Puisqu’à son âge d’or, Marrakech compta jusqu’à 35.000 Juifs et une trentaine de synagogues – dont seules deux subsistent encore dans l’enceinte de la médina, la synagogue Al Azama et la synagogue Joseph Bitton, avec ses superbes façades Art Déco -, on ne sera donc pas surpris de trouver ici, en-dehors des murailles et mitoyen du cimetière musulman, le plus grand cimetière juif du Maroc.
Fondé en 1537, comme en atteste le fronton de son entrée, il s’étend sur environ 50.000m², cerné sur son pourtour de hautes murailles orangées, couleur emblématique de la ville.
Sitôt passé l’entrée et les superbes tombeaux bleus des Cohanim, on débute la visite, qui s’effectue en sens inverse des aiguilles d’une montre, en commençant chronologiquement par la partie la plus ancienne, où se trouvaient jadis les tombes des exilés d’Andalousie, malheureusement aujourd’hui disparues. Et avec elles le témoignage de plusieurs siècles d’histoire…
Viennent ensuite les premières sépultures, en grande partie restaurées. De formes triangulaires ou arrondies, rendues anonymes par les ravages du temps, leur fabrication faite de briques et de mortier est d’une facture typiquement andalouse, un style funéraire que l’on retrouve entre autre au musée Juif de Tolède, au sud de Madrid.
Un peu plus loin, d’autres divisions accueillent les tombes de Justes ou d’érudits, mais aussi d’enfants, dont plus de 7.000 mourront du typhus.
Puis vient enfin la partie la plus actuelle, où se dressent fièrement de nombreux et imposants mausolées, dont le plus emblématique, édifié dans le plus pur style arabo-andalou, est sans nul doute celui dédié à Henri Kadosh, ancien président de la communauté Juive de Marrakech.
Si d’importants travaux ont déjà été entrepris pour réhabiliter le cimetière, émouvant témoignage de la grandeur juive de Marrakech, la tâche à accomplir n’en demeure pas moins colossale.
Que ce soit au hasard des allées du cimetière ou dans le dédale de ruelles du mellah, où s’alignent et s’imbriquent des centaines de maisons aux façades souvent aveugles derrière lesquelles pouvaient vivre jusqu’à soixante personnes, on ne peut que songer à ces milliers d’exilés qui ont, par leur présence, leur travail et leur savoir-faire, contribué à la grandeur et au rayonnement de la ville, et du pays.
Émotion et nostalgie d’un âge d’or aujourd’hui révolu…
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