« D.ieu(x), modes d’emploi » : l’exposition œcuménique du Petit Palais

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A la faveur de la mondialisation et de l’immigration, la religion semble de plus en plus présente dans nos villes et au sein de nos sociétés, qu’elles soient laïques ou non. Venues avec leurs croyances et leurs traditions, les différentes communautés des principales mégapoles et capitales mondiales se comptent en effet par dizaines.

Sans prendre position – on n’en attend pas moins d’un établissement culturel, l’exposition D.ieu(x), modes d’emploi, actuellement présentée au Petit Palais, entend offrir aux visiteurs, qu’ils soient croyants ou non, un aperçu le plus exhaustif possible des différentes religions du monde. A cette fin, l’histoire des peuples et la théologie a plus largement cédé la place aux coutumes et aux divers rites quotidiens, représentés par une multitude d’objets prêtés pour l’occasion par les plus grands musées du monde.

Dès l’entrée, le visiteur est accueilli par la stèle cananéenne de Tel Hazor, portant le nom de la ville de Haute-Galilée où elle fut découverte, et aujourd’hui conservée au Musée d’Israël à Jérusalem. Puis il est invité à déambuler dans une vaste salle autour d’un impressionnant nombre de stèles, statues, peintures, masques, toutes exposées à hauteur identique afin de ne pas élever une croyance plus haut qu’une autre. Une tablette de cérémonie taoïste en jade voisine avec une superbe ‘hanoukkia d’argent et une aquarelle et gouache de Marc Chagall, Moïse recevant les tables de la Loi, des représentations de Shiva ou de Vishnu précèdent une Sainte Véronique en grès, tenant dans ses mains le linge imprégné des traits du Christ, un masque bolivien de Lucifer tutoie l’imposante installation de l’artiste algérien Rachid Koraïchi, Tu manques même à mon nom, où de très belles calligraphies se projettent en jeux d’ombres.

Le magnifique tryptique de bronze La vie du Christ, ultime œuvre signée du génie du « street art » Keith Haring, une coiffe ou un masque brésilien, un drapeau vaudou, un épouvantail vietnamien, un Bouddha doré du Tibet, une statuette Dogon, un rideau d’Arche sainte de la synagogue de Metz, une stèle bleue d’Iran ou encore un grès jaïniste ne sont que quelques autres pièces parmi tant d’autres.

Consacrée à la transmission, une section propose quantité de livres de catéchisme en français, anglais, hébreu ou russe ayant pour but de faire connaitre aux plus jeunes la parole divine, tandis que des installations numériques proposent repères historiques et géographiques, présentent les intercesseurs charismatiques – Jean-Paul II, le Dalaï-Lama, le rabbi de Loubavitch, etc., expliquent les grandes fêtes religieuses que sont Noël, Kippour, l’Aïd ou encore le Navaratri entre autres, ou encore apportent des précisions sur les épisodes bibliques les plus emblématiques – le sacrifice d’Isaac par exemple, et comment celui-ci, que se partagent les  trois religions monothéistes, a été utilisé et représenté dans chacune d’elles.

L’ultime partie de cette très belle exposition s’achève sur un tableau de Nicolas Poussin, Destruction et sac du Temple de Jérusalem, tableau dissimulant en fait une longue allée où se succèdent, à l’inverse de l’œuvre de Poussin, une dizaine de lieux de culte actuellement en construction partout en Europe, et enrichis de maquettes afin de les faire découvrir aux visiteurs. La maison Ozanam de Paris, le centre Islamique et la synagogue Ohel Jacob en Allemagne, le Temple Martin Luther en Autriche n’en sont que quelques exemples.

Enfin, une installation audiovisuelle où des hommes et des femmes de toutes origines, croyants ou non, expliquent comment ils s’imaginent l’au-delà guidera les pas du visiteur jusqu’à la sortie de cette exceptionnelle exposition dans laquelle toutes les fois et toutes les croyances se côtoient, à mille lieues des conflits qu’elles peuvent malheureusement engendrer.

Au total, ce sont plus de 160 œuvres qui sont ici présentées, provenant du Musée Branly, du musée Guimet, du British Museum, du musée Cernushi, de la collection de la cathédrale de Chartres, du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme de Paris, du musée de Cluny, de la cathédrale Notre-Dame d’Anvers, du Victoria & Albert museum, du Louvre ou encore du Musée d’Israël…

D.ieu(x), modes d’emploi, du 25 octobre 2012 au 3 février 2013au Petit Palais.

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