Actuellement au Musée d’Israël à Jérusalem, la très belle exposition Jerusalem In Detail invite habitants, mais aussi promeneurs et curieux, à lever les yeux et à regarder la ville différemment, à observer ces centaines de détails devant lesquels tout un chacun passe chaque jour sans même y porter attention.
Maintes fois conquise, maintes fois reprise, multiculturelle par excellence, Jérusalem regorge de témoignages des dominations successives qu’elle a subie, aussi nombreuses que variées, et qui ont laissées à chaque fois derrière elles des empreintes précieuses, méconnues pour qui ne s’y intéresse pas.
Divisée en sept sections, Jerusalem in detail met en lumière à la fois la symbolique et l’esthétisme, le style architectural, mais aussi les différentes techniques propres à chaque période de l’histoire. Pour accueillir le visiteur dans chacune d’elle, une photographie très grand format illustre le thème concerné.
A commencer par l’élément traditionnel de l’Islam, les céramiques multicolores, qui vont connaître une importante évolution lorsqu’en 1917, sous le Mandat Britannique, Ronald Storrs, gouverneur de la ville, crée la Pro-Jerusalem Society, sorte de coopérative où musulmans, juifs et chrétiens travaillent ensemble à moderniser ce style décoratif emblématique de toute une culture. Pour le compte du céramiste arménien David Ohanessian, qui possède un atelier Via Dolorosa, la Pro-Jerusalem Society signera, entre autre travaux d’exception, les céramiques de la Coupole du Rocher, du musée Rockefeller, ou encore de l’American Colony Hotel… Des ouvrages partiellement présentés sur l’un des murs de la section.
On y découvre aussi bien entendu les différentes influences architecturales, comme celle provenant d’Allemagne, dont l’un des exemples les plus frappants est sans aucun doute l’Augusta Victoria Compound du Mont des Oliviers. Il y est également fait mention de l’évolution des métiers de la pierre, dont les gravures en hébreu, en arabe, en grec, en russe… vont devenir de plus en plus délicates, ou encore celui du fer, passant au fil des siècles d’une finition grossière et maladroite à des chefs-d’oeuvre en fer forgé, comme en témoignent les nombreuses et très belles reproductions présentées.
Une section est également consacrée aux étoiles. Motifs décoratifs utilisé par toutes les religions, elle a cependant des significations bien différentes. Pour les chrétiens, l’étoile à cinq branches symbolise l’étoile de Béthléem, annonçant la naissance de Jésus, alors que dans le judaïsme, l’étoile à six branches, qui apparaît elle aussi dans de nombreuses autres cultures, était celle qu’arborait le roi David sur son bouclier, le rendant ainsi invincible. Utilisée par le mouvement sioniste à la fin du 19ème siècle, elle est aujourd’hui le symbole du judaïsme, présente sur drapeau de l’Etat d’Israël. Quant à l’islam, c’est sans nul doute lui qui offrira le plus de déclinaisons à ce motif, avec des étoiles allant de cinq à seize branches, dont la plus classique est celle à huit branches, formée par deux carrés perpendiculaires, marquant la fin des chapitres du Coran et connue sous le nom de rub’ el-hizb. Une forme qui rappelle celle de la Coupole du Rocher.
A coup sûr, vous ne regarderez plus Jérusalem de la même façon. « Détail » important : la majeure partie des adresses étant mentionnée sur les cartels, vous n’aurez plus qu’à aller les observer in situ une fois sorti de l’exposition.
Jerusalem In Detail, actuellement au Musée d’Israël à Jérusalem.
Cet article vous intéresse ? Laissez un commentaire.