Du 31 janvier au 3 février, « El amor en su lugar », du réalisateur espagnol Rodrigo Cortés, sera diffusé sur la plateforme VOD du Festival Dia(s)porama. Un chef-d’œuvre inspiré d’une histoire vraie…
Ghetto de Varsovie, janvier 1942. Depuis plus d’un an, les juifs de la capitale polonaise sont contraints à l‘isolement. La maladie, la faim et le froid de l’hiver se font sentir, accompagnés de leur lot d’humiliations.
Pour survivre dans cette antichambre de la mort, chacun veut se souvenir qu’il est encore vivant. C’est également l’objectif du théâtre Femina, en plein cœur du ghetto. Depuis la fermeture des salles de cinéma, la salle de spectacle joue à guichets fermés tous les soirs. Et L’amour entre quatre murs, signée du poète et scénariste polonais Jerzy Jurandot, ne fait pas exception. Dans un monde ravagé par la guerre, il semble rester ici un peu de place pour célébrer l’espoir.
Sur scène, la comédie qui se joue est légère et distrayante : en raison du manque de logements, deux jeunes couples, Sfercia et Edmund, et Ada et Patryk, se voient contraints de partager leur chambre. D’airs yiddish en chansons humoristiques, le public s’amuse et rigole, même si certaines improvisations ne manquent pas d’agacer des membres du Conseil Juif ou de la Police juive du ghetto… Un peu de Résistance n’a jamais fait de mal à personne après tout.
« [Le spectacle] a été écrit par Jerzy Jurandot tandis qu’il se trouvait dans le ghetto, et fut joué à l’intérieur du ghetto. Il y a quelque chose de beau ici : c’est un spectacle drôle, ce qui est paradoxal parce que les juifs rient d’eux-mêmes et de leurs conditions, du froid, de la faim, de la mort, de la torture par la police juive, de la corruption du Conseil juif… Ils rient de tout à l’exception des allemands, ce qui était interdit. »
Rodrigo Cortés, réalisateur.
En coulisses en revanche, ce n’est pas de cohabitation dont parlent les comédiens, mais d’un sujet bien plus grave : un projet d’évasion à l’issue de la représentation.
Pour certains d’entre eux, la question la plus délicate de leur existence va alors se poser : faut-il fuir et risquer sa vie, ou rester et résister ?
Inspiré d’une histoire vraie, L’amour entre quatre murs a été joué pour la première fois le 16 janvier 1942 au théâtre Femina du ghetto de Varsovie. Si les dialogues, signés de Jerzy Jurandot, ont pu parvenir jusqu’à nous, la musique quant à elle a été perdue.
L’amour entre quatre murs, dont le titre à l’origine était Miłość szuka mieszkania (« Amour recherche appartement »), fut joué durant quatre semaines au début de l’année 1942. Quelques mois plus tard débutaient les premières déportations. Ce que l’on connait moins en revanche, c’est l’existence de cinq théâtres à l’intérieur du ghetto de Varsovie : l’Eldorado, le Femina, le New Azazel, le Théâtre Cameri, et Au cinquième étage. De septembre 1940 à septembre 1941, 1.814 représentations eurent lieu dans ces salles, dont huit concerts. En novembre 1940, le ghetto comptait plus de 450 artistes dont 187 acteurs et réalisateurs, 157 musiciens, 87 écrivains, 25 peintres et sculpteurs.
Sur les 400.000 juifs du ghetto de Varsovie, seuls 50.000 survivront.
Tourné en anglais à partir des dialogues originaux, à la fois film et pièce de théâtre, El amor en su lugar (L’amour entre quatre murs pour le titre français) fut projeté en Première mondiale à Séville en novembre 2021, à l’occasion du Seville European Film Festival. Nominé aux Goya en 2022 ainsi que dans de nombreux autres festivals internationaux, il a déjà remporté quantité de récompenses dont celles du Meilleur film et du Meilleur réalisateur.
El amor en su lugar sera disponible en VOD dans le cadre du festival Dia(s)porama du 31 janvier au 2 février.
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