« Forging Ahead » : Ludwig Wolpert et David Gumbel au Musée d’Israël à Jérusalem

Considérés comme les précurseurs du judaïca moderne et comme leurs membres les plus influents, une sélection des œuvres des designers Ludwig Wolpert et David Gumbel sont pour la toute première fois exposées côte-à-côte au Musée d’Israël de Jérusalem, qui leur consacre une très belle exposition jusqu’en avril 2013.

A-travers environ quatre-vingt pièces – dont une quarantaine de Gumbel et vingt-six de Wolpert,Forging ahead : Wolpert and Gumbel, Israeli silversmiths for the modern age propose de revenir sur le parcours des deux artistes, en suivant l’évolution et la mutation de leurs styles respectifs au fil des décennies.

Si d’un point de vue personnel, la seule similitude entre eux pourrait presque être le fait qu’ils aient fui l’Allemagne avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir pour gagner la Terre sainte, artistiquement, ils partageaient quantité de points communs : regards visionnaires, connaissance du matériau, sens de l’esthétisme, besoin de préserver le patrimoine cultuel du Peuple Juif, profond respect pour la Torah et les Textes sacrés, etc.

A peine débarqués en Palestine, ils se désolidarisent presque immédiatement de ce qui dominait alors la scène artistique allemande de laquelle ils sont issus : le Modernisme et le Bauhaus. Mais à-travers les formes et les lignes de certaines œuvres, on constatera que le divorce ne fut jamais réellement consommé.

Contribuant de manière notable à la création de l’école d’art et d’artisanat Bezalel de Jérusalem, ils s’orientent des chemins différents. Tandis que David Gumbel opte très tôt pour l’artisanat, Ludwig Wolpert, lui, se concentre sur le design industriel. Ce choix artistique contribuera grandement à sa renommée internationale, et le mènera à rejoindre le musée Juif de New York au milieu des années 50, où il devient résident permanent. Il prendra ensuite la direction du Tobe Pascher Workshop for Modern Judaica, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort en 1981.

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, de nombreuses synagogues sortent de terre sur tout le territoire américain, offrant aux communautés juives ayant fui le nazisme de nouveaux lieux de culte. Bon nombre d’entre-elles seront construites dans le style moderniste, par les architectes les plus prestigieux de l’époque – Frank Lloyd Wright ou Walter Gropius, fondateur du mouvement Bauhaus, pour n’en citer que deux. Ludwig Wolpert créera pour les décorer de véritables œuvres d’art, arches de la Torah ou ‘hanoukkiot entre autres. Ces lieux de culte vont très vite devenir de véritables musées.

Resté à Jérusalem, Gumbel, quant à lui, devient très sollicité par de nombreuses commandes, et plus particulièrement des commandes officielles. Au nom de l’Etat d’Israël, ses créations sont offertes aux plus hauts dirigeants et dignitaires du monde. Si la mézouza ornant l’entrée de la Cour Suprême de Jérusalem fait partie de ses commandes les plus remarquables, son œuvre la plus emblématique, d’ailleurs présentée dans l’exposition, est sans doute l’étui qu’il a créé afin d’abriter la Déclaration d’Indépendance de l’Etat d’Israël. Son étroite collaboration avec l’Etat hébreu durera jusqu’au début des années 90.

Avec leur vision révolutionnaire et leur style hors-norme pour l’époque, l’influence artistique de Ludwig Wolpert et David Gumbel dépassera les frontières, et ils sont aujourd’hui encore source d’inspiration pour des millions d’étudiants en design à travers le monde.

Grâce à cette exposition exceptionnelle, le Musée d’Israël de Jérusalem met au jour tout un pan de l’histoire du judaïca contemporain.

Forging Ahead: Wolpert and Gumbel, Israeli Silversmiths For The Modern Age, du 23 novembre 2012 au 6 avril 2013 au Musée d’Israël de Jérusalem.

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