Le « Portrait de Friederike Maria Beer », chef-d’oeuvre du musée de Tel Aviv

A l’entrée du 20ème siècle, vers la fin de sa carrière, Gustav Klimt s’intéresse de plus près aux portraits et réalise des oeuvres de grandes tailles, richement décorées pour flatter une clientèle fortunée.

Dans ceux des dernières années, comme c’est le cas pour cette huile sur toile représentant Friederike Maria Beer, réalisée deux ans avant sa mort, Klimt revient à une représentation plus naturaliste et crée un équilibre entre ornementation et réalisme, évitant l’or qui fit sa gloire dans les années « Sécession » et faisant appel à des couleurs vives qui ne sont pas sans rappeler les Fauves.

Friederike Maria Beer, membre influent de la haute bourgeoisie viennoise, commande ce portrait en 1915. D’une grande indépendance, élevée dans les milieux artistiques et fervente amatrice de l’avant-garde, elle avait déjà commandé à Egon Schiele un portrait quelques années auparavant.

Lorsque son prétendant, Hans Böhler, lui promit un collier de perles, elle lui répondit qu’elle lui préférerait un portrait d’elle peint par Gustav Klimt. Dans un premier temps, l’artiste déclina la demande, prétextant que Schiele l’avait déjà immortalisé un an plus tôt, avant de se raviser.

Portrait de Friedericke Maria Beer. Gustav Klimt, 1916. Musée d’Art de Tel Aviv.

Durant six mois, lors de chaque séances de pose, elle portera une robe de soie peinte à la main, que Klimt s’efforcera de reproduire avec le plus de fidélité possible, ainsi qu’un court manteau de fourrure, tous deux créés par le célèbre artisan Wiener Werkstätte, chez qui elle est une cliente fidèle.

Insatisfait du résultat, Klimt retouchera la toile à de nombreuses reprises, tant et si bien que, sur les conseils de l’une de ses amies, Friederike Beer, impatiente, quittera un jour l’atelier avec son portrait « sous le bras » afin qu’il ne puisse plus être modifié.

En 1964, elle fera don de cette robe, qu’elle appelait sa « robe Klimt », au Metropolitan museum de New-York.

Le fond, surchargé, représente quant a lui des scènes de batailles tirées de la mythologie coréenne, un motif inspiré d’un vase de l’artiste et qui revient a plusieurs reprises dans ses oeuvres tardives, mêlant ainsi cultures occidentale et orientale. Ce motif temoigne également de l’influence de l’art asiatique sur l’Art Nouveau. On remarquera également, en haut à droite, les bandes blanches et rouges, couleurs du drapeau autrichien, séparées par une bande noire symbolisant quant à elle le déclenchement de la Première guerre mondiale.

Si vous désirez aller plus loin :

Klimt, de Serge Sanchez, aux éditions Folio. 320 pages. 9,70€.
Klimt et Vienne : un siècle d’or et de couleurs, aux éditions Beaux Arts. 34 pages. 9,00€.
Klimt. Tout l’oeuvre peint, de Tobbias G. Natter, aux éditions Taschen. 601 pages. 49,00€.
Klimt. Femmes, de Angelika Baümer, aux éditions Hazan. 96 pages. 16,90€.
Ver Sacrum : la revue de la Sécession viennoise, 1898-1903, de Valerio Terraroli, aux éditions Skira. 233 pages. 55,00€.

Et pour la jeunesse :

Gustav Klimt, de Sarah Bartère et Glen Chapron, aux éditions Milan. 40 pages. 8,50€.
Le chat de Gustav Klimt, de B. Capatti et O. Monaco, aux éditions Grasset Jeunesse. 40 pages. 14,90€.

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