Les vitraux de Chagall, dans la chapelle d’axe de la cathédrale de Reims

La première visite de Chagall dans la ville de Reims date de 1957, une visite qui va rapidement donner naissance à une collaboration de choix avec le maitre-verrier Charles Marq et l’atelier Jacques Simon, avec lesquels il va réaliser d’importants travaux de vitraux en France mais aussi dans le monde.

Citons entre autre la cathédrale de Metz, le siège des Nations-Unies à New-York, l’église de Tudeley, la chapelle Rockefeller à Pocantino Hill ou encore les vitraux de la synagogue de l’hopital Hadassah de Jérusalem. Une association fructueuse qui va contraindre l’artiste à rejoindre la cité champenoise de plus en plus fréquemment dès la fin des années 50.

Marc Chagall aime Reims, et en particulier sa cathédrale, joyau de l’art gothique et lieu de sacre des rois de France. Aussi, lorsqu’en 1958, moins de dix ans après sa première visite dans la ville, le Comité des Bâtisseurs de Champagne-Ardenne décide de lui passer commande pour une série de vitraux dans la cathédrale, c’est pour lui à la fois un honneur – quelque peu teinté d’inquiétude – mais aussi un symbole de rapprochement et d’unité : l’artiste Juif le plus célèbre du monde va apporter sa contribution à un monument emblématique de l’Histoire de France.

« Pour moi, un vitrail représente la cloison transparente entre mon coeur et le coeur du monde. Le vitrail est exaltant, il lui faut de la gravité, de la passion. Il doit vivre à travers la lumière perçue. La lecture de la Bible est déjà la lumière, et le vitrail doit en manifester l’évidence par sa grâce et sa simplicité. »

Marc Chagall.

Lorsque Chagall se met au travail, il ignore encore à quelle chapelle de la cathédrale ses vitraux seront destinés. Ce n’est qu’en 1971 que Jacques Duhamel, alors ministre de la Culture, décide officiellement de leur emplacement : ils prendront place dans la chapelle d’axe du déambulatoire, en remplacement de ceux réalisés au XIXe siècle par Coffetier et Steinheil.

Chagall commence par s’imprégner de l’atmosphère de l’édifice, et principalement des verrières médiévales. Il demande à Charles Marq de lui restituer les couleurs, surtout les bleus anciens, afin de conserver l’harmonie du lieu. Conjuguant modernité du dessin et de la composition, il amorce dès lors son travail en collant des morceaux de tissu sur des maquettes préparatoires, poursuivant ensuite à la gouache sur des maquettes de plus en plus grandes.

Couvrant une surface d’environ 75m2, l’ensemble des verrières, hautes de 10 mètres, est réparti en six lancettes et trois rosaces.

Avec les deux panneaux centraux, sur lesquels il choisi d’évoquer l’histoire d’Abraham et les derniers instants de vie terrestre du Christ, l’artiste rassemble dans une même composition les fondements de l’Ancien et du Nouveau Testament : Abraham et les trois anges, Abraham bénit Isaac, Jacob voit en songe la montée et la descente des anges, et l’ensemble est dominé par le Christ en croix, surplombé d’une rosace figurant le rayonnement de l’Esprit Saint couronné par la main du Créateur.

Le choix de la chapelle d’axe permet également à Chagall de renouer avec la tradition qui, depuis la basilique de Saint-Denis en 1144, a choisi cet emplacement d’élection pour représenter l’Arbre de Jessé, témoignant de l’Incarnation et de la Vie de Jésus et de la Vierge.

Les deux panneaux de gauche expriment quant à eux l’attente de l’Ancien Testament. Ils figurent donc l’Arbre de Jessé, auquel se rattache la généalogie de la Vierge, sous le vocable de laquelle est placée la cathédrale. Du flanc de Jessé sort la branche donnant naissance aux rois de Juda, dont Chagall n’a retenu que Saül, le roi rejeté, David, qui joue de la harpe, son instrument préféré, et Salomon, sur son trône rendant la justice. Avec ce choix restreint, Chagall peut exploiter pleinement la partie supérieure, qu’il consacre tout entier à la Vierge et à son enfant aux côtés du peuple en prière.

La rosace couronnant la composition figure quant à elle les prophètes annonçant le Messie : Isae, Jeremie, Daniel, Jonas, Job, Moïse entourant Elie qui s’élève sur son char de feu, le tout dominé par un chandelier à sept branches, symbole de la lumière d’Israël.

Enfin, les fenêtres de droite font écho à celles de gauche, et intègrent quelques-unes des grandes heures de Reims : le baptême de Clovis, événement majeur dans l’histoire de la cathédrale, le sacre du jeune Saint-Louis ou encore celui de Charles VII en présence de Jeanne d’Arc, prolongeant en quelque sorte l’arbre de Jessé dans le Nouveau Testament. A la suite de David et de Salomon, et à l’exemple du Bon Samaritain, les souverains doivent, tel Saint-Louis, accomplir leur mission avec justice et sagesse.

Six ans auront été nécessaires, de 1968 à 1974, pour réaliser ce chef-d’oeuvre, un travail rendu possible grâce au mécénat du Comité des Bâtisseurs de Champagne-Ardenne et à une souscription lancée par les Amis de la cathédrale de Reims, pour un coût total d’environ 300 000 francs de l’époque.

Les vitraux seront inaugurés le 14 juin 1974 en présence de l’ambassadeur d’URSS, du maire de Reims, et de la Princesse de Caraman-Chimay, présidente des Amis de la cathédrale de Reims.

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1 commentaire sur Les vitraux de Chagall, dans la chapelle d’axe de la cathédrale de Reims

  1. Coucou Maud et Thierry
    un petit avant-goût de la chapelle de l’axe qui se trouve dans la cathédrale de Reims.

    Bisous à vous 2

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