Actuellement, et jusqu’au 6 juin 2016, le musée d’art moderne de Villeneuve d’Ascq, qui conserve une des plus belles collections publiques de Modigliani avec six peintures, sept dessins et une sculpture de marbre, présente une vaste exposition intitulée Amedeo Modigliani, l’oeil intérieur.
Rassemblant plus de 120 oeuvres – dont une centaine de Modigliani lui-même, parfois présentées pour la première fois en France, mais aussi d’artistes majeurs tels Kees van Dongen, Jacques Lipschitz, Pablo Picasso, Constantin Brancusi, Ossep Zadkine, Henri Laurens, ‘Haïm Soutine, Moïse Kisling, Gertrude O’Brady, Béla Czóbel ou encore Tsuguharu Fujita -, elle a pour ambition de mettre en lumière à la fois l’univers artistique de l’artiste, de l’avant-garde à l’Ecole de Paris, mais également la place accordée à son oeuvre dans le monde des collectionneurs et des marchands d’art de l’époque.
Segmentée en trois parties revenant sur ses douze années de création, elle examine tout d’abord les rapports de Modigliani avec la sculpture. Des oeuvres prêtées par le Louvre, le musée Guimet ou le musée du Quai Branly témoignent de la grande influence qu’ont eu sur son travail les réalisations provenant de la Grèce antique – les Cyclades avec leurs verticales très marquées, les visages ovales et aplatis, les arêtes de nez prononcées -, d’Extreme-Orient – il découvre l’art khmer provenant des colonies au Palais du Trocadéro -, ou encore d’Afrique. Passionné d’egyptomanie, il arpente les allées du Louvre et s’inspire très largement des oeuvres qu’il y découvre, un style qui n’est pas incompatible avec l’avant-garde.
Le temple de l’humanité que l’artiste souhaitait ériger ne verra finalement jamais le jour, et en raison de sa santé fragile et de sa sensibilité aux poussières produites par la taille de la pierre, il sera contraint d’abandonner la sculpture. Toutes ces inspirations se retrouveront cependant dans sa peinture quelques années plus tard.
La seconde partie revient quant à elle sur son oeuvre peinte. Comme nombre d’artistes de l’époque, Modigliani fréquente les quartiers de Montparnasse et de Montmartre, où il s’installe à partir de 1906. Il fréquente Apollinaire, Picasso, Diego Rivera, Max Jacob – qui le présentera au marchand d’art Paul Guillaume -, Brancusi, avec qui il partage un atelier, mais aussi Soutine, Kisling et Kremegene qui prendront une place importante dans sa vie artistique.
À partir de 1916, le poète polonais Léopold Zborowski met toute son énergie pour faire connaître Modigliani, à un moment où la peinture de l’artiste semble devenir plus sereine. Écartés de la capitale en raison des combats de plus en plus proches, Modigliani et son épouse Jeanne Hebuterne, alors enceinte, gagnent le sud de la France.
Sous l’impulsion de son marchand d’art, Modigliani s’essaie alors aux paysages – il admire Cezanne, une référence pour de nombreux artistes, et Gauguin découverts au Salon des Indépendants -, et au nu. Ces derniers, qui seront exposés en vitrine à la galerie Berthe Weill, feront scandale.
Enfin, l’exposition s’achève sur un univers qui permet de se replonger dans l’univers du collectionneur Jean Dutilleul, fondateur avec son neveu Jean Masurel de la collection du LAM, et un focus sur les deux dernières années de production de Modigliani.
Une exposition magnifique à ne pas manquer !
Modigliani, l’œil intérieur, au LAM de Villeneuve d’Ascq, jusqu’au 5 juin 2016 au LAM de Villeneuve d’Ascq.
Si vous désirez aller plus loin :
Amedeo Modigliani : L’oeil intérieur, le catalogue de l’exposition, aux éditions Gallimard. 192 pages. 35,00€.
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