« Le choix du pianiste », une ode à la musique en pleine Occupation

Paris, 1925. Entrepreneur fortuné, monsieur Touraine habite dans un hôtel particulier à Neuilly-sur-Seine. Tandis que son épouse dirige la maison et élève leurs deux enfants, Thérèse et François, en pleines “Années folles” monsieur Touraine décide d’importer en France une boisson jusque-là inconnue et qui, à n’en pas douter, surpassera le Champagne en notoriété : le whisky américain.

A l’occasion d’une soirée, Monsieur Touraine engage Rachel pour jouer du piano et distraire ses invités. Quelques notes suffisent pour que le jeune François tombe amoureux de cet instrument aussi imposant qu’envoûtant. Mais si Madame Touraine est favorable à ce que Rachel dispense des leçons de piano à ses enfants, ce n’est en revanche pas le cas de son mari qui a d’autres ambitions pour son fils unique : la reprise de l’entreprise familiale. Avec la complicité de sa mère et de sa professeure de piano, François va bientôt devenir un virtuose dans l’interprétation du répertoire de Chopin.

Alors que semblaient apparaître les prémices d’une vocation, la crise économique de 1929 atteint l’Europe et emporte dans son sillon l’entreprise Touraine, ruinée. Par la force des choses la famille se sépare. Rachel accueille François dans sa minuscule chambre de bonne tout en continuant à lui dispenser des leçons de piano, son talent ne semblant pas avoir de limite. Le jeune garçon étant devenu jeune homme, au sein de cet espace confiné une idylle ne tarde pas à naître entre le professeur et l’élève, malgré leur différence d’âge.

En ce début des années 30, avec les premières récompenses se profilent également les heures sombres. Et si la mère de Rachel décide de quitter Paris pour la Palestine, la jeune femme décide quant à elle de rester à Paris.

“Les musiciens juifs pendant la Seconde Guerre mondiale ont fait face à des défis extraordinaires en raison des politiques antisémites des nazis et des régimes alliés à l’Axe.Les persécutions ont touché la communauté musicale juive de différentes manières, mais de nombreux musiciens ont continué à jouer un rôle significatif malgré les difficultés. Beaucoup de musiciens juifs ont été contraints de quitter leur pays d’origine pour échapper aux persécutions. Certains ont été exclus de l’orchestre de l’Opéra d’État de Berlin.”

Jacques Otmezguine, réalisateur.

Acquérant une notoriété grandissante, François est invité à donner une série de concerts à la Philharmonie de Berlin. Ce séjour sera un choc ! Confronté à l’antisémitisme et au boycott des magasins juifs, il assiste au renvoi du tout dernier musicien juif de la Philharmonie. Les autorités allemandes s’étaient assuré qu’il ne prendrait pas la place d’un allemand, mais prendre celle d’un juif ne pose en revanche aucun problème. Bien au contraire !

“Pendant la Seconde Guerre mondiale, la musique a été profondément affectée par l’occupation allemande et les circonstances de l’époque. La vie culturelle, en France notamment, a été soumise à un certain nombre de restrictions et de censures imposées par les autorités allemandes […] La musique de cette période reflète souvent un mélange de résistance, de désir de persévérer la culture française et de la complexité émotionnelle associée à la guerre.”

Jacques Otmezguine, réalisateur.

Pour protéger Rachel de la déportation, François accepte de jouer pour le Reich allemand. Mais une fois la guerre terminée, les décisions qu’il a prises auront raison de sa carrière.

Le choix du pianiste, de Jacques Otmezguine, à découvrir du 28 janvier au 10 février dans le cadre du 5ème festival Dia(s)porama. En salle à partir du 29 janvier 2025.