« Monet, Renoir… Chagall. Voyages en Méditerranée », actuellement à l’Atelier des Lumières

Après la magnifique exposition inaugurale consacrée à Gustav Klimt et à la Sécession viennoise en 2018, puis à Vincent Van Gogh en 2019, le nouveau rendez-vous numérique de l’Atelier des Lumières convie ses visiteurs à un nouveau voyage dans l’histoire de l’art, avec cette fois-ci la Riviera française pour destination. Monet, Renoir… Chagall. Voyages en Méditerranée, un périple pictural à découvrir jusque début 2021.

Dès les années 1850 et à la faveur de la toute nouvelle ligne ferroviaire PLM – Paris-Lyon-Méditerranée, fondée notamment par James de Rothschild et les frères Emile et Isaac Pereire, célébrités, population aisée et artistes gagnent le Sud et les rives de la Méditerranée, où hôtels, villas et casinos sortent de terre. Une vie mondaine s’y développe alors avec frénésie, de la côte espagnole à la côte italienne : Collioure, Saint-Tropez, Antibes, Cagnes ou encore Bordighera, très appréciée par Claude Monet, et Grasse par Auguste Renoir.

C’est d’ailleurs avec l’Impressionnisme et deux de ses oeuvres majeures que s’ouvre l’exposition, La femme à l’ombrelle, et Le bal du moulin de la Galette. Exercés à la peinture de plein-air sur les bords de Seine, les deux artistes vont être rapidement séduits par le charme des paysages et des jardins de la Riviera. Et leurs palettes respectives vont s’en ressentir. Loin de la capitale, profitant d’un climat agréable, d’une lumière exceptionnelle et de paysages à couper le souffle, nombre d’artistes vont ici se libérer des canons académiques imposés par leurs pairs.

Les couleurs et les tonalités réalistes qui prévalaient jusque-là cèdent la place à des gammes vives et contrastées qu’André Derain et Henri Matisse pousseront presque à leur paroxysme. En 1905, ils exposent ensemble et créent le scandale dans les galeries du Salon d’Automne avec des toiles aux couleurs aussi vives que brutales, aussitôt qualifiées de « fauves » – terme attribué à Louis Vauxcelles – par les plus conservateurs. Le Fauvisme venait de naître.


Bien qu’il sera d’une durée extrêmement courte — moins d’une décennie —, ce courant sera rallié par nombre d’artistes, de Maurice de Vlaminck à Kees Van Dongen, en passant par Albert Marquet, Henri Manguin ou Raoul Dufy, alors considéré comme le grand coloriste de l’époque. Admirateur de Matisse, Dufy couchera sur ses toiles la vie mondaine de la Côte d’Azur, des courses hippiques aux concerts, en passant par les régates. Sa notoriété va également lui ouvrir en 1937 les portes de l’Exposition Internationale, pour laquelle il réalise La fée Électricité, alors la plus grande peinture du monde.

Enfin, l’exposition ne saurait s’achever sans la présence de l’un des plus grands représentants de la Modernité – mouvement qui connut précisément son apogée sur les rives de la Méditerranée : Marc Chagall. Le peintre d’origine russe découvre la région vers 1920, tombe sous son charme et décide de s’y installer définitivement en 1950. 

« Je remercie le dessin de m’avoir conduit sur les bords de la Méditerranée. S’il y avait dans mes ableaux un endroit où se cacher, je m’y glisserais.« 

Chagall méditerranéen, 1984.

Au cours de sa longue carrière, Marc Chagall va explorer de nombreuses et différentes techniques artistiques, du collage à la conception de costumes de scène, en passant par la mosaïques – dont notamment celle de Nice, Le message d’Ulysse, fresques de tesselles de onze mètres représentant tous les épisodes d’Ulysse. Mais c’est surtout en peinture et dans la création de vitraux que Chagall va exceller, dont les plus célèbres sont sans aucun doute ceux de la synagogue de l’hôpital Hadassah de Jérusalem, dans lesquels nous plongent les projections de l’exposition. Une merveille de couleurs et d’esthétisme.

Au total, ce sont une vingtaine d’artistes, un demi-siècle d’histoire de la peinture et environ cinq cents oeuvres — aujourd’hui conservées partout dans le monde — qui sont à découvrir dans l’exposition Monet, Renoir… Chagall. Voyages en Méditerranée. Un programme d’une quarantaine de minutes enrichi, comme d’habitude, de musiques originales de Debussy, Prokofiev, Louis Armstrong, Billie Holiday ou encore Janis Joplin…

Monet, Renoir… Chagall. Voyages en Méditerranée, jusqu’au 3 janvier 2021 à l’Atelier des Lumières.

Si vous désirez aller plus loin :

Pierre-Auguste Renoir, mon père, de Jean Renoir, aux éditions Gallimard. 512 pages. 9,10€.
Les vitraux de Chagall, collectif, aux éditions Citadelles et Mazenod. 240 pages. 69,00€.
Chagall, de la palette au métier, le catalogue de l’exposition, aux éditions Snoeck. 215 pages. 28,00€.
Chagall et la musique, le hors-série Beaux Arts. 48 pages. 9,00€.
Chagall et la musique, le catalogue de l’exposition, aux éditions Gallimard. 360 pages. 45,00€.
L’abécédaire de Chagall, à petit prix, aux éditions Flammarion. 119 pages. 3,95€
Le petit dictionnaire Chagall en 52 symboles, aux éditions RMN. 150 pages. 12,00€.
Chagall, la biographie complète, par Jackie Wullschläger, aux éditions Gallimard. 592 pages. 29,90€.
Chagall : entre guerre et paix, le catalogue de l’exposition, aux édition RMN. 240 pages. 35,00€.

Découvrez notre mini-galerie :


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