« Operation Brothers » : focus sur la folle exfiltration des Juifs d’Éthiopie

Parmi la multitude de programmes proposés par la chaîne de streaming Netflix, un grand nombre traite d’événement historiques, relatant des faits plus ou moins connus. Qu’en est-il donc d’Operation Brothers, réalisé en 2019 par Gideon Raff, célèbre réalisateur et scénariste israélien à qui l’on doit entre autre HaTufim, adapté sous le nom de Homeland aux Etats-Unis ?

Operation Brothers, ou Red Sea Diving Resort, revient sur un épisode humanitaire et historique d’envergure, inédit, mis sur pied par l’État d’Israël et le Mossad dans les années 80. 

Ethiopie, 1979. Au pouvoir depuis la chute de Sélassié en 1974, la junte militaire pro-communiste procède au massacre des populations civiles, dont l’importante communauté juive Beta Israel, descendante de la tribu de Dan, une des tribus perdues d’Israël. Comme des millions de personnes, ils tentent de fuir vers le Soudan voisin, où après des semaines de marche et des centaines de kilomètres à travers le désert, ils trouvent refuge dans des camps comme Gedaref ou Kassala entre autre. Reconnus comme « juifs » par le gouvernement israélien, celui-ci décide dès 1977 de venir en aide aux Beta Israel, et de les rapatrier en Terre Sainte. 

Dans le péninsule du Sinaï, sous couvert d’une société-écran suisse, le Mossad acquiert un hôtel abandonné, le Red Sea Diving Resort, qui va servir de couverture et de plateforme pour l’exfiltration par mer de ces milliers de civils. Ne jouissant d’aucun soutien officiel du gouvernement israélien, les membres de l’opération Brothers, menée par Ari Levinson, savent qu’ils n’ont aucun droit à l’erreur. 

Le Red Sea Diving Resort est réhabilité, et une fois la nuit tombée, les activités de plongée cèdent le pas à des ballets de camions chargés de Juifs éthiopiens, embarqués à la hâte sur des canots à moteur, puis sur l’INS Bat Galim, qui rejoint Israël via la Mer Rouge, à trois jours de navigation.

Mais les militaires locaux ne vont pas tarder à s’intéresser à l’établissement ainsi qu’à ses gérants, et deviner ce qui déroule dans cet hôtel à l’allure irréprochable, mettant l’opération, les membres de l’équipe ainsi que les réfugiés en danger.  

Inspiré d’une histoire vraie, racontée par l’un de ses anciens agents, Gad Shimron – que Chris Evans rencontrera pour les besoins du rôle -, dans son livre Mossad Exodus : The Daring Undercover Rescue of the Lost Jewish Tribe, Operation Brothers met donc en lumière un épisode fort peu connu de l’histoire d’Israël et de ces Juifs éthiopiens, sauvés par milliers d’une mort certaine et ramenés sur la terre d’Abraham après des siècles d’exil.

D’Amsterdam à Jérusalem, de Khartoum à Zurich, le téléspectateur vit l’opération depuis la construction de l’équipe jusqu’à la dernière évacuation, en 1982. Pour des raisons de sécurité évidentes, le film a cependant été tournée en Namibie et en Afrique du Sud, où l’hôtel a été reconstruit. Avec une production parfois un peu trop « hollywoodienne » et malgré une belle distribution qui peine cependant à convaincre, l’intérêt principal d’Operation Brothers semble ne résider que dans l’anecdote historique, qui mérite d’être plus largement connue.

On estime à environ 7.000 le nombre de Juifs éthiopiens qui ont pu être sauvés au cours de cette opération qui s’étale sur trois ans, mais quelques 1.500 d’entre-eux mourront dans les camps de Gedaref ou Kassala avant d’avoir pu être évacués. La dernière mission ayant failli être fatale, les opération maritimes sont abandonnées, et remplacées par des ponts aériens, en 1984 avec l’Opération Moïse, puis en 1991 avec l’Opération Salomon.

Plus de trois décennies plus tard, on sait désormais que la réalité de cet épisode fut moins glorieux qu’il n’y paraît. Si Operation Brothers revient sur l’exfiltration elle-même, un autre film, Va, vis et deviens, réalisé en 2005 par Radu Mihaileanu – superbe -, évoque quant à lui la dure réalité de ces dizaines de milliers de Juifs éthiopiens ramenés dans un état-providence dans lequel rien n’avait été préparé pour leur accueil, encore moins pour leur intégration.

On estime aujourd’hui à environ 150.000 le nombre de Juifs éthiopiens et de leurs descendants vivant en Israël.

Enfin, pour la petite histoire, durant sa période d’exploitation par les agents du Mossad, le Red Sea Diving Resort dégagea contre toute attente des bénéfices importants. Abandonné après l’opération Brothers, il fut de nouveau réhabilité puis réouvert au public et aux curieux, très nombreux dès lors que toute l’affaire sera révélée à la presse.

Operation Brothers, de Gideon Raff, actuellement sur Netflix.

Si vous désirez aller plus loin :

La reine de Saba, de Marek Halter, aux éditions Pocket. 352 pages. 3,00€/
Les Juifs d’Ethiopie : de Gondar à la Terre Promise, de Lisa Anteby-Yemini, aux éditions Albin Michel. 240 pages. 9,50€.
Les Juifs éthiopiens en Israël : les paradoxes du paradis, de Lisa Anteby-Yemini, aux éditions CNRS. 612 pages. 33,00€.
Mission secrète : Addis-Abeba – Jérusalem, de Tereska Torrès, aux éditions Tallandier. 187 pages. 16,90€.
Va, vis et deviens, de Radu Mihaileanu. DVD. 140 minutes.
Opération Moïse, de Radu Mihaileanu. DVD. 95 minutes.

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1 commentaire sur « Operation Brothers » : focus sur la folle exfiltration des Juifs d’Éthiopie

  1. J’ai lu qu’Israël à considéré que les juifs éthiopiens ont finalement été considérés par ISRAËL, comme des arriérés. Alors pour les femmes enceintes ils leur ont dits que le bébé était mort né, ou atteint d’une maladie. Ils ont obligé toutes les femmes éthiopiennes à être sterelisees. Tout ça pour stopper le renouvellement de cette population soit disant arrièrère. C’EST UNE HONTE ET UNE HORREUR DE L’ÉTAT D’ISRAËL.

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