Anvers et Bruxelles, un détour d’art et d’histoire à 2h00 de Paris (1/2)

Après le soleil d’Andalousie et l’extrême-orientale Shanghai, c’est cette fois-ci à une destination moins exotique, moins ensoleillée (encore que), mais ô combien dépaysante à laquelle nous vous invitons : la Belgique, avec Bruxelles et Anvers, les deux plus grandes villes du Royaume.

Sous forme de carnet de voyage, nous vous proposons donc d’embarquer depuis Paris-Nord jusqu’à Bruxelles via Anvers, à deux heures de Thalys. Cette proximité avec la capitale française fait de la Belgique un endroit idéal pour un long week-end de trois ou quatre jours.

1/2. Anvers.

Arrivé à Anvers, la première chose qui frappe les visiteurs est sans conteste la magnificence de sa gare centrale. Exemple majeur de l’architecture ferroviaire en Belgique, toute de marbre, de verre et d’acier, elle est à juste titre considérée comme « la quatrième plus belle gare du monde » (Newsweek Magazine, 2009). Dans son hall ou sur son parvis, hommes d’affaires pressés et commerçants côtoient promeneurs ou touristes égarés à la recherche de leur hôtel.

anvers gare centrale
Anvers, hall de la gare centrale.

Face à la gare, trois ou quatre rues dont les noms – Pelikaanstraat, Rifstraat, Hoveniersstraat – ne vous disent sans doute rien. Et pourtant, ce minuscule pâté de maisons est, sans qu’il n’y paraisse, le plus grand centre diamantaire du monde. Dans ces quelques rues transite 70% du diamant mondial. Dire qu’il est placé sous très haute sécurité serait encore trop peu, caméras succédant aux voitures de police et aux vigils armés. Les mézouzot aux bâtis des portes sont presque aussi nombreuses que les diamants dans les vitrines. N’hésitez cependant pas à entrer dans une des innombrables bijouteries, même par simple curiosité. Les commerçants vous accueilleront avec plaisir et vous feront essayer sans crainte des bijoux qui vous mèneraient tout droit au fond des eaux s’il vous prenait l’envie de vouloir nager avec.

Si les hôtels situés à proximité de la gare assurent calme et sécurité de par leur proximité avec le quartier des diamantaires, sachez qu’ils sont quelque peu excentrés des principaux points d’intérêt de la ville. Notez cependant que l’hôtel Century, face à la gare, 20 Pelikaanstraat, est celui où logea Albert Einstein en attendant d’embarquer en 1933 pour New York, et que l’hôtel Amerika, sur Duboisstraat, a été construit pour accueillir les millions d’émigrants passant par Anvers sur la route des Etats-Unis.

Depuis la gare centrale, comptez environ vingt minutes à pied pour gagner le centre historique.

Le long de la Leysstraat et de Meir, artères commerçantes les plus fréquentées de Belgique, s’alignent quantités d’enseignes plus ou moins dignes d’intérêt, et qui vous mènent tout droit sur Grote Markt, la Grand-Place. Maisons à pignons aux fenêtres à croisillons, hôtel de ville et surtout l’immense cathédrale Notre-Dame, qui a nécessité à elle-seule 170 ans de travaux et qui était le plus grand édifice gothique des anciens Pays-Bas, encerclent la fontaine de Brabo, dont les eaux se jettent directement sur les pavés. L’entrée de la cathédrale, malheureusement payante, permet de contempler in situ œuvres de Murillo, vitraux du début du 16ème siècle, mais aussi trois triptyques – Erection de la Croix, Descente de la Croix et Résurrection du Christ –, signés Rubens. La maison-atelier de ce dernier, au 9-11 Wapper, est celle où il vécut durant 25 ans, et où il réalisa la plus grande partie de son œuvre. Transformée en musée à partir de 1946, elle fait partie, au même titre que le Musée Royal des Beaux-Arts, qui retrace l’évolution de la peinture européenne du 14ème siècle à nos jours, des principaux centres d’intérêt de la ville.

Anvers, Grand-Place.
Anvers, Grand-Place.

Pour les plus courageux, le vieux port et le musée MAS, au Nord de la ville et un peu éloignés des sentiers battus, valent cependant un petit détour, tout comme le superbe et émouvant musée Red Star Line qui, lui, se révèle incontournable !

Bâtiment contemporain original de grès et de verre se reflétant dans les eaux du dock Bonaparte, nouveau pôle culturel de la ville, le MAS a ouvert ses portes en 2011 et abrite entre autres un musée consacré à l’histoire de la ville et du port, et de ses échanges commerciaux, mais aussi un musée du diamant, celui jadis situé à côté de la gare ayant définitivement fermé ses portes. Les couleurs, les formes et les reflets de ce bâtiment combinés à la lumière du matin offriront aux amateurs de photographie d’intarissables sources d’inspiration.

A cinq minutes de là, sur Montevideostraat, le musée de la Red Star Line, ouvert depuis septembre 2013, accueille les visiteurs dans ce qui fut à l’origine le principal point de départ des candidats à l’émigration vers les Etats-Unis. S’il ne fallait visiter qu’un seul musée à Anvers, ce serait sans nul doute celui de la Red Star Line !

Anvers, musée de la Red Star Line.
Anvers, musée de la Red Star Line.

De 1815 à 1940, 60 millions d’émigrants quittent l’Europe, principalement des Juifs d’Allemagne et d’Europe de l’Est, transportant toute leur vie dans quelques valises. Lieux imprégnés d’histoire(s), les bâtiments originaux en briques rouges ont vu passer, du 20 janvier 1873, date du premier voyage du Vaderland vers Philadelphie, jusqu’à leur fermeture définitive en 1934, plus de deux millions de passagers avec en commun un seul rêve : l’Amérique. Des pièces où avaient lieu les examens médicaux et la désinfection des bagages jusqu’aux douches, des salles d’attente à celle des passagers refusés, l’imposant bâtiment aux verrières et aux poutres métalliques apparentes prend le visiteur à bras-le-corps, et le replonge dans des dizaines de parcours individuels, anonymes ou illustres.

Documents originaux, grilles tarifaires, outils et ustensiles de cuisine, passeports, vaisselles, malles, maquettes de navires, reconstitutions de cabines, le musée de la Red Star Line, qui représentait le dernier arrêt sur le continent européen, est un site empli de millions d’âmes et dont on ressort inévitablement bouleversé.

Il est important de noter que la rénovation et l’aménagement du musée de la Red Star Line ont été réalisés par le cabinet d’architectes Beyer Blinder Belle Architects and Planner, à qui l’on doit entre autres la rénovation de Grand Central Station et du musée de l’Immigration d’Ellis Island, à New York.

Avant de quitter Anvers, et si vous aimez la bière, une halte au Bier Central, sur Keyserlei, s’impose ! A deux minutes de la gare centrale, dans un cadre chaleureux et bon-enfant, la carte propose 20 bières pression, et quelques 300 bières en bouteilles. Indécis s’abstenir.

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Si vous désirez aller plus loin :

Belgique, villes d’art (Guide Bleu), aux éditions Hachette. 512 pages. 24,90€.
Office de Tourisme d’Anvers
Office de Tourisme de Bruxelles
Musée de la Red Star Line (réservation obligatoire)
Maison de Rubens
Musée Juif de Bruxelles
Centre Belge de la Bande Dessinée

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