de l’humain, de l’amour, de la guerre, de la Bible. Difficile de s’arracher à tant de beauté et de génie réunis en un même lieu.
Dépêchez-vous de réserver vos places ! Toutes ces merveilles ne seront visibles que jusqu’au 21 juillet.
Chagall, entre guerre et paix, actuellement au Musée du Luxembourg.
Si vous désirez aller plus loin :
Chagall : entre guerre et paix, le catalogue de l’exposition.
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