« Cinéma : l’année 1942 » : focus sur une industrie en plein conflit mondial

En France, en Allemagne et aux États-Unis, l’année 1942, bien qu’en plein cœur de la Seconde guerre mondiale, fut très prolifique pour les producteurs et réalisateurs de films.

Des deux côtés de l’Atlantique, l’industrie cinématographique tourne à plein régime.

Sur le nouveau continent, il faudra attendre l’entrée en guerre des Etats-Unis, suite à l’attaque de Pearl Harbor en décembre 1941, pour que les studios d’Hollywood se lancent à un rythme effréné dans la production de films de guerre, de fictions et de documentaires, alors que jusque-là, une certaine retenue avait été de mise.

La raison principale de ce mutisme est que dans leur grande majorité, les majors de la côte Ouest sont détenues par des Juifs immigrés de cette Europe en guerre Sous la pression d’Hitler, qui menaça de représailles les familles et les proches des directeurs de studios restés en Europe en cas de réalisation et de diffusion de films antinazis, ceux-ci préférèrent se concentrer sur d’autres sujets que sur celui du conflit, de la déportation et de l’extermination des Juifs d’Europe, alors pourtant connue.

De 1942 à 1944, près de quatre cents films et documentaires seront donc tournés outre-Atlantique, et essentiellement diffusés aux États-Unis et en Angleterre — le reste de l’Europe étant sous occupation nazie, le cinéma américain y est bien évidemment interdit.

Il faudra donc attendre la fin conflit pour que le public européen découvre entre autre To be or not to be, avec Carole Lombard et Jack Benny, Once upon a honeymoon, avec Ginger Rogers et Cary Grant, sans oublier le célèbre Dictateur de Charlie Chaplin, qui a ouvert en 1940 la voie à l’humour et à la comédie pour traiter d’un sujet aussi grave que celui de la guerre.

A l’instar des Etats-Unis, l’Europe n’est pas en reste en terme de productions cinématographiques. De 1940 à 1944, plus de deux cents films seront produits en France, dont soixante-six pour la seule année 1942, principalement par les studios Continental Films, une société française mais financée par des capitaux allemands, et créée en 1940 par Joseph Goebbels. Le Juif Süss, de Veit Harlan, considéré comme une des productions les plus haineuses du Juif dans l’histoire du cinéma, est projeté de 1941 à 1944, et attire plus d’un million de spectateurs.

Disposant d’un monopole sans précédent, les studios contrôlés par l’Allemagne nazie produisent quantité de films de divertissement et de reportages qui ne sont pas, contrairement à ce que l’on peut penser, uniquement dédiés à la propagande du régime.

Le cinéma allemand, alors à son apogée avec plus de mille films réalisés entre 1933 et 1945 et projetés dans plus de huit mille salles en Europe – dont plus de six mille dans la seule Allemagne, s’impose des Pays-Bas à l’Afrique du Nord.

Tous les grands événements de cette année 1942 sur laquelle revient le Mémorial de la Shoah seront portés à l’écran, de la conférence de Wansee de Heinz Schirk à la rafle du Vél d’Hiv’ de Roselyne Bosch, de la déportation des Juifs du ghetto de Varsovie – avec Le pianiste de Roman Polanski à la bataille de Stalingrad de Jean-Jacques Annaud.

Cinéma : l’année 1942, du 1er avril au 26 août 2012 au Mémorial de la Shoah.

Si vous désirez aller plus loin :

Le dictateur, avec Charlie Chaplin. DVD. 120 minutes.
Le Juif Süss, de Lion Feuchtwanger, aux éditions Livre de Poche. 704 pages. 8,10€.
Le juif Süss et la propagande nazie. L’Histoire confisquée, de Claude Singer, aux éditions Belles lettres. 352 pages. 30,00€.
Les écrans de l’ombre. La Seconde Guerre mondiale dans le cinéma français, de Sylvie Lindeperg, aux éditions Points. 576 pages. 12,00€.
Animation et propagande : Les dessins animés pendant la Seconde Guerre mondiale, de Sébastien Roffat, aux éditions L’harmattan. 328 pages. 27,50€.
Roberto Rossellini et la Seconde Guerre mondiale : un cinéaste entre propagande et réalisme, de Enrique Seknadje-Askénazi, aux éditions L’harmattan. 264 pages. 22,35€.

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