« Hester Street », de Joan Micklin Silver : du Yiddishland au Lower East Side

1896, Lower East Side, New York. Arrivé aux Etats-Unis depuis quelques temps, Jake « Yankel » Podovnik est parfaitement intégré à la société américaine, et a laissé sur le vieux continent les traditions séculaires du shtetl.

Il ne porte plus ni barbe ni payess, ne se plonge plus chaque jour dans l’étude, et a troqué le yiddish au profit de l’anglais.

Séduisant et coureur de jupons, Jake est également inscrit à une académie de danse où il se rend régulièrement avec sa partenaire, Mamie Fein. Le temps aidant, Jake et Mamie deviennent amants et envisagent d’emménager ensemble.

Par un heureux coup du hasard, Jake parvient à récupérer un appartement qui vient de se libérer, entièrement meublé. Ne reste plus qu’à… payer.

Ses économies étant insuffisantes, il demande à Mamie de lui prêter vingt-cinq dollars afin d’acheter les meubles. La jeune et belle polonaise accepte, la contrepartie étant les fiançailles, puis le mariage. Peu enthousiaste, Jake fait contre mauvaise fortune bon cœur et accepte l’accord.

Tout pourrait donc aller pour le mieux ou presque pour ces deux jeunes tourtereaux, jusqu’au moment où débarquent de leur shtetl de Russie Gitl et Yosselle, la femme et le fils de Jake. 

Parfaitement adapté à la vie et à la culture américaines, Jake va désormais devoir composer avec un fils et une épouse qui ne comprennent pas la langue, et demeurent profondément attachés à leurs traditions. Sans parler de Mamie Fein, qui découvre la seconde vie de Jake au hasard d’une visite impromptue.

Basé sur le livre Yekl: A Tale of the New York Ghetto, d’Abraham Cahan, publié en 1896, l’histoire est portée à l’écran près d’un siècle plus tard sous le titre Hester Street par la réalisatrice américaine Joan Micklin Silver.

Largement porté par des protagonistes féminines — Mamie Fein, Gitl Podovnik, Mrs Kavarsky… —, Hester Street, tourné en noir et blanc, pointe le rôle essentiel de la femme au sein de des communautés juives d’Europe de l’Est, tout en évoquant les difficultés d’intégration des nouveaux arrivants. Si tout ici coule à flots et que les soldats du tsar ne sont plus une menace, la barrière de la langue et la « reconversion » forcée sont autant d’épreuves à surmonter dans ce monde qui ne semble pas être le leur.

Affiche originale du film Hester Street lors de sa sortie en salle en 1975.

Carole Kane, interprétant Gitl Podovnik, avait été nominée aux Academy Awards en 1976 dans la catégorie Meilleure actrice.

Hester Street ressortira en version 4K restaurée le mercredi 13 septembre.

Hester Street, de Joan Micklin Silver.

Si vous désirez aller plus loin :

Landmark of the spirit : The Eldridge Street synagogue, d’Annie Polland, aux éditions Yale University (en anglais). 192 pages.
Beyond the facad e: A synagogue, a restoration, a legacy, collectif, aux éditions Scala. En anglais. 176 pages. 23,28€.
Lower East Side, d’Eric Ferrara et David Bellel, aux éditions Arcadia. En anglais. 95 pages. 20,37€.
Lower East Side memories – A Jewish place in America, de Hasia R. Diner, aux éditions Princeton University. En anglais. 240 pages. 28,93€.
The Messiah of the Lower East Side, de Laurence Schwartz, aux éditions CreateSpace Indep. En anglais. 234 pages. 9,79€.
Un monde vacillant, de Cynthia Ozick, aux éditions Points. 440 pages. 8,10€.
Yiddish Connection, de Rich Cohen, aux éditions Folio. 475 pages. 9,20€.
Les premiers Juifs d’Amérique (1760-1860) : L’extraordinaire histoire de la famille Hart, de Denis Vaugeois, aux éditions Presse Universitaire de la Sorbonne. 376 pages. 24,00€.
Les Juifs américains, d’André Kaspi, aux éditions Points. 313 pages. 9,10€.
Histoire des Américains Juifs : De la marge à l’influence, de Françoise Ouzan, aux éditions André Versaille. 260 pages. 20,20€.
Les Juifs américains et Israël, d’Annie Ousset-Krief, aux éditions L’Harmattan. 214 pages. 21,00€.

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