Tout près du centre historique de Bucarest, calfeutré entre plusieurs immeubles modernes comme bon nombre d’édifices religieux ou anciens à Bucarest, se trouve le musée de l’Histoire des juifs en Roumanie.
Le décor est celui, tout à la fois charmant et imposant, d’une ancienne synagogue construite au milieu du XIXème siècle par le syndicat des tailleurs. Le musée se subdivise en trois parties : au rez-de-chaussée la vie de la communauté et son histoire ; au premier étage la production artistique, essentiellement picturale.
En dépit de la taille relativement modeste du bâtiment, on y découvre bon nombre de petits trésors.
Il s’agit d’objets de la vie quotidienne telle cette délicieuse trousse à outil de tailleur datant du tout début du XXème siècle et cette petite machine à coudre Singer, ou bien d’objet religieux comme ce splendide shofar en corne, ce plateau de Pessa’h de la seconde moitié du XIXème ou bien encore ce très beau livre de prière dont le dos est orné d’un décor en ivoire.
Des panneaux explicatifs en anglais permettent de suivre l’évolution de la communauté juive et rappeler qu’au recensement de 1930, la Roumanie ne comptait pas moins de 756.930 habitants de confession israélite, dont 530.235 dans les villes et 226.695 à la campagne, ce qui représentait 4,2% de l’ensemble de la population roumaine.
Deux vitrines sont consacrées, sans pathos, au lourd tribut que payèrent ensuite les juifs tout à la fois au fascisme et au communisme, en particulier lors du sinistrement célèbre pogrom de janvier 1941 mené par les « légionnaires », la garde de fer de Ion Antonescu, le dictateur. Sur les seize synagogues que comptait Bucarest à la fin du XIXème siècle, seules huit sont encore en activité actuellement.
Mais l’ensemble le plus riche se trouve sans doute au premier étage. Les œuvres picturales montrent bien la vivacité et la richesse des artistes locaux qui savaient s’inscrire dans les courants de leur époque, cubisme, futurisme ou abstraction.
La majorité des œuvres présentées datent du XXème siècle. Un seul nom est connu parmi tous ces artistes, celui de Victor Brauner, dont le musée possède deux petits dessins au style caractéristique.
Bien que moins célèbre, Ernestina Peltz, dite Tia Peltz, est présente dans le fonds du musée grâce à quelques toiles qui font preuve d’une très grande maîtrise et d’une belle énergie. Les personnages sont maigres et allongés à la façon d’un Greco ou d’un Modigliani, et il émane d’eux une profonde mélancolie emplie néanmoins de tendresse, tel ce couple dans Wedding, saisi au moment du mariage et qui semble tout à la fois ravi et anxieux. Mais surtout, dans The Final Route, des hommes et des femmes sont pris dans un mouvement désordonné qui emplit la toile et procure un sentiment de malaise et de noirceur. L’ensemble n’est pas sans évoquer le Cri de Munch. The Final Route : comme une sorte de rappel de départs qui furent funestes pour bien des êtres humains en ces périodes sombres de la Seconde Guerre mondiale.
Le musée de l’Histoire des juifs en Roumanie, totalement encerclé d’immeubles modernes, est un lieu difficile à trouver, un peu à l’écart du centre historique, comme si l’on voulait se souvenir, mais tenter d’oublier en même temps…
Visitez le site du Musée Juif de Bucarest.
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