Les Camondo, une dynastie de Constantinople à Auschwitz (4ème partie)

Le musée Nissim de Camondo, un hôtel particulier au coeur de Paris. Bâties sur trois niveaux, les pièces qui se succèdent sont de véritables petits musées dans lesquels évoluent la famille Camondo et ses prestigieux invités.

Derrière le hall d’entrée et son grand escalier, au rez-de-chaussée bas, se trouvent les espaces de service, cuisine, offices et autres annexes. Entièrement carrelée de faïence blanche, y compris au plafond, pour faciliter l’entretien, la cuisine est composée d’un imposant fourneau central ainsi que d’une rôtisserie murale, tous deux en fonte. Pour isoler du bruit, des odeurs et surtout de la chaleur la salle à manger, située juste au-dessus, la cuisine est équipée d’un double plafond.

Faute d’avoir pu trouver une rampe aux proportions adaptées au grand escalier du hall d’entrée, celle-ci fut commandée à la maison Baguès, et reproduit parfaitement le modèle de celle de l’escalier de l’hôtel Dassier, à Toulouse. Au pied de celui-ci, une statue représente Vénus et l’Amour, tandis que le mur menant au premier niveau est recouvert d’une tapisserie des Gobelins aux armes du marquis d’Argenson, datant de 1680.

Une succession de bureaux, de salons, de salle à manger, de cabinet de porcelaine compose le rez-de-chaussée de la demeure. Tout comme pour la bibliothèque, située au premier étage, ce furent les dimensions des boiseries des différentes pièces, principalement acquises vers 1911, qui déterminèrent l’élévation des étages au moment de la construction du bâtiment. Richement décorés, les murs des nombreuses pièces sont couverts de tapisseries d’Aubusson ou de Jean-Baptiste Huet, de peintures signées Vigée Le Brun ou Francesco Guardi, d’esquisses de Jean-Baptiste Oudry, ou encore d’aquarelles de Johan Jongkind.

Aux sols se trouvent des tapis de la manufacture de Beauvais ou de la Savonnerie, et le mobilier est composé de chaises de Jean-Baptiste Sené ayant appartenu à Madame Elisabeth, sœur de Louis XVI, de secrétaire à cylindre de Claude-Charles Saunier, de chiffonnière en bois de rose de Charles Topino, de commode de Jean-Henri Riesener…

Dans la salle à manger, la porcelaine de Sèvres se mêle aux pièces d’argenterie provenant d’un service commandé en 1770 par Catherine II de Russie, et présentés sur la grande table en acajou dressée comme si les maîtres de maison venaient tout juste de s’absenter.

Séparé par un palier, un très bel escalier mène au premier étage où se trouvent les appartements privés. Abritant à l’origine la chambre de Béatrice de Camondo, qui quitta l’hôtel en 1923 à la naissance de son fils Bertrand, le salon bleu était une des pièces favorite de Moïse de Camondo dans laquelle il aimait venir se reposer, lire ou travailler sur son bureau Claude-Charles Saunier. Recouverte de boiseries et de rayonnages de chêne, la bibliothèque en rotonde donnant sur le jardin confère quant à elle une ambiance chaleureuse et intime. Essentiellement composée de catalogues de ventes ou de revues, Moïse de Camondo regrettera par la suite de n’avoir pas enrichi ses étagères d’ouvrages rares ou originaux.

La visite s’achève avec les appartements de Moïse, meublé d’un large lit à trois chevets en damas rouge et décoré de tapis de la Savonnerie et de groupes de biscuits de Sèvres, et par ceux de son fils Nissim, que le jeune homme occupait lors de ses permissions. Visible dans son intégralité depuis sa restauration en 2003, cette dernière abrite des scènes de chasse d’Alfred de Dreux rappelant le goût de la famille pour ce loisir aristocratique, un bureau en acajou de Joseph Feurstein, une table de toilette en bois de violette et bronze de Charles Topino.

Si vous désirez aller plus loin :

Le dernier des Camondo, de Pierre Assouline, aux éditions Folio. 338 pages. 8,40€.
Les Camondo ou l’éclipse d’une fortune, de Sophie le Tarnec et Nora Seni, aux éditions Babel. 480 pages. 9,80€.
Correspondance et journal de campagne de Nissim de Camondo (1914-1917), de Nissim de Camondo, aux éditions Musée des Arts Décoratifs. 276 pages. 39,00€.
Musée Nissim de Camondo, la demeure d’un collectionneur, de Marie-Noël de Gary, aux éditions Musée des Arts Décoratifs. 320 pages. 50,00€.
Le mobilier du musée Nissim de Camondo, de Sylvie Legrand-Rossi, aux éditions Faton. 228 pages. 75,00€.

1 commentaire sur Les Camondo, une dynastie de Constantinople à Auschwitz (4ème partie)

  1. C’est merveilleux cet article, m’a grande surprise a été de savoir que les meubles de la Bienhereuse et martyre Madame Élisabeth de France et de Navarre, c’est yrouvent dans le Musée. Elle a été exécuté à la guillotine le 10 mai de 1794, avant sa morte tragique, cette formidable sœur du Roi Louis XVI, avait écrit une prière pleine de foi et confidence en Dieu.

    Voici une Prière pour obtenir le détachement et la confiance « Que m’arrivera-t-il aujourd’hui, ô mon Dieu, je l’ignore » composée par Madame Élisabeth de France (1764-1794), sœur du Roi Louis XVI, à la prison du Temple avant d’être guillotinée. Avant son exécution, la Princesse réclamera sans succès les secours d’un Prêtre que l’affreux révolutionnaire français Fouquier-Tinville refusera avec dérision.

    La Prière de Madame Élisabeth de France « Que m’arrivera-t-il aujourd’hui, ô mon Dieu, je l’ignore » :

    « Que m’arrivera-t-il aujourd’hui, ô mon Dieu, je l’ignore. Tout ce que je sais, c’est qu’il ne m’arrivera rien que Vous ne l’ayez prévu de toute éternité. Cela me suffit, ô mon Dieu, pour être tranquille. J’adore vos Desseins éternels, je m’y soumets de tout mon cœur. Je veux tout, j’accepte tout, je Vous fais un sacrifice de tout ; j’unis ce sacrifice à Celui de votre cher Fils, mon Sauveur, Vous demandant, par son Sacré-Cœur et par ses Mérites infinis, la patience dans mes maux et la parfaite soumission qui Vous est due pour tout ce que Vous voudrez et permettrez. Ainsi soit-il. »

    Madame Élisabeth de France (1764-1794)

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