Marcus Klingberg. Ce nom ne vous dit peut-être rien, pourtant, dans les années 80, Marcus « Marek » Klingberg était considéré comme l’un des plus dangereux espions de l’Etat d’Israël.
Admirateur des romans de John le Carré, proche de Moshe Dayan ou de Golda Meir, cet ancien étudiant en médecine quitte Varsovie et son antisémitisme en septembre 1939 pour s’installer en URSS. Il ne reverra jamais sa famille, entièrement assassinée par les nazis.
En 1941, au lendemain de l’Opération Barbarossa, Marcus Klingberg rejoint les rangs de l’armée Rouge au sein du service de santé avant d’intégrer deux ans plus tard les services d’épidémiologie de la république de Biélorussie.
Lorsqu’en mai 1948 David Ben Gourion proclame à Tel Aviv l’Indépendance de l’Etat d’Israël, craignant de voir revenir des jours sombres sur l’Europe, Marcus Klingberg décide de gagner le jeune Etat hébreu. Mais avant même l’indépendance du pays, Ben Gourion avait déjà chargé une équipe de recruter divers scientifiques capables de « tuer et guérir en masse » ; en clair, des personnes prêtes à concevoir des armes biologiques. Marcus Klingberg, alors en poste dans le corps médical de l’armée, intègre donc l’Institut de recherche biologique de Ness-Ziona, en banlieue de Tel Aviv, où il dirige le programme clandestin d’armement bactériologique le plus secret du pays.
Soupçonné durant vingt ans par le Shabak et le Shin-Bet, Marcus Klingberg est finalement arrêté en janvier 1983 et accusé d’espionnage au profit de l’URSS. En raison du caractère sensible de ses activités, son identité est tenue secrète et le procès n’est pas rendu public. « Etat d’Israël contre X » pouvait-on lire… Pour des raisons de sécurité et éviter des représailles de la part des autres détenus, il est incarcéré à la prison d’Ashkelon sous un faux nom.
En pleine Guerre froide, qu’est-ce qui a pu pousser cet homme, rescapé de la Shoah et vétéran de l’indépendance d’Israël, a livrer ses recherches à l’URSS ?
Basé sur de nombreuses rencontres et interviews – Michael Sfard, avocat et biographe de Marcus Klingberg qui a enregistré plus de cent heures d’interview ; Peter Pringle, qui enquête sur lui et tente de le retrouver lorsqu’il apprends qu’il aurait mystérieusement disparu en Europe ; Yaakov Peri, ancien directeur du Shin Bet ; Ian Brossat, petit-fils de Klingberg et porte-parole du PCF ; Alfredo Morabia, historien de l’épidémiologie ; Avner Cohen, expert en armement non-conventionnel… -, ce reportage aux allures de feuilleton d’espionnage mêle à la fois histoire individuelle et Histoire de l’Europe, de la Seconde Guerre mondiale aux premières décennies d’existence d’Israël.
Marcus Klingberg est mort à Paris en 2015 à l’âge de 97 ans.
Marcus Klingberg, un pur espion, de Rémi Lainé et Yaël Vidan, sera projeté le 4 février à 18h00 à l’Espace Rachi Guy de Rothschild, et disponible en VOD du 5 au 6 février dans le cadre du festival Dia(s)porama.
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