

Du 12 au 30 mars 2025, les planches de La Seine Musicale se transforment en quartier mal famé pour accueillir Peaky Blinders. The Redemption of Thomas Shelby. Interprété par les danseurs de la compagnie londonienne Rambert, ce spectacle est adapté de la fameuse série du même nom, créée en 2012 par Steven Knight.
Si les Shelby de la série n’ont jamais existé – il semblerait que le véritable nom de cette famille ait été Sheldon -, de nombreux personnages que l’on retrouve à l’écran sont bel et bien inspirés de gangsters ayant réellement vécu à l’époque, et se partageant le crime organisé dans l’Angleterre du début du 20ème siècle : Billy Kimber, Alfie Solomon, Darby Sabini…
De Londres à Manchester, en passant par Liverpool ou Birmingham – en 1870 la ville la plus dangereuse et violente du pays -, des gangs de la pègre contrôlent les métropoles du Royaume-Uni et se livrent une guerre de territoires parfois sanglante. Birmingham ne compte alors que quatre cents policiers, soit un policier pour plus de huit cents habitants. On imagine aisément les difficultés du maintien l’ordre dans cette ville à la réputation effroyable.
Tel est donc le décor de cette série à succès inspirée des Birmingham Boys, un gang dirigé par Billy Kimber, l’un des grands patrons de la pègre britannique. Kimber a bâti à Birmingham un empire basé sur la violence et l’intimidation. Mais lorsque qu’il va vouloir étendre son influence plus au Sud, vers la capitale, les conflits entre bandes rivales vont éclater. Et parmi les premières victimes de cette guerre, les bookmakers juifs dirigés par Alfred « Alfie » Solomon, chef des Yiddishers.
« Nous l’avons dépeint comme un personnage drôle et tranchant. Les gangs juifs de l’East End ont été tout aussi célèbres mais pour une raison inconnue, l’histoire semble s’être plus particulièrement souvenue d’Alfie Solomon. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être qu’il a été poursuivi plus souvent. Dans la série, Solomon est le chef d’un gang juif basé à Camden Town et dirige une distillerie illégale.”
Steven Knight, réalisateur de la série « Peaky Blinders ».
Contrairement à son homonyme de la série, Alfie Solomon n’a pas fui les pogroms de Russie mais est né en Angleterre dans les années 1890 ; et il ne réside pas à Camden Town mais à Whitechapel. C’est après la Première Guerre mondiale qu’il devient bookmaker dans les hippodromes de Londres. Racketté et battu par les hommes de Billy Kimber, Alfie Solomon se défend ardemment mais cet événement marque le début des rivalités entre les Yiddishers et les Sloggers de Birmingham, devenu entre-temps les Peaky Blinders. Proche de Darby Sabini, parrain de la mafia sicilienne à Londres avec qui il est allé à l’école, Alfie Solomon va lui demander aide et protection et dès lors, ce conflit urbain va prendre le nom de « Guerre des hippodromes ».
En 1921, Alfred Solomon fut inculpé pour le meurtre de Billy Kimber, assassiné juste devant l’appartement de Darby Sabino. Solomon fut par la suite acquitté, tous les témoins ayant « oublié » les faits. Voilà qui renvoie à notre dernier article dans le magazine L’Arche sur la Yiddish Connection de Chicago… Mais en 1924, il est de nouveau accusé pour le meurtre du bookmaker Buck Enden, poignardé dans la rue et décédé avant de pouvoir être conduit à l’hôpital.
Peaky Blinders. The Redemption of Thomas Shelby, du 12 au 30 mars 2025 à La Seine Musicale.