« Marc Chagall », une première rétrospective d’envergure à Madrid

Pour la toute première fois en Espagne, une exposition est consacrée au peintre Marc Chagall, qui fait l’objet jusqu’au 20 mai 2012 d’une grande rétrospective au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid.

Les œuvres présentées ont été sélectionnées selon diverses périodes de sa longue et fructueuse carrière, de ses premières années à Paris jusqu’à son retour des Etats-Unis en 1948, en passant par la Révolution bolchévique de 1917.

Marc Chagall, ainé d’une famille de neuf enfants, est né en 1887 près de la ville biélorusse de Vitebsk, région alors rattachée à l’Empire russe des Romanov au cœur de laquelle il puisera la majeure partie de son inspiration. Il obtient en 1910 une bourse qui lui permet de venir étudier à Paris, et est alors déjà fortement imprégné de thèmes qui ne le quitteront jamais : la tradition juive et ses rites, le shtetl, la Russie, l’amour, thèmes auxquels viendront s’ajouter au fil des ans celui du spectacle – et plus particulièrement du cirque, de ses animaux, ses musiciens, ainsi que des événements historiques ou artistiques qu’il traversera au cours de sa vie. A Paris, le poète qu’il est ne manque pas de tisser d’étroits liens d’amitié avec des personnes comme Blaise Cendrars, Guillaume Apollinaire, Louis Aragon, André Malraux…

Lorsqu’en 1914, il quitte la France pour repartir quelques semaines dans sa ville natale, il ne se doute pas que son séjour sera plus long que prévu. Le 28 juin 1914, l’archiduc François-Ferdinand de Habsbourg est assassiné à Sarajevo, en Serbie, entraînant un conflit mondial, ainsi que la révolution russe de 1917, et empêcheront Marc Chagall de revenir en France.

Contraint de rester à Vitebsk, il profitera de ces quatre années pour peindre l’existence de sa ville, de son pays, de sa famille qu’il observe avec attention. Ce ne sera qu’à la fin de la guerre qu’il prendra la route de Moscou, où il décorera le théâtre d’art Juif, puis reviendra enfin à Paris en 1923.

Ambroise Vollard, galeriste et marchand d’art réputé, lui passe au début des années 30 deux commandes. La première sera une série de trente gouaches et eaux fortes illustrant les plus célèbres Fables de la Fontaine, la seconde – et sans doute une des plus importante œuvre de sa longue carrière, sera l’illustration, à-travers cent cinq gravures rehaussées de gouache, des épisodes majeurs de l’Ancien Testament. En 1930, il décide donc de gagner pour la première fois la Palestine afin d’y puiser l’inspiration nécessaire à l’accomplissement de cette tâche considérable. Et le résultat se révèlera à la hauteur de toutes les attentes. Ayant déjà fait l’objet de nombreuses expositions, dont Chagall et la Bible au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme de Paris en 2011, ces cent cinq planches ainsi que leurs cuivres sont conservées depuis 1972 au Musée National du Message Biblique de Nice.

Afin d’échapper à l’antisémitisme et à la montée du nazisme en Europe Centrale, il demande, et obtient, en 1937 la naturalisation française. Cela ne sera cependant pas suffisant, Marc Chagall sera arrêté en 1941, et ne devra son salut qu’à un journaliste américain, Varian Fry, qui l’aidera à fuir la France et à se réfugier aux Etats-Unis, où il résidera jusqu’en 1948.

Avec ses œuvres colorées, souvent bohèmes et à l’écart des guerres et des conflits, qu’il ne représente jamais, il est avec Pablo Picasso un des plus célèbres peintres installés à Paris au 20ème siècle. A cheval entre le surréalisme et le néo-primitivisme, il réalisera des dizaines de toiles, de peintures sur papier – série du Cantique des Cantiques, de céramiques, de sculptures, de décors – théâtre d’art Juif de Moscou, fresques murales du Watergate Theater de Londres, plafond de l’opéra Garnier de Paris, ainsi que de nombreux vitraux pour des églises ou des cathédrales en France, en Allemagne, en Angleterre, en Suisse, aux Etats-Unis – Peace Window, au siège des Nations Unies, ainsi que pour la célèbre synagogue de l’hôpital Hadassa de Jérusalem, représentant les douze tribus d’Israël.

Marc Chagall s’éteint le 28 mars 1985, à l’âge de 98 ans, à Saint-Paul de Vence, dans le sud de la France.

Marc Chagall, au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid, du 14 février au 202 mai 2012.

Si vous désirez aller plus loin :

Les vitraux de Chagall, collectif, aux éditions Citadelles et Mazenod. 240 pages. 69,00€.
Chagall, de la palette au métier, le catalogue de l’exposition, aux éditions Snoeck. 215 pages. 28,00€.
Chagall et la musique, le hors-série Beaux Arts. 48 pages. 9,00€.
Chagall et la musique, le catalogue de l’exposition, aux éditions Gallimard. 360 pages. 45,00€.
L’abécédaire de Chagall, à petit prix, aux éditions Flammarion. 119 pages. 3,95€
Le petit dictionnaire Chagall en 52 symboles, aux éditions RMN. 150 pages. 12,00€.
Chagall, la biographie complète, par Jackie Wullschläger, aux éditions Gallimard. 592 pages. 29,90€.
Chagall : entre guerre et paix, le catalogue de l’exposition, aux édition RMN. 240 pages. 35,00€.

Et pour la jeunesse :

Mon Chagall à moi !, aux éditions Centre Pompidou. 32 pages. 8,00€.
Les toiles de Chagall, aux éditions RMN. 37 pages. 10,00€.
Marc Chagall ? Suivez le guide !, de Pichard Tristan et Pylb, aux éditions Locus Solus. 32 pages. 13,90€.

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