Dieu ne fait rien pour les faibles. Tels sont les termes prononcés par l’officier nazi au camp d’Auschwitz, illustrant bien le constat de l’horreur et de l’inhumanité de la Shoah.
Cette nouvelle pièce de l’auteur, comédien et metteur en scène Alain Girodet, d’une intensité dramatique rare, est tout à fait singulière. Inspirée de faits réels à partir d’un documentaire sur Arte qui a fasciné l’auteur, celui-ci l’a accommodée à sa façon afin d’évoquer un épisode peu connu de la Shoah.
L’impossibilité de dire l’innommable conduit cinq personnages à convoquer chacun sa vérité, son appréhension d’un monde qui posait la question : « où était D.ieu ? » Et qui répond par une autre question : « où était l’homme ? »
Avril 1944. À Zilina, petite ville de Slovaquie, un couple, Daniel et Zabeth, accueillent chez eux deux jeunes filles, Marthe, vingt-trois ans, et Elsa, vingt ans, échapées d’un camp dont on ne sait rien. Qui sont-elles ? D’où viennent-elles ? Que cherchent elles ?
On attend aussi l’arrivée d’un éminent personnage, le Rabbin Jacob Epstein, du Conseil juif, pour mener une enquête sur cette présence.
Le récit qui commence va devenir le récit de l’horreur, de l’impensable. Au départ, ce récit n’apporte que suspicion, doute et méfiance de la part du Rabbin Epstein, qui ira de plus en plus loin afin de résoudre le mystère de ces terribles révélations.
Marthe arrive à l’âge de quatorze ans dans différents camps, et y restera durant neuf ans avant de s’enfuir avec Elsa, plus jeune, plus fragile, et avec laquelle s’établira des liens forts qui mèneront les deux jeunes filles à se reconstruire ensemble.
Mais le témoignage de Martha, jeune fille désaffectée, distante, lointaine car « morte à l’intérieur d’elle-même », intrigue le rabbin Epstein. Que s’est-il réellement passé dans ce camp ?
A l’époque et dans ce lieu, personne ne mesurait encore l’ampleur de la tragédie. D.ieu ne fait rien pour les faibles, qui ne se veut pas une pièce historique, convoque différents questionnements sur la communication de la vérité, le courage, la force du témoignage et la reconstruction après la catastrophe. C’est aussi l’occasion de dresser des portraits de femmes héroïques qui ont apprit à se battre pour leur survie, des femmes qui portent leur destin en main. Mais à quel prix ?
Ces confrontations lors des enquêtes réalisées par Jacob et Daniel s’avéreront riches en rebondissements et en révélations. On se laisse entrainer par ce récit glaçant mais néanmoins pétri d’humanité et d’espoir.
Un livre sortira de ce témoignage afin de faire connaitre au monde la tragdie de la Shoah.
Six interprètes — Ava Cohen, Léonie Perriard, Chloé Gigandon, Erik Chantry et Alain Girodet — et un musicien, Thomas Griffault, avec la collaboration d’Olivier Hamel pour la direction d’acteurs et la création lumière, participent à la réussite de ce texte bouleversant, essentiel et témoin de la part d’ombre de l’humanité.
D.ieu ne fait rien pour les faibles, reprise à partir du 12 septembre 2024 au théâtre de l’Épée de bois.
Si vous désirez aller plus loin :
D.ieu ne fait rien pour les faibles, d’Alain Girodet, aux éditions Maïa. 17,00€.
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