« Promenade à Cracovie » : Polanski et Horowitz sur les traces de leur enfance

Le 5 juillet sortira en salle le tout premier film des réalisateurs polonais Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer : « Promenade à Cracovie ».

« Sortira en salle », voilà qui est toutefois présomptueux. « Sortira dans deux salles » serait plus approprié. Car oui, Promenade à Cracovie ne sera disponible que dans deux cinémas sur l’ensemble du territoire national.

Dans ce documentaire — qu’un wokisme aux relents antisémites boycotte en raison de son protagoniste Roman Polanski, qui n’en est même pas le réalisateur —, il ne s’agit pourtant pas d’artistes ou de carrières, mais simplement d’hommes, d’amis qui ont grandi ensemble et vécu la pire période de l’histoire contemporaine, celle des ghettos, des pogroms, de l’extermination des juifs d’Europe. 

Ces deux amis, Roman Polanski et Ryszard Horowitz, se retrouvent sur les lieux de leur enfance, à Cracovie, après s’être perdus de vue durant sept décennies. Et dans ce documentaire, c’est à une balade à laquelle nous sommes invités. Une balade pour faire « revivre leur enfance cracovienne » sur des lieux dont, souvent, il ne reste presque rien.

« Lorsqu’ils se retrouvent confrontés aux lieux qui les ont forgés, ils abordent spontanément des sujets fondamentaux tels que le passage du temps, la mémoire, la quête de sens et la façon dont chacun tente de définir sa propre identité. »

Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer, réalisateurs.

Horowitz et Polanski se souviennent. Ils se souviennent de leur maison d’enfance, leur école, les synagogues où ils allaient avec leurs parents… 

Roman Polanski se rappelle le petit cinéma dans lequel il a passé tant d’heures, et qui ne coûtait presque rien à l’époque. Après la guerre, il vendait des journaux pour pouvoir acheter des billets et assister aux dernières projections.

« Avant chaque scène, nous discutions du sujet qu’ils pourraient aborder, tout en veillant à laisser place à l’improvisation, à des échanges spontanés, imprévisibles. Les lieux qu’ils visitent sont évocateurs de souvenirs d’enfance et de jeunesse, ce qui les pousse à se révéler, à partager des sentiments enfouis en eux. »

Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer, réalisateurs.

Lorsque les juifs durent résider dans le ghetto, il n’était pas rare que les gamins s’en échappe pour quelques heures. Roman Polanski confie que parfois, c’était même pour simplement aller chercher chez le philatéliste. Des timbres qu’il collectionnait avec passion. L’inconscience de l’enfance.

Malgré ses aspects terrifiants, pour certains le ghetto était toutefois synonyme d’espoir, de calme et d’un “retour à la vie normale”.

Bien que son père, Ryszard Liebling, soit mort à Paris, il avait demandé à ce que sa dépouille soit ramenée à Cracovie pour y être inhumée. Roman se rappelle avec amusement de la manière dont le transfert s’est déroulé, pris en charge par une entreprise de pompes funèbres communiste. Sa mère en revanche, Bula, n’a pas survécu. Arrêtée et déportée, elle est assassinée en 1942 à Auschwitz. Quant à Ryszard Horowitz, lui et sa famille ont été sauvés par Oskar Schindler.

« Ils ont survécu à l’Holocauste, l’un grâce à Oskar Schindler, l’autre grâce à des paysans polonais. Malgré ce qu’ils ont enduré, ils ont fait mieux que survivre, ils se sont forgés une place dans le monde, ont connu d’immenses succès et une reconnaissance mondiale dont les gamins du ghetto de Cracovie ne pouvaient même pas rêver. »

Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer, réalisateurs.

Sous son titre international, « Hometown« , Promenade à Varsovie a été projeté dans les salles de cinéma d’une cinquantaine de villes en Pologne — multiplexes et salles indépendantes —, et vu par plus de 12.000 spectateurs. « Un excellent résultat » selon Mateusz Kudla. Il a reçu le Prix du Public 2021 lors du Krakow Film Festival et le Two Riversides Film And Art Festival, ainsi que deux nominations en 2022 au Polish Film Award dans les catégories Meilleur documentaire et Découverte de l’année.

Promenade à Cracovie, de Mateusz Kudla et Anna Kokoszka-Romer, en salle le 5 juillet 2023.

Si vous désirez aller plus loin :

Roman Polanski, de David Ehrenstein, aux éditions Cahiers du Cinéma. 102 pages. 9,95€.
Roman par Polanski, de Roman Polanski, aux éditions Livre de Poche. 748 pages. 10,90€.
Roman Polanski, de Jean-Max Méjean, aux éditions Gremese. 208 pages. 29,00€.

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