« Toutânkhamon. Le trésor du pharaon » : l’événement mondial s’installe à Paris

Attention, événement ! Si en 1967, vous n’aviez pas pu assister à Toutânkhamon et son temps, “l’exposition du siècle” qui s’était tenue au Petit Palais du 4 février au 18 septembre et avait accueilli, après plus de deux mois de prolongation, 1,2 million de visiteurs, ne manquez surtout pas Toutânkhamon. Le trésor du pharaon, présentée cette fois-ci à la Grande Halle de la Villette jusqu’en septembre 2019.

Pour la dernière fois avant l’ouverture prochaine du Grand Musée Égyptien, actuellement en construction au Caire, des pièces originales de la tombe du célèbre pharaon entament un tour du monde dans une douzaine de ville, Paris étant, après Los Angeles, la seconde étape de ce périple.

Si en 1967, seules 32 pièces avaient été présentées – parmi lesquelles le fameux masque d’or recouvrant le visage du défunt -, ce sont aujourd’hui 150 objets originaux qui s’offrent au regard de visiteurs aussi variés que… nombreux. Un siècle après la découverte de son tombeau, celui qui est aujourd’hui le pharaon le plus connu au monde n’en finit plus de faire rêver.  

En 1915, Lord Carnavon, riche aristocrate passionné d’égyptologie, remporte une concession d’exploitation dans la Vallée des Rois où, sont selon les égyptologues, “tout a déjà été découvert”. Il charge alors Howard Carter, ancien inspecteur des monuments de la Haute-Egypte, de diriger les fouilles en son nom. Soixante et une tombes ont déjà été exhumées dans cette vallée, où étaient enterrés tous les souverains égyptiens du Nouvel Empire, mais Howard Carter en est persuadé, d’autres restent à découvrir.

Arrivé en Egypte en 1891 à l’âge de 17 ans, Carter va mener des fouilles durant six campagnes sans cependant, malgré ses certitudes, livrer de grandes découvertes. Las de financer des fouilles devenues excessivement chères sans rien produire, Lord Carnavon souhaite mettre un terme à son mécénat. Howard Carter parvient cependant à le persuader de financer une toute dernière saison. Ce sera son ultime chance.

Le 4 novembre 1922, la première marche d’un escalier s’enfonçant dans le sol est découverte par hasard par un des ouvriers égyptiens travaillant sur le site. Une fois l’accès dégagé, Howard Carter fait face, quatre mètres plus bas, à une porte scellé arborant le sceau officiel de la nécropole royale. Après cinq années de fouilles infructueuses, il vient de découvrir une tombe encore jamais ouverte, et s’apprête à entrer dans l’histoire et à faire vibrer le monde entier.

“Nous avons enfin fait une merveilleuse découverte dans la Vallée. Un splendide tombeau portant des sceaux encore intacts. Il a été recouvert dans l’attente de votre arrivée. Félicitations”.


Télégramme d’Howard Carter à Lord Carnarvon, le 5 novembre 1922.

Deux semaines plus tard, Lord Carnavon arrive sur les lieux, et le 26 novembre, les deux hommes descendent ensemble et pénètrent dans le tombeau, ouvert pour la première fois depuis 3.300 ans. Maintenu à l’abri des pilleurs et dans un état intact, la tombe KV23 va fournir un somptueux éventail d’objets personnels et funéraires, et des informations inestimables sur la vie, les rites et l’artisanat de l’Egypte antique.

Douzième pharaon de la XVIIIème dynastie, Toutânkhamon est le fils d’Akhenaton, considéré comme hérétique car à l’origine du culte monothéiste d’Aton, et le petit-fils d’Aménophis III, souverain qui a laissé à l’Egypte le plus grand nombre de constructions monumentales.

Toutânkhamon, dont le nom signifie “image vivante d’Amon”, accède au trône de Haute et de Basse-Egypte vers -1335, alors qu’il n’est âgé que d’une dizaine d’années. Enfant-roi, entouré de conseillers puissants qui vont sans doute gérer le pays en son nom et tenter de lui redonner la stabilité et la puissance perdus sous le règne d’Akhénaton, Toutânkhamon va rétablir le culte polythéiste mis à mal par son père, déplacer la capitale à Memphis, et entreprendre, à l’instar de son grand-père, d’importants travaux de rénovation à travers tout le pays, dont la colonnade du temple de Louxor.

Vers l’âge de 12 ans, il épouse sa propre sœur, Ankésénamoun, avec qui il aura deux filles, mort-nées, et mourra brutalement à l’âge de 19 ans, avant que les travaux de la tombe qui lui était destinée aient été achevés. Aussi sera-t-il inhumé dans celle supposée de sa sœur. Malgré un règne court et qui ne fut marqué par aucun événement notable, Howard Carter va faire de Toutânkhamon le pharaon le plus connu de l’histoire.

Quatre pièces composent la dernière demeure du pharaon – antichambre, annexe, chambre funéraire et trésor -, soit environ une centaine de mètres carrés. L’entrée de la chambre funéraire, ouverte le 17 février 1923, est gardée par deux statues grandeur nature d’environ 1,70 mètre à l’effigie du souverain, dont l’une d’elles est présentée dans l’exposition. Noire et dorée – le noir renvoyant à la fertilité du Nil et l’or symbolisant le soleil -, elles portent toute deux le némès, la coiffe royale, et marquent le passage du défunt de la nuit noire à sa renaissance.

“Ces statues, si impostantes déjà lorsque nous les avions vues pour la première fois, à moitié cachées par d’autres objets, sont encore plus impressionnantes maintenant qu’elles se dressent seules dans l’antichambre vide, devant la porte que nous avons ouverte. A l’origine, elles étaient enveloppées de linges qui devaient ajouter à l’effet saisissant”.


Howard Carter.

Ces deux statues ne seront qu’une infime partie de ce que Lord Carnarvon et Howard Carter s’apprêtent à découvrir. Dans les quatre salles, 5.398 objets vont être découverts, dont plus de 2.000 pièces d’orfèvrerie. Il faudra dix années à Howard Carter pour les dégager, les inventorier et les restaurer : trône en ébène, ivoire et or de l’enfant-souverain, cercueil miniature canope en or, verre et cornaline accueillant une partie des viscères, lit funéraire en bois doré, mains incrustés tenant la crosse et le fléau en or, verre, cornaline et argent – l’un des deux seuls exemplaires de crosse et de fléau à avoir jamais été découvert -, barque solaire en bois, pectoral en or, turquoise et lapis-lazuli, bouclier cérémoniel, arc et flèches, vase canope en albâtre, et bien entendu le chef-d’oeuvre du trésor : le masque d’or à l’effigie du pharaon, qui toutefois n’est pas présenté ici.

La découverte du tombeau de Toutânkhamon sera à l’origine d’une crise diplomatique sans précédent entre l’Egypte et la Grande-Bretagne. En effet, si le contenu d’une tombe est censé revenir à parts égales entre le Service des Antiquités égyptiennes et le commanditaire étranger des fouilles, la loi s’appliquant aux tombeaux inviolés stipule quant à elle que l’intégralité de ce qu’elle contient doit rester dans le pays. Mais Lord Carnarvon, qui a investi plus d’un demi million de livres sterling dans ces fouilles durant cinq années, n’entends pas repartir en Angleterre sans le trésor. Seulement quelques semaines après la fameuse découverte, le 5 avril 1923, l’aristocrate est piqué par un moustique, et meurt subitement, faisant naître dans la foulée la “malédiction du pharaon”. Relayée par les médias et les journaux de l’époque, sans oublier Sir Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes, adepte du spiritisme, ou encore Agatha Christie, qui va s’en inspirer pour sa nouvelle L’aventure du tombeau égyptien, la “malédiction” entraînera, en une dizaine d’années, le décès de 26 autres autres personnes, proches de l’expédition archéologique, et contribuera à faire entrer le jeune souverain et son fabuleux trésor dans la légende.

Le parcours de Toutânkhamon. Le trésor du pharaon a été créé afin de plonger le visiteur dans les différentes étapes marquant le passage du souverain dans l’au-delà, en quête d’immortalité. 25 objets présentés en 1967 sont de retour, et 60 sortent d’Egypte pour la toute première fois. Un prêt exceptionnel du musée du Louvre, la statue en diorite du dieu Amon protégeant Toutânkhamon, découverte à Karnak en 1857, accueille quant à elle les visiteurs dès leur entrée.

Cette exposition devrait être la dernière avant que Toutânkhamon et son inestimable trésor ne prennent définitivement place dans le Grand Musée Egyptien du Caire, où les quelques 5.000 pièces découvertes seront alors présentées dans leur intégralité, contre seulement 1.800 aujourd’hui dans le musée de la place Tahrir. Seule la momie du défunt repose encore aujourd’hui dans le tombeau dans lequel elle a été découverte il y a un siècle.

Si le prix du billet d’entrée peut certes paraître excessif, il convient toutefois de préciser que les bénéfices de cette exposition itinérante permettront de soutenir le financement du Grand Musée Egyptien, qui couvrira à travers 100.000 objets plus de 3.000 ans d’histoire de l’Egypte ancienne.

Toutânkhamon. Le trésor du pharaon, jusqu’au 15 septembre 2019 à la Grande Halle de la Villette.

Si vous désirez aller plus loin :

Toutânkhamon, le hors-série de l’exposition, aux éditions Beaux Arts. 108 pages. 7,90€.
Toutânkhamon. Le trésor du pharaon, le hors-série, aux éditions Connaissance des Arts. 10,00€.
Le trésor de Toutânkhamon, de Zahi Hawass, aux éditions Citadelles & Mazenod. 296 pages. 49,00€.
Dans l’intimité de Toutânkhamon : ce que révèlent les objets de son trésor, de Florence Quentin, aux éditions First. 304 pages. 16,95€.
La fabuleuse découverte de la tombe de Toutânkhamon, de Howard Carter, aux éditions Libretto. 176 pages. 8,10€.
Toutânkhamon, l’ultime secret, de Christian Jacq, aux éditions Pocket. 416 pages. 8,30€.
Toutânkhamon, le trésor redécouvert, DVD, aux éditions Arte. 92 minutes. 19,99€.

Et pour la jeunesse :

Toutânkhamon, de Demi, aux éditions Circonflexe. 58 pages. 15,00€.
La malédiction de Toutânkhamon, de Pascal Hédelin, aux éditions Bayard jeunesse. 96 pages. 7,20€.
Les égyptiens : sur les traces des pharaons, de Clémentine Baron, aux éditions Quelle Histoire. 96 pages. 12,50€.
L’Égypte des pharaons. Questions/Réponses, de Philip Steele, aux éditions Nathan. 32 pages. 6,95€.
L’Egypte ancienne, de Philippe Lamarque et Jack Beaumont, aux éditions Fleurus. 32 pages. 7,95€.

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