De Munich à Dachau : aux origines du Troisième Reich

1h20. C’est le temps qu’il faut depuis Paris pour rejoindre Munich en avion. Munich, capitale bavaroise qui vit naître dans ses rues la montée du nazisme, et fut quasi-intégralement détruite au cours de la Seconde guerre mondiale.

Reconstruite en partie grâce aux pierres de ses ruines, elle offre cependant un charme certain et de très nombreux centres d’intérêt culturels et artistiques.

Tout séjour dans la capitale de Bavière comprend nécessairement une visite de la vieille ville, son centre névralgique, et de ses alentours.

A proximité d’un espace de surf improvisé sur le courant de l’Eisbach, au nord-est du centre historique, le visiteur pourra découvrir, au numéro 1 de la Prinzregentenstrasse, l’imposante et austère façade grise du Haus der Kunst qui tranche avec la verdure du Jardin Anglais qui l’abrite. Vestige de l’architecture Nationale-Socialiste ouvert le 18 juillet 1937, voulu par Hitler dans le but d’offrir un sanctuaire à l’art allemand, ses allées ont vu passer Hermann Göring, Heinrich Himmler, Joseph Goebbels, Albert Speer, et bien entendu Adolf Hitler lui-même.

Certaines mosaïques de ses plafonds, reprenant des croix gammées entrelacées ou des motifs chers au NSDAP, sont aujourd’hui encore visibles. Jadis temple où l’art dit « dégénéré » était prohibé, il accueille de nos jours quantité d’expositions d’art moderne comme Louise Bourgeois, Carlo Mollino ou encore Lorna Simpson.

Juste derrière le Haus der Kunst, le Jardin Anglais, plus vaste encore que Central Park, est l’un des plus grands jardins paysagers au monde. Au fil de ses allées sinueuses et ombragées, il accueille entre autre le Monopteros, bâtiment circulaire à colonnades aux allures de temple grec, ou encore la Tour Chinoise, pagode de bois édifiée à la fin du 18ème siècle au pied de laquelle se trouve un biergarten de 7.000 places, le second plus grand de Munich.

Plus proche du centre historique, construite au début du 19ème siècle lors de l’édification du National Theatre, la Max-Joseph-Platz – le premier roi de Bavière – est bordée de façades aux styles variées abritant des monuments majeurs de la ville, du théâtre national aux colonnes corinthiennes en passant par les arcades néo-renaissance du palais Toerring-Jettenbach, sans oublier la massive Residenz, très largement inspirée du palais Pitti de Florence.

Ce vaste complexe regroupe l’ancienne demeure royale des Wittelsbach, le théâtre Cuvilliès, le Trésor – 1.250 objets d’or ou d’argent recouverts de pierres précieuses, épées, insignes de la couronne bavaroise, etc. -, et enfin le musée qui occupe environ la moitié de l’édifice.

Presque intégralement détruit lors de la Seconde guerre mondiale – seuls 50m² du toit ont résisté aux bombardements -, il compte environ 90 pièces ouvertes à la visite, dont la plus fastueuse, à laquelle on accède après avoir traversé la Cour de la Grotte dominée par la fontaine de Persée, est sans nul doute l’Antiquarium. Gigantesque salle ornée de voûtes qui fut édifiée pour abriter la collection d’antiquités des Wittelsbach, elle est considérée comme le plus bel intérieur Renaissance au nord des Alpes.

La Galerie des Ancêtres longeant la Cour Konigsbräu est quant à elle décorée de plus de cent portraits de membres de la famille royale qui surveillent les milliers de visiteurs arpentant chaque jour son parquet. A l’étage, le Hall Impérial, les Salles de Pierre recouvertes de marbres et au luxueux mobilier, les Appartements des Électeurs et enfin la Galerie Verte, en forme de « T », achèvent une visite pour laquelle il ne faudra pas compter moins de trois heures.

Non loin de là, sur Feldherrnhalle, à proximité de l’Odeonplatz, le Panthéon des feld-maréchaux, un bâtiment lui aussi inspiré de l’architecture toscane, rend hommage à l’armée bavaroise.

C’est également à cet endroit que le 9 novembre 1923, les policiers de la ville mirent fin au « putsch de la brasserie » initié par Hitler afin de faire tomber la république de Weimar.

Condamné à une peine de prison au cours de laquelle il rédigera Mein Kampf, une plaque commémorative rappelait jusqu’à récemment cet événement qui fit vingt morts.

En descendant vers le sud, sur Theatinerstrasse, les gargouilles, pignons à créneaux, tourelles, flèches et carillon du nouvel Hôtel de Ville de la Marienplatz, un des quartiers les plus animés de Munich, fendent le ciel comme des hallebardes. Ceux qui connaissent Bruxelles ne s’y tromperont pas tant son architecture s’est largement inspirée des façades néo-gothique de la mairie de la capitale belge.

Sur le côté est de la Marienplatz se trouve le nouvel Hôtel de Ville, détruit par la foudre au 15ème siècle, puis de nouveau par les bombardements de la Seconde guerre mondiale.

Le 9 novembre 1938, Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du Reich, tint en cet endroit un discours empli de haine antisémite qui allait déboucher sur la tristement célèbre Nuit de Cristal.

Présentée comme un mouvement de colère spontané par les autorités allemandes – en réalité commanditée par Hitler lui-même -, elle donna lieu à la destruction de quelques deux cents synagogues, le pillage de milliers de commerces, et le meurtre de plusieurs centaines de Juifs à travers tout le pays. Sous le porche, une plaque rappelle ce triste événement.

A cinq minutes de marche, sur Am Platzl, la célèbre brasserie Hofbräuhaus, temple de la bière de renommée mondiale, accueille par centaines sous ses magnifiques voûtes touristes et munichois amateurs de cervoises. Avec son cadre et son ambiance traditionnels, sans oublier son fameux orchestre bavarois, elle est une étape obligatoire, quasi un monument, pour qui visite la ville. Le 24 février 1920, dans l’ancienne salle de danse se trouvant au second étage, auquel vous pouvez accéder librement par l’escalier situé sur la gauche de l’entrée, se tint le premier grand rassemblement nazi au cours duquel, devant une assistance de 2.000 personnes, Adolf Hitler fit adopter son programme en vingt-cinq points du futur NSDAP.

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Si vous désirez aller plus loin :

Hitler et le putsch de la brasserie : Munich, 8-9 novembre 1923, de Didier Chauvet, aux éditions L’Harmattan. 244 pages. 24,00€.

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