Avec « 1618 », Luis Ismaël nous emmène sur les traces des juifs de Porto

Si l’année 1492 dans la Péninsule ibérique nous évoque immédiatement l’expulsion des juifs d’Espagne, il semblerait que l’histoire des juifs du Portugal, tout aussi dramatique, nous soit cependant moins connue.

Quatre ans après son voisin espagnol, le Portugal publie lui aussi un décret donnant aux juifs et aux musulmans dix mois pour quitter le pays. Mais conscient que l’effet des vagues de départs similaires à celles d’Espagne pourraient avoir sur l’économie nationale, le souverain se ravise quelques mois plus tard et ordonne le baptême forcé de tous les enfants du royaume. On imagine sans mal le drame et les horreurs qu’une telle décision a pu engendrer.

Il faudra attendre la fin de l’année 1531 pour que l’Inquisition portugaise soit officiellement établie. Plus violente encore que celle des Rois Catholiques, elle fut également encore plus contraignante en interdisant purement et simplement aux juifs de quitter le pays, possibilité qui leur avait été offerte en Espagne quelques décennies plus tôt.

Si dans certaines cités il étaient relativement protégés, comme à Porto par exemple, leur existence allait bientôt prendre une tournure tragique. C’est le sujet de 1618, du réalisateur portugais Luis Ismaël. 

Porto, mars 1618. « Nouveaux juifs », Antonio Alvares et Frederico Moccata sont des commerçants aisés de la ville. Antonio vit avec son épouse Adélaïde, tandis que Frederico, veuf, élève seul sa fille Ana, secrètement amoureuse de Daniel Dias, le corregedor chargé des affaires administratives et juridiques de la cité.

Tandis que dans les instances de la ville, on évoque la probable visite d’un représentant du Saint Office, qui aurait des doutes sur la sincérité de certaines conversions, les premières inquiétudes se manifestent parmi les marranes, pratiquant leur culte en secret. Inquiétudes qui vont inévitablement déclencher les premières migrations, discrètes et de nuit, vers Salonique, Damas et surtout les Pays-Bas où les plus fortunés ont déjà mis leur argent à l’abri. 

Serait-il possible que le judaïsme et sa pratique perdurent, après plus d’un siècle sans synagogue, sans école, sans littérature ? 

Avec l’arrivée du visitador Sebastao Noronha, suspicions, rancunes, jalousies et mensonges vont se faire jour. Quand même son ombre devient suspecte, à qui peut-on se fier ? 

Frederico Moccata apprend qu’il est surveillé, tandis que son ami Antonio Alvares, que Noronha considère comme l’un des principaux obstacles à sa politique antisémite, est arrêté et emprisonné. Peut-être ce dernier aurait-il bien fait de suivre les conseils d’Adélaïde, et fuir le temps que cela était possible. 

Porto, jadis havre de paix qui avait vu arriver en 1492 une trentaine de familles espagnoles menées par l’éminent rabbin Isaac Aboab, était en passe de basculer dans le cauchemar.

Initié par la communauté juive de Porto, 1618 est réalisé par Luis Ismaël avec sans doute le désir de dépeindre l’Histoire comme un éternel recommencement, considérant que les erreurs d’hier peuvent encore être constatées de nos jours. 

Pour sa réalisation, Luis Ismaël s’est attelé à apporter le plus de réalité possible, tant au niveau des lumières, recréant l’éclairage de l’époque, que pour la reconstitution de décors historiques aujourd’hui disparus. Sans oublier que de nombreux protagonistes du film ont réellement existé, et reprennent ainsi vie à l’écran.

Après Sefarad en janvier 2022, Luis Ismaël semble poursuivre avec 1618 son hommage aux communautés séfarades de la péninsule ibérique.

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