« Les aventures de Rabbi Jacob » : un monument du cinéma français…

Il est dans le cinéma français des films si cultes que seule une réplique permet de les identifier. Et depuis des décennies, les longs-métrages mettant en scène Louis de Funès occupent une place particulière dans ce patrimoine audiovisuel unique et reconnaissable entre tous.

Par conséquent, est-il encore nécessaire de présenter Les aventures de Rabbi Jacob ? Assurément pas. Et pour cause… Au même titre que d’autres films, du Corniaud à La folie des grandeurs en passant par La grande vadrouille, tous réalisés par l’excellent Gérard Oury, Les aventures de Rabbi Jacob est entré dans dans la légende du cinéma français, et ce par la grande porte.

Mis en musique par Vladimir Cosma et co-scénarisé par le rabbin Josy Eisenberg, ancien secrétaire du Grand Rabbin de France Jacob Kaplan, ce film sorti en 1973 marque l’ultime collaboration entre Gérard Oury et Louis de Funès, pour qui ce rôle a été spécialement écrit.

Brooklyn, New York, années 70. Rabbi Jacob et son assistant Samuel se rendent à l’aéroport Kennedy, où le rebbe soit assister à la bar-mitsvah de son neveu David, à Paris.

Dans le même temps, de l’autre côté de l’Atlantique, Victor Pivert, un industriel parisien raciste et antisémite, se hâte pour assister au mariage de sa fille Antoinette avec « un français bien blanc, et catholique comme tout le monde ». Suite à un accident de la route avec son chauffeur Salomon, joué par Henri Guybet, Victor Pivert va malencontreusement se retrouver embarqué dans une affaire d’état mêlant Mohamed Larbi Slimane, leader politique d’un pays arabe plongé dans la révolution, et les membres d’un tribunal contre-révolutionnaire chargés de l’éliminer dirigé par le colonel Farès.

Arrivés à Orly, poursuivis à la fois par la police et par les tueurs, Slimane et Victor Pivert détroussent deux juifs orthodoxes dans les toilettes de l’aéroport et, sous l’apparence de rabbins, arrivent rue des Rosiers, en plein préparatifs d’une bar-mitsvah au cours de laquelle Victor Pivert, alias Rabbi Jacob, sera chargé d’officier.

S’il est évident que le scénario des Aventures de Rabbi Jacob contient un certain nombre d’erreur, il n’en demeure pas moins une référence incontournable de la comédie « made in France ». On imagine en effet assez mal comment Louis de Funès et Claude Giraud, qui interprète le rôle de Slimane, parviennent à revêtir et à garder en place les barbes et payès qui caractérisent leur tenue traditionnelle sans même l’avoir anticipé. Il est de plus très improbable que l’authentique Rabbi Jacob arrive à Paris un samedi matin, jour de shabbat. Cela impliquerait qu’il aurait emprunté un vol de nuit quittant New York un vendredi après-midi, et aurait donc brisé sciemment le jour le plus saint de la semaine.

Conscient de ces inexactitudes, Gérard Oury, qui les reconnaît volontiers, avoue également que s’il avait dû faire l’impasse sur ces points, le scénario en aurait été profondément modifié, et le film n’aurait peut-être simplement pas pu exister.

Tourné de mars à août 1973 en décors naturels – l’église de Montjavoult, le café des Deux Magots du boulevard Saint-Germain, la cour d’honneur des Invalides, le Lower East Side de Manhattan… -, le film comporte également une large partie filmée en studio, à Boulogne-Billancourt, où pour des raisons d’organisation et de sécurité évidentes, le hall de l’aéroport d’Orly et la rue des Rosiers ont été partiellement recréés.

Malgré un accueil plus que mitigé de la part des sociétés de production, qui lui reprochait un sujet susceptible de mettre le feu aux poudres alors que le Proche-Orient était sur le point d’exploser, le film totalisera plus de sept millions d’entrées lors de sortie en salle, alors même qu’Israël mène la quatrième guerre de son histoire : la guerre du Kippour.

Sorti en France en octobre 1973, Les aventures de Rabbi Jacob sera également un succès outre-Atlantique, où il sera même nommé au Golden Globe du Meilleur film étranger en 1975, ainsi que dans nombre de pays arabes. Il sera projeté à de nombreuses reprises à la Mouqata’a, résidence officielle d’un certain Yasser Arafat.

Près de cinquante ans après sa première sortie en salle, Les aventures de Rabbi Jacob revient donc cet été sur grand écran, dans une version restaurée. L’occasion pour les fans de se replonger dans les aventures rocambolesques de Victor Pivert, et pour les jeunes générations de peut-être découvrir un monument du cinéma français.

Si vous désirez aller plus loin :

Les aventures de Rabbi Jacob, de Gérard Oury. DVD. 90 minutes.
Gérard Oury. Mon père, l’as des as, de Danielle Thompson, aux éditions de la Martinière. 208 pages. 29,90€.
Louis de Funès, de Olivier et Patrick de Funès, aux éditions du Cherche Midi. 320 pages. 17,00€.

Et pour la jeunesse :

Louis de Funès, une vie de folie et de grandeur, de François Dimberton et
Alexis Chabert, aux éditions Delcourt. 128 pages. 16,95€.

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