« New York la juive » (1) : Liberty Island, la porte du Nouveau Monde

Porte d’entrée vers le Nouveau Monde, la Statue de la Liberté, qui tourne le dos à New-York pour mieux accueillir les arrivants du « vieux continent », était la première image des Etats-Unis pour des millions d’immigrants fuyant la tyrannie ou venant chercher en Amérique une vie meilleure.

Offerte par la France afin de commémorer le 100ème anniversaire de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis, « Lady Liberty », haute de 46 mètres – 93 mètres avec le piédestal –, est entrée dans le port de New-York le 17 juin 1885 à bord de la frégate L’Isère, ses 350 pièces réparties dans 224 caisses.

Riche en symboles – une chaîne brisée au pied pour fuir la tyrannie, une tablette dans la main droite avec la date du 4 juillet 1776 en chiffres romains, date de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis, et surtout la flamme de sa torche éclairant le monde et apportant vérité et justice –, ce monument emblématique incarne à lui seul toutes les valeurs chères à l’Amérique.

Pour sa conception, le sculpteur Auguste Bartholdi s’est inspiré du colosse de Rhodes, et l’on prête au visage de « Lady Liberty » quantité d’identités, de Charolotte Bartholdi, la mère du sculpteur à Isabella Eugénie Boyer, veuve du milliardaire américain Isaac Singer, en passant par Sarah Coblenzer. La mort de Viollet-le-Duc en 1879 contraint Bartholdi à chercher un nouvel ingénieur chargé de l’armature intérieure de la statue. Ses choix se portent sur celui qui livrerait quelques années plus tard à la France son plus fameux monument, Gustave Eiffel.

Si la construction de la statue, son transport et son montage sur place étaient gérés par l’Etat français, les Etats-Unis avaient quant à eux en charge l’érection piédestal sur lequel elle devait reposer. Mais les fonds nécessaires à sa construction peinèrent à être rassemblés, au point que le projet fut fortement compromis.

Afin de sensibiliser le public américain, et tandis que sa tête était exposée à Paris – les français la considérèrent même comme la huitième merveille du monde –, le Madison Garden accueillit de 1876 à 1882 le flambeau et le bras de la statue, qui étaient déjà présents sur le sol américain dans le cadre de l’Exposition Universelle de Philadelphie. Pour cinquante cents, on pouvait même monter sur le balcon de la torche.

Emma Lazarus, une poétesse juive américaine d’origine portugaise, émue par le sort des Juifs d’Europe, apporta sa pierre à l’édifice en écrivant un poème, The New Colossus, aujourd’hui gravé sur une plaque de bronze dans une paroi du piédestal, qu’elle vendit ensuite aux enchères :

[…] Garde vieux monde tes fastes d’un autre âge,
donne-moi tes pauvres, tes exténués, tes masses innombrables aspirant à vivre libres,
le rébus de tes rivages surpeuplés, envoie-les moi, les déshérites,
que la tempête me les rapporte.
Je dresse ma lumière au-dessus de la porte d’or. […]

Emma Lazarus.

Finalement, les fonds nécessaires seront rassemblés à l’été 1884, et la première pierre posée le 5 août de la même année. Signé Richard Maurice Hunt et Charles P. Stone, qui se sont inspiré du phare d’Alexandrie pour sa réalisation, le piédestal de style ionique est recouvert de granit rose du Connecticut. Les travaux seront achevés deux ans plus tard, quasiment jour pour jour.

Inaugurée en grandes pompes le 28 octobre 1886 – avec dix ans de retard –, ce symbole de liberté ne comptera parmi ses invités officiels aucun noir, ni aucune femme.

La statue de la Liberté servira de phare de 1886 à 1902, et durant les soixante années que dureront l’exploitation d’Ellis Island, elle souhaitera la bienvenue à pas moins de douze millions d’immigrants.

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2. Ellis Island, ile de l’espoir, ile des larmes

2 commentaires sur « New York la juive » (1) : Liberty Island, la porte du Nouveau Monde

  1. Bonjour Mymy et shavoua tov. Vous souhaitez connaître une date pour quoi ?
    Nous restons à votre disposition.
    L’équipe Cultures-J.

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