« Yentl », le chef-d’oeuvre intemporel de Barbra Streisand..

Inspiré de Yentl, the Yeshiva Boy, une nouvelle d’Isaac Bashevis Singer sortie en 1962, Yentl raconte l’histoire d’une jeune femme qui vit et grandit dans le monde très masculin d’un shtetl d’Europe de l’Est.

Une époque et un univers où l’accès aux études et à la connaissance est exclusivement réservé aux hommes, pour qui l’érudition, la curiosité et l’ambition sont considérés comme des valeurs purement masculines.

Comme toutes les femmes donc, Yentl s’occupe de la maison, où elle vit avec son père, fait les courses au marché, la cuisine, le ménage… Mais, en tant que fille du rabbin Mendel, grand érudit, Yentl a grandi dans un foyer empli de livres, et baigne dans l’enseignement du Talmud depuis sa plus tendre enfance. Un comble alors que les seuls ouvrages qu’elle soit autorisée à lire en tant que femme sont des romans à l’eau de rose.

Mais lorsque le rabbin Mendel décède, et après avoir provoqué un scandale en récitant elle-même le kaddish lors de ses funérailles, Yentl décide de prendre sa vie en main et de réaliser son rêve : étudier dans une yeshiva. Elle va donc se travestir en homme, se couper les cheveux, revêtir costume noir et tsitsit, et adopter le nom d’Anschel, prénom de son frère.

A la yeshiva Bechev, elle fait la connaissance d’Avigdor, un autre étudiant de qui elle tombe amoureux. Mais en raison du suicide du frère du jeune homme, acte considéré alors comme une maladie héréditaire, les fiançailles d’Avigdor avec Hadass sont annulées. Il demande alors à son ami Anschel/Yentl d’épouser la jeune fille à sa place. Amoureuse de lui, Yentl accepte, mais se retrouve bientôt prise dans un terrible engrenage.

Dès qu’elle découvre Yentl, the yeshiva boy, en 1968, Barbra Streisand fera de ce film musical l’un des plus importants projets de sa carrière.

Refusant de juteux contrats pour des concerts de plusieurs millions de dollars, elle se préparera au film en faisant énormément de recherches sur le judaïsme et ses traditions, étudiera la Torah et le Talmud, et consultera de nombreux rabbins, dont le rabbin Lapinn qu’elle nommera consultant religieux sur le tournage.

En raison du peu de crédibilité du projet, et surtout de l’âge de Barbra Streisand, qui à près de 40 ans était supposée incarner une adolescente de 16 ans, aucun studio ne voudra financer le projet. Qu’à cela ne tienne, Barbra Streisand décide de le faire elle-même, sous la forme d’un film musical. Un idée qui finalement va rassurer producteurs et investisseurs…

Quinze années après les prémices du projet et plus de vingt versions du script, le tournage de Yentl débute en Tchécoslovaquie — pour plus d’authenticité dans les décors — le 14 avril 1982, avec un budget de 14,5 millions de dollars. C’est le premier film de Barbra Streisand en tant que réalisatrice et comédienne, mais aussi co-scénariste et co-productrice.

Achevé en octobre de la même année — le budget final sera dépassé de 1,5 million de dollars, que Barbra Streisand paiera elle-même —, dix semaines en studio seront nécessaires afin d’enregistrer la magnifique bande-son du film, couronnée par un Oscar de la Meilleure musique de film pour Michel Legrand en 1984. L’album de Yentl se vendra à plus de trois millions d’exemplaires. Le film remportera également le Golden Globe du Meilleur film musical, et Barbra Streisand celui du Meilleur réalisateur, la première femme à remporter ce titre.

Si vous désirez aller plus loin :

Au tribunal de mon père : souvenirs, d’Isaac Bashevis Singer, aux éditions Livre de Poche. 416 pages. 7,70€.
Yentl, de et avec Barbra Streisand. DVD. 135 minutes.
Yentl, bande originale du film de Barbra Streisand. CD 13 titres.

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