« Hallelujah » : l’hymne universelle de Léonard Cohen pour la paix…

Ceci n’est que l’histoire d’un homme, l’histoire d’une chanson, l’histoire d’un mot. Peu de chose au final ?

Oui mais un homme, pour peu qu’il soit un artiste, peut porter en lui les chagrins et les espoirs de l’Humanité toute entière.

Oui mais une chanson, pour peu qu’elle ait été bien composée, bien pensée, bien tournée, peut résumer une époque et dire l’essentiel de l’existence.

Oui mais un mot, surtout dans la tradition juive, peut faire naître un univers.

L’homme, c’est Léonard Cohen. La chanson, c’est l’une de ses plus fameuses. Le mot, c’est Hallelujah, bien plus qu’un mot : « Il y a un Alléluia religieux, mais il y en a beaucoup d’autres. Quand on regarde le monde, il n’y a qu’une seule chose à dire, et c’est Alléluia. Il en est ainsi. » (Léonard Cohen).

Léonard Cohen, « troubadour des temps modernes » ainsi que beaucoup l’ont surnommé, est né dans une famille juive et relativement aisée de Montréal, et il ne vient à la chanson que sur le tard, et quelque peu par hasard car cet art ne l’intéressait pas plus que la poésie ou le roman. Tout aussi bien, Léonard Cohen aurait pu devenir moine bouddhiste, ou autre chose encore.

Il a trente-trois ans quand il sort son premier disque parce que Judy Collins, rencontrée par hasard, l’a persuadée qu’il écrivait bien et interprète d’ailleurs Suzanne.

Il a la quarantaine lorsqu’il ose la scène, lui le timide, l’anxieux, l’introverti : mais n’est-ce pas l’âge où l’on peut commencer l’étude de la kabbale, dans la tradition hébraïque ?

Depuis tout jeune, Léonard Cohen est, d’abord et surtout, dans une quête spirituelle qui est une quête de lui-même. Sans jamais renier sa judaïté, il la vit de façon personnelle : c’est ainsi qu’il voulait changer son nom pour s’appeler September Cohen. Septembre, le mois des prières et des fêtes, le mois de Roch Hachana et de Yom Kippour. Pour autant, il ne prie pas et ne va pas à la synagogue.

Tout l’esprit de l’homme Léonard Cohen est contenu dans une anecdote émouvante : il perd son père quand il a neuf ans, alors il se décide d’écrire une lettre à celui-ci. Dans un tiroir, il s’empare de l’une des cravates du père qu’il découpe à l’aide de ciseaux, et, dans l’ouverture pratiquée, il glisse sa lettre. Puis il va creuser un trou dans le jardin et il enterre la cravate. Tout est dit : la douleur, atroce, profonde, définitive, et la résolution de la douleur, par l’écriture ; la transfiguration du chagrin en objet d’écriture. Tel est Léonard Cohen, tel est son incontestable talent de parler à tous : quelque chose d’un psychanalyste idéal, celui qui parlerait de lui en nous parlant de nous…

Mais l’histoire de la chanson, Hallelujah, n’est pas que l’histoire de son auteur. Même si la chanson de Léonard Cohen bouleverse le grand Bob Dylan lui-même – qui, d’ailleurs, la reprendra parfois sur scène -, le succès demeure cantonné à quelques poignées d’intellectuels jusqu’à ce qu’un ange inattendu aux allures de James, Dean féru de guitare électrique, ne décide de s’en emparer : Jeff Buckley.

L’ange est vraiment un ange : son passage sur Terre reste des plus brefs. C’est ainsi que se bâtissent les légendes, c’est ainsi que naissent les mythes.

Hallelujah est reprise par les plus grands, dans le monde entier, et devient un hymne à la fraternité, à l’ouverture d’esprit, à la tolérance, à l’antiracisme, à l’achèvement des conflits… Elle figure même sur la bande originale d’un dessin animé devenu culte : Shrek !

A partir de là, Léonard Cohen, l’auteur de la chanson, atteint le statut de Dieu vivant.

La chanson, il l’a portée en lui durant sept années (sept ans : le chiffre serait-il tout à fait un hasard ?) avant de l’offrir au public. Et encore, il en a modifié une partie du texte par la suite. Car Hallelujah, à l’image de son auteur, comporte un aspect sacré et un aspect profane, une dimension terriblement spirituelle et une autre torride et obscène. Parler du roi David ne suffisait pas à Cohen, il fallait qu’il parle aussi de sa compagne de l’époque. Donc il a changé certains vers.

Hallelujah est à l’image de son auteur qui cherche Dieu à travers les femmes : l’athée spirituel, lui qui dit ne pas croire en Dieu mais continuer à s’adresser à lui en secret.

Hallelujah est bien plus qu’un mot, c’est un symbole : celui d’une possible fraternité humaine, celui d’une réconciliation des religions et des façons de vivre sa religion. Hallelujah est le message d’espoir, œcuménique, pacifique et humaniste, que nous a légué l’un des plus grands « songwriter » de l’histoire. Un certain Léonard Cohen…

Hallelujah. Les mots de Leonard Cohen, de Daniel Geller et Dayna Goldfine. En salle le 12 octobre.

Si vous désirez aller plus loin :

Livre de la Miséricorde, de Leonard Cohen, aux éditions Points. 144 pages. 8,20€.
Leonard Cohen par lui-même, de Jean-Dominique Brierre et Jacques Vassal, aux éditions du Cherche Midi. 416 pages. 18,00€.
The Flame. Poèmes, notes et dessins, de Leonard Cohen, aux éditions Seuil. 360 pages. 25,00€.

Et pour la jeunesse :

Leonard Cohen, sur un fil, de Philippe Girard, aux éditions Casterman. 120 pages. 20,00€.

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