Troisième rafle de l’année 1941, la rafle dite “des notables”, le 12 décembre 1941, menait à l’arrestation et à l’internement à Compiègne de plus de 1.000 juifs, dont 743 français. Ces hommes feront partie du tout premier convoi français envoyé vers le camp d’extermination d’Auschwitz.
Huit ans après 21, rue la Boétie, dans lequel elle nous livrait la passionnante histoire de son grand-père maternel, le collectionneur et marchand d’art Paul Rosenberg, Anne Sinclair revient aujourd’hui sur un autre épisode qui a touché sa famille durant la Seconde guerre mondiale, et nous livre le récit émouvant de Léonce Schwartz, son grand-père paternel.
C’est en cherchant à en savoir plus sur sa vie et surtout de quelle manière il avait pu échapper à la déportation que la journaliste va s’intéresser à cette rafle, assez peu connue du grand public.
Au matin du 12 décembre 1941, Léonce Schwartz, dentellier rue d’Aboukir, est arrêté par la police française, envoyé à l’École militaire, puis au camp de Compiègne-Royallieu sous le matricule 3450.
Au même titre que des centaines d’autres prisonniers ce jour-là – René Blum, frère de Léon Blum, Pierre Masse, sénateur et secrétaire d’état, Jean-Jacques Bernard, fils de Tristan Bernard, Jacques Debré, frère de Robert Debré… -, Léonce Schwartz est considéré comme “einflussreiche juden” (juif influent) par les nazis, qui souhaitent montrer avec cette rafle que nul juif en France n’est à l’abri, fut-il médecin, chimiste, avocat ou sénateur.
Sur les 743 Juifs arrêtés au cours de la rafle des notables, 13 sont polytechniciens, et 55 sont décorés de la Légion d’honneur.
Si au camp de Compiègne – l’un des trois camp français avec Struthof et Drancy -, il n’existe pas de chambre à gaz, les conditions de détention y sont aussi épouvantables que dans les camps de l’Est. Voie de garage durant trois mois, surnommé le “camp de la mort lente”, on y meurt d’épuisement, de faim, de froid…
Avec le concours de son épouse, Marguerite, Léonce Schwartz, gravement malade, est autorisé à quitter Royallieu pour l’hôpital du Val-de-Grâce le 24 février 1942 afin d’y être soigné, échappant ainsi à une déportation et une mort assurés. Durant plus de deux ans, sa femme et lui vivront sous une fausse identité. Mais Léonce, profondément marqué et affaibli, décèdera le 16 mai 1945, une semaine seulement après la libération.
Si Anne Sinclair reconnaît ne pas forcément en avoir appris beaucoup plus sur son grand-père à l’issue de ce livre, et ne pas être parvenu à récupérer les éléments de la saga familiale qu’elle avait imaginée, elle se réjouit en revanche d’avoir pu mettre en avant l’histoire de cette rafle et de ce camp méconnus, ainsi que les destins croisés de nombreux protagonistes.
Le convoi numéro 1 quittera Compiègne-Royallieu pour Auschwitz le 27 mars 1942 avec plus de 1.112 juifs à son bord. La plupart des juifs de la “rafle des notables” font partie de ce convoi. Ils ne reviendront jamais.
La rafle des notables, d’Anne Sinclair, aux éditions Grasset. 128 pages. 13,00€.
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Bonjour, et merci pour votre commentaire et votre intérêt pour nos activités.
En effet, le sujet de la Seconde guerre mondiale, et de la place des Juifs lors de cette période, est aussi riche qu’il est tragique.
Avec « 21, rue la Boétie » et « La rafle des notables », Anne Sinclair nous en dévoile encore d’autres pans…
Des témoignages nécessaires.
Shabbat shalom.
J’ai presque 68 ans et c’est un sujet qui me préoccupe depuis plus de 50 ans. Je suis dans la compassion et dans l’incompréhension … je suis avec beaucoup d’intérêt vos communications sur Facebook et me documente de toutes parts. J’ai récemment lu les deux livres de Daniele Laufer ( sœur aînée d’ une des mes amies de lycée) qui m’ont particulièrement intéressés. Le témoignages-entretiens avec leur mère est bouleversant.
Merci à vous pour votre intérêt, et bonne lecture donc 🙂
Merci pour les listes des livres et des film. Je vais les acheter.