Prague, 1552. La petite Zelmira vit avec ses parents dans une maison de la rue des Alchimistes. Pour subvenir aux besoins de la famille, sa mère, Bozidara, prépare toutes sortes de potions à base de bave de crapaud, de racines de mandragore ou de mâchoires de sirènes, potions que son père Dalibor tente de vendre tant bien que mal, lorsqu’il ne s’égare pas entre tavernes et tripots.
Dès qu’elle le peut, la petite fille fuit la maison familiale pour errer au hasard dans les rues de la ville. Au cours de l’une de ses escapades nocturnes, elle se retrouve dans le ghetto où, depuis un an, les Juifs, persécutés sous l’impulsion du moine Thadée, proche conseiller de l’empereur, craignent pour leurs vies.
Malgré elle, Zelmira va assister à un bien étrange spectacle orchestré par Joshua Loew ben Bezalel, kabbaliste et plus grand rabbin de Prague, aussi connu sous le nom de Maharal. Devant ses yeux ébahis, trois hommes vont donner vie à un être inachevé et informe, créé, comme Adam, du limon de la terre : le Golem.
Conçu pour protéger la communauté juive des attaques dont elle est victime, le Golem, invincible et aussi fort qu’une armée toute entière, met à mal le projet d’extermination des Juifs du moine Thadée. Pour capturer la créature, il fait kidnapper la petite Zelmira, qui servira de monnaie d’échange.
Mais entre-temps, le Maharal et son ami l’astronome Tycho Brahe, voulant améliorer les capacités du Golem, l’ont rendu incontrôlable.
Dans un magnifique roman illustré riche d’une trentaine de dessins en noir et blanc et en couleurs au style résolument cinématographique, la petite Zelmira invite donc le lecteur à se replonger dans la légende du Golem, dans une Prague moyenâgeuse gouvernée par l’empereur Rodolphe II, passionné d’art, de sciences et d’astrologie, qui signe en 1592 la Lettre de Majesté établissant la liberté de culte dans les pays tchèques.
Initialement prévu pour être un film d’animation, L’ombre du Golem résulte de l’étroite collaboration entre deux grandes griffes, celles de l’auteure Eliette Abécassis, à qui l’on doit notamment les romans Qumran ou La sépharade et qui signe ici son premier roman jeunesse, et de l’illustrateur Benjamin Lacombe, déjà auteur d’une trentaine d’ouvrages et dont les travaux sont régulièrement exposés aux Etats-Unis, en Asie et en Europe.
Un lexique et de précieux repères chronologiques sont enfin proposés dans la toute dernière partie, permettant aux plus novices de comprendre certains termes utilisés, et de resituer le roman dans son contexte historique.
L’ombre du Golem, une vraie et belle réussite !
L’ombre du Golem, d’Eliette Abécassis et Benjamin Lacombe, aux éditions Flammarion. 180 pages. 25,00€.
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