L’espace de quelques semaines, les voitures les plus prestigieuses de l’Orient Express font une halte sur le parvis de l’Institut du Monde Arabe. En voiture !
« Train des rois et rois des trains » dont le seul nom rime avec aventures, dépaysement et raffinement, il a donné au voyage de luxe son expression la plus aboutie.
Pour dispenser les voyageurs les plus fortunés de toutes les incommodités de l’époque – haltes dans des gares pour se restaurer, formalités administratives liées aux pays traversés – Georges Nagelmackers a l’idée de créer un train où désormais l’on n’aurait plus à se soucier de rien.
Le voyage inaugural de l’Orient Express a lieu en 1883 avec à son bord des journalistes, des écrivains et des célébrités qui allaient largement contribuer à rendre le voyage presque plus important que la destination elle-même. En un seul voyage, il traversait trois continents sur plus de 3.000 kilomètres.
Quatre voitures permettent jusqu’au 31 août d’entrer dans la légende et de se prendre, l’espace de quelques instants, pour un prince ou une star de cinéma.
A bord, tout n’est que luxe et raffinement : bois précieux – acajou, ébène de Macassar, bois de rose, de violette ou de citronnier –, velours de Gênes, cuirs de Cordoue et tapisseries des Gobelins… Les intérieurs ont été recréés – vaisselles, journaux d’époque, cartons à chapeaux, machines à écrire, bouteilles de vin et de champagne –, donnant l’illusion que les passagers viennent juste de s’absenter, et de légères secousses au fil du parcours donnent réellement l’impression que le train emmène les visiteurs vers l’orientale Constantinople.
La voiture-salon Flèche d’Or, par laquelle débute le parcours et dont la décoration en acajou de Cuba comprends les bas-reliefs aux motifs de naïades de René Lalique, est celle où les passagers prenaient généralement leurs repas, confortablement installés dans de vastes fauteuils aux tons marron/beige. Vient ensuite la voiture-lit, composée de 11 compartiments pouvant accueillir 25 voyageurs. Lorsque l’on croise des visiteurs dans son étroit couloir d’acajou verni, on ne manque pas de se replonger dans les scènes les plus emblématiques du film de Sidney Lumett inspiré du roman d’Agatha Christie, à qui est presque exclusivement consacrée la voiture-bar Pullman Train Bleu.
Sa luxueuse décoration, composée de parois lambrissées en platane avec incrustation de bouquets floraux, est celle où se déroula la scène finale du Crime de l’Orient Express : scènes où Sean Connery donne la réplique à Anthony Perkins, passeport d’Harriet Hubard, interprété par Lauren Bacall, négligemment posé sur un coin de table, c’est toute l’âme de la romancière qui flotte dans cette voiture d’exception.
La première partie de la visite s’achève par la voiture restaurant Anatolie, dont les 38 fauteuils bridge de cuir bordeaux et les 14 tables prennent place dans une décoration réalisée d’après les dessins du grand ébéniste britannique Albert Dunn.
C’est tout une époque qui défile le long de ce parcours. Pas après pas, les noms les plus illustres ressurgissent, d’Edmond About, qui dira à son retour du voyage inaugural, que « le Bosphore est devenue une banlieue de la Seine », à Pierre Loti, de Joséphine Baker à Mata Hari ou Marlène Dietrich, sans oublier bien sûr George Cukor, Alfred Hitchcock ou encore Ian Fleming.
Installée aux premier et second sous-sol de l’Institut, la suite de l’exposition revient quant à elle sur l’histoire même du train, étroitement liée aux bouleversements politiques et au développement du réseau ferré avec, entre autre, les débuts du tourisme archéologique. Des cabines y sont reconstituées, des toiles de Derain et de Ziem côtoient la biographie de Georges Nagelmackers, et malles, menus et affiches mènent lentement le visiteur jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale qui divisera le trafic de l’Orient Express par deux, avant de mettre un terme à son illustre histoire.
Il était une fois l’Orient Express, jusqu’au 31 août 2014 à l’Institut du Monde Arabe.
Cet article vous intéresse ? Laissez un commentaire.