« Le Dibbouk », monument du cinéma et du théâtre yiddish…

Monument de la culture yiddish, la version restaurée du film « Le Dibbouk » sera disponible du 1er au 3 février prochains dans le cadre du festival du film Dia(s)porama.

Tourné en 1937 à Varsovie par Michal Waszynski, Le Dibbouk durait à l’origine 125 minutes mais à l’occasion de sa projection en France en mai 1938, sa durée avait été réduite à 95 minutes. Tiré d’une pièce de théâtre en trois actes, l’auteur Sholem Anski avait passé de nombreuses années à travailler sur ce projet, étudiant les contes et les croyances populaires hassidiques à travers de nombreux shtetls de Russie et d’Ukraine.

A Miropol, petite bourgade d’Ukraine, se tient une réunion autour de l’influent Tzadik de la ville. Inséparables depuis toujours, Sender et Nissone, dont les épouses sont toutes les deux enceintes, se font alors une promesse : si D.ieu veut bien leur donner un garçon et une fille, alors leurs progénitures seront promises l’une à l’autre.

Malheureusement, le malheur va frapper chacun d’eux peu de temps après. A son retour, Sender apprends que sa femme a perdu la vie en donnant naissance à leur fille Léyelé ; quant à Nissone, il est tué dans un accident avant même d’avoir pu voir son nouveau-né, un fils, Khonèn.

Les mois puis les années passent, et la vie poursuit son cours… Errant de yeshiva en yeshiva, Khonèn s’arrête dans la ville de Brynitz à l’occasion du shabbat, et fait la connaissance de Sender, dont il ignore tout. Invité à partager le repas du vendredi soir avec la famille, le jeune homme tombe alors sous le charme de Léyelé. Mais Sender, qui ne sait pas que Khonén est le fils de son ami, et a probablement oublié la promesse qu’il lui a fait plusieurs années auparavant, semble déjà avoir promis Léyelé à un autre homme, féru d’étude et craignant D.ieu. Un parti idéal dont la jeune femme n’est toutefois pas amoureuse. Mais qu’importe…

Interprété par les plus grands artistes du théâtre yiddish de l’époque, Le Dibbouk, qui a bien failli disparaître tant son état de conservation était mauvais, a pu être restauré grâce au concours de l’association des Amis de la Commission Centrale pour l’Enfance, propriétaire du négatif abrégé de 1938 et conservé dans les collections de la Cinémathèque Française. Quant aux séquences coupées, elles proviennent d’une copie de sécurité de 35mm de la Cinémathèque de Tel Aviv, conservée à la Cinémathèque de Jérusalem. Les meilleures images de ces deux éléments ont été restaurées une à une pour proposer à nouveau le film dans sa version intégrale.

« Le Yiddish est une langue, une musique, une mélodie, un chant qu’on n’entend presque plus. Le cinéma Yiddish, c’est tout au plus une centaine de films destinés à un public juif vivant ou venant d’Europe de l’Est, tournés essentiellement en Pologne, en Russie et aux USA entre 1930 et 1950. Un monde disparu, évaporé avec ses spectateurs il y a plus d’un demi-siècle. […] Nous les avons restaurés pour faire revivre les images, et entendre à nouveau les mots, les sons et les ambiances d’un monde qui a perdu sa voix. Dans ces témoignages précieux, certains reconnaîtront des images d’enfance, des liens avec des origines racontées, des éclats de vie où sourient ceux que l’on n’a pas connus. Ces films sont un voyage dans le temps, souvent produits avec des moyens modestes et dans des conditions terribles… mais ils sont là. Simples. Sincères. […] Un tout petit moment d’éternité, tout simplement. »

Serge Bromberg.

Le Dibbouk, du 1er au 3 février sur la plateforme VOD du festival Dia(s)porama.

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