« La passagère », le film inachevé d’Andrzej Munk à redécouvrir en salle…

« Munk n’était pas seulement le réalisateur le plus talentueux alors à l’oeuvre en Pologne, mais encore l’une des personnalités les plus attachantes, les plus amusantes et les plus charismatiques de tout le cinéma polonais. »

Roman Polanski.

Tourné au début des années 60, « La passagère », d’Andrzej Munk, est un film inachevé qui ressort au cinéma ce mercredi 25 janvier, en version restaurée.

Cinquième film du réalisateur polonais, tragiquement décédé dans un accident de voiture en cours de tournage, La passagère évoque les destins croisés de deux femmes liées entre elles par l’enfer des camps de concentration nazis. Une oeuvre que Jean-Luc Godard évoquera dans ses Histoire(s) du cinéma comme « l’unique témoignage polonais sur les camps d’extermination. »

Sur un paquebot de luxe, quelque part au milieu de l’océan Atlantique, Liza regagne l’Europe en compagnie de son mari. Une Europe que la jeune femme a quitté depuis plusieurs années. Mais lors d’une escale, elle croit reconnaître Martha, une ancienne détenue des camps de concentration nazis. Liza dévoile alors à son époux un passé qu’elle avait jusque là dissimulé.

Dans une autre vie, Liza était une aufseherin, une surveillante SS ; et Martha était l’une des prisonnières de son kommando. 

Considéré comme l’un des plus grands cinéastes polonais de la Nouvelle Vague, en 1961 Andrzej Munk signait avec La passagère un témoignage essentiel sur l’expérience dans les camps de la mort, et l’étrange relation de domination entre victime et bourreau durant l’Holocauste. 

Une œuvre forte et puissante qui ne fait pas l’impasse sur la réalité des camps, entre humiliations et chambre à gaz, entre typhus et fumées permanentes…

Opposant deux univers diamétralement opposés — le calme d’un luxueux transatlantique d’une part et l’enfer des camps d’extermination de l’autre —, seuls les scènes les plus sombres et les plus tragiques ont pu être filmées par Andrzej Munk ; celles se déroulant sur le liner ont quant à elles été remplacées par des photos prises sur le plateau de l’époque, et sur lesquelles ont été ajoutés des dialogues.

En raison de la mort prématurée d’Andrzej Munk en 1961, il faudra attendre deux années supplémentaires pour que le réalisateur Witold Lesiewicz reprenne en main le projet, procède à son montage et nous livre donc une œuvre interrompue, mais pourtant essentielle. 

Chacun ignorant la fin que Munk souhaitait donner à La passagère, l’épilogue se révèle lui aussi inachevé.

Sorti en 1963 et présenté au Festival de Cannes et au Festival de Venise en 1964, La passagère sera de nouveau projeté sur grand écran à partir du 25 janvier, soixante ans après sa sortie…

La passagère, d’Andrzej Munk, en salle le 25 janvier 2023.

Partagez vos impressions

Cet article vous intéresse ? Laissez un commentaire.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.