C’est « l’histoire d’un type qui s’élève dans le lit chaud laissé par deux amants » (résumé du film fait par Billy Wilder). Dès l’ouverture du rideau, le décor est posé, nous sommes à New York : les gratte-ciel, l’emblématique flèche du Chrysler Building, le pont de Brooklyn…
M. Baxter, petit employé crédule, travaille au 19ème étage d’un important cabinet d’assurances dirigé par M. Sheldrake. S’il exécute son travail de manière consciencieuse afin de gravir les échelons – et du même coup les étages -, il semblerait que sa potentielle évolution soit conditionnée à un détail : son appartement de la 67ème rue. Un appartement qui voit en réalité défiler bien plus de monde qu’une chambre d’hôtel. Et pour cause…
Très régulièrement, et contre une promotion qui semble ne jamais arriver, M. Baxter le « prête » à ses collègues de bureau afin qu’ils puissent y accueillir discrètement leurs maîtresses et autres conquêtes féminines. En parfait organisateur, il tient un agenda de ses éphémères « locations », échafaude toutes sortes de plans pour éviter que les principaux intéressés ne se croisent, et se fait même mettre purement et simplement à la porte de chez lui s’il n’a pas libéré son appartement à temps…
Toute cette stratégie semble bien rodée, jusqu’au jour où M. Sheldrake le convoque dans son bureau. C’est que même au 27ème étage, on a connaissance de cet appartement de la 67ème rue. Aussi, en tant que directeur général, il ne voit pas pour quelles raisons il ne pourrait pas lui aussi en profiter. Et de manière exclusive, avec la clé en prime.
Comme nombre de ses employés, M. Sheldrake a lui aussi une aventure extra-conjugale, avec Mademoiselle Novak, la liftière de l’immeuble. Cette même Mademoiselle Novak de laquelle Baxter est secrètement épris.
Certains profitent, d’autres se font avoir… Entre amour et carrière, Baxter va devoir choisir.
En 1960, dans un article du New York Times, Billy Wilder raconte qu’à l’origine, il avait conçu l’histoire de The apartment pour le théâtre, mais qu’en raison de la difficulté de monter sur scène des décors imposants, I.A.L. Diamond et lui en ont fait un film. En avril 1961, à la 33ème cérémonie des Oscar, The apartment sera nominé à dix reprises, et raflera cinq statuettes : Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario original, Meilleure direction artistique, et enfin Meilleur montage.
Onze comédiens sur scène, une adaptation très fidèle au long-métrage de 1960, une succession de décors amovibles – cages d’ascenseur, bureaux, paliers d’immeubles, club de chinatown, berges de l’East River… -, autant dire que ceux qui ont aimé le film retrouveront sur la scène du théâtre de Paris tout le charme et l’atmosphère new-yorkaise de ce chef-d’oeuvre, jusqu’à en oublier par moments qu’ils sont dans une salle de théâtre, et non pas devant leur petit écran.
Pour incarner les mythiques rôles jadis portés par Shirley MacLaine et Jack Lemmon, un duo Claire Keim – Guillaume de Tonquédec qui fonctionne parfaitement, et campe avec brio son personnage de brave petit employé gauche et timide pour l’un, et de délicieuse liftière qui, finalement, se rend compte qu’elle n’est qu’une conquête de plus pour l’autre…
Malgré quelques longueurs et des rebondissements attendus, cette adaptation est une belle réussite qui aurait certainement séduit ses auteurs.
La garçonnière, actuellement au Théâtre de Paris.
Si vous désirez aller plus loin :
La garçonnière, de Billy Wilder. DVD. 120 minutes.
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