« Amy Winehouse: A Family Portrait », au Jewish Museum de Londres

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En cette période estivale, si vous prévoyez un week-end dans la capitale britannique, sachez qu’une halte au Jewish Museum de Camden s’avère obligatoire.

En effet, du 3 juillet au 15 septembre 2013, l’établissement culturel présente dans ses espaces d’exposition temporaire un très beau et très émouvant portrait de la chanteuse Amy Winehouse, décédée en juillet 2011 à quelques pas de là, dans sa résidence de Camden Square.

Après seulement deux albums studio – quatre si l’on prend en compte le CD bonus 7 titres de Back to Black, réédité en 2007, et l’album posthume Lioness : Hidden Treasures, la jeune chanteuse britannique s’était imposée sur la scène musicale internationale grâce à une voix à la Ella Fitzgerald et une musique à mi-chemin entre jazz et blues faisant d’elle une artiste unique.

Sitôt passées les portes du Jewish Museum, la douce et entraînante mélodie de Back to black accueille le visiteur. Projetés sur cinq panneaux de grandes tailles installés dans le hall, des photos de l’artiste côtoient une vidéo de son passage à Dingle, en Irlande, lors de l’émission Other Voices en 2006. Le ton est donné. Cette exposition est une invitation à pénétrer dans la vie de l’artiste, de son enfance à ses premières auditions, jusqu’à sa consécration internationale. Son titre n’est-il d’ailleurs pas Amy Winehouse : A family portrait ?

Au pied de l’escalier menant au troisième étage où se tient l’exposition, une vitrine, à deux pas d’un mikvé, présente un ensemble de ballerines, ceinture et robe – signée Fred Perry, une des tenues préférées de la chanteuse, qu’elle portait lors du tournage du clip de Tears dry on their own en 2007.

Les dernières marches franchies, des centaines de post-it interpellent dès l’entrée le visiteur, recouvrant deux pans de mur de la première salle, autant de témoignages d’anonymes laissés à une artiste talentueuse trop tôt disparue.

L’exposition, divisé en quatre parties distinctes – on notera l’utilisation de couleurs acidulées pour les signaler, ces roses et ces bleus si caractéristiques des années 50 et 60, époque à laquelle Amy Winehouse vouait un véritable culte, propose dans un premier temps un espace « Judaïsme, famille et foyer », et met l’accent sur l’attachement de la jeune femme à la religion et aux traditions juives. Un arbre généalogique aux photos sépia présente sa famille, depuis ses arrières-arrières-grands-parents, immigrés du Bélarus à Londres à la fin du 19ème siècle jusqu’à son frère Alex, en passant par son grand-père Benjamin, barbier sur Commercial Street. Un livre de recettes de cuisine juive, offert en 2002 et dont on peut trouver des copies en vente à la boutique, le costume et la cravate de l’Osidge primary school, ou encore une photo de classe de 1994 complètent entre autres ce premier espace.

Le centre de l’exposition est quant à lui consacré à Londres, « sa » ville. D’une malle emplie de photos jaunies en bandes dessinées de Snoopy, de bar vintage en collection de magnets, de tickets de tube en billets de spectacles, « Amy et Londres » dévoile des effets personnels et présente les lieux marqués par la présence d’Amy Winehouse. Nulford Place, où se trouvait la Sylvia Young Theatre, Jeffrey’s Place, où Amy emménagea dès qu’elle eut les moyens financiers de s’installer dans ce quartier, ou encore Camden Place, sa dernière demeure où elle fut retrouvée morte ne sont que quelques exemples.

La partie consacrée à la musique comporte de très nombreux documents – un fac-similé d’une chanson écrite en 1997 pour une audition à la Sylvia Young Theatre School ainsi qu’un extrait vidéo de la même époque, son uniforme d’étudiante, sa candidature à une audition, découpée dans un journal local, une planche de 8 photographies en noir et blanc, une vitrine contenant une multitude de pass et de rubans de ses différentes tournées, sa guitare – dont chacun s’accordait à dire qu’elle était l’instrument le plus laid et le plus faux du monde, mais sur laquelle elle composera pourtant de nombreux titres, un flyer avec les dates de sa tournée anglaise de 2004, des dizaines de CD et vinyles de ses principales références musicales – Oscar Petterson, The Roots, Ray Charles, Duke Ellington, Ronnie Scott, et enfin le Grammy Award qu’elle reçut à titre posthume pour Body and soul, son duo avec Tony Bennett, une des 23 récompenses de sa courte carrière. On regrettera en revanche le parti pris concernant le choix de la musique diffusée dans la salle. Là où l’on se serait volontiers laissé guider par les titres incontournables de la diva soul, les organisateurs ont semble-t-il préféré jouer les standards qui constituaient ses sources d’inspiration. Dommage.

Star de la musique, Amy Winehouse était aussi une fashion-icon. La quatrième et dernière partie de l’exposition rend donc hommage à cette passion qu’avait l’artiste pour la mode en présentant derrière une large vitrine – à la manière d’un dressing, quantité de tenues, dont la robe portée en couverture du magazine américain MOJO en 2007 ainsi que dans le David Letterman Show lors de ses débuts aux Etats-Unis, mais aussi chaussures et ballerines, accessoires, bretelles, ceintures ou cravates.

Comme le titre l’indique donc, Amy Winehouse : A family portrait dresse un tableau – bref mais assez exhaustif, qui permet à la fois d’initier le profane sur ce que fut la vie et la carrière trop brèves d’une artiste entrée dans la légende, mais aussi de combler les fans de la star londonienne que tant d’effets personnels ne manqueront pas d’émouvoir. Une très belle exposition, à visiter jusque mi-septembre.

Amy Winehouse : A family portrait, du 3 juillet au 15 septembre 2013 au London Jewish Museum.

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