Le 12 mai 1294 est posée la première pierre de la basilique Santa Croce de Florence. Consacrée un siècle et demi plus tard, elle demeura inachevée jusqu’au milieu du 19ème siècle.
À plusieurs centaines de kilomètres de la cité toscane, la ville portuaire d’Ancône, sur les rives de l’Adriatique, accueillait à l’époque l’une des plus anciennes et des plus importantes communautés juives d’Italie, majoritairement composée de séfarades chassés d’Espagne et du Portugal par l’Inquisition. C’est ici que naquit Niccolo Matas, l’un de leur descendant.
Doué pour les arts, il est remarqué très tôt, et la municipalité d’Ancône finança ses études à l’Académie des beaux-arts de Rome, puis à l’académie de Venise. En 1825, le jeune garçon arrive à Florence, où il bénéficie de la protection financière du prince russe Anatoly Demidoff.
En 1854, son projet pour la façade de la basilique Santa Croce, jamais achevée, est retenu. Édifiée entre 1857 et 1863, son style mêle architectures florentine et gothique, et ses sculptures sont signées Giovanni Duprè.
L’imposante étoile de David que Niccolo Matas a flanqué sur sa façade a suscité de nombreuses interrogations, et il semble que personne ne se soit étonné du fait qu’à l’époque, son contrat précisait qu’il ne travaillait jamais le samedi. Quant à son ascendance juive, elle ne fut révélée que plus tard.
À sa mort en mars 1872, son testament stipule qu’il souhaitait être inhumé au sein de la basilique. En tant que juif, cela se révèle impossible, mettant dans l’embarras à la fois la communauté juive de la ville, mais aussi les Franciscains.
Quatorze ans plus tard, sur décision du parlement italien, son corps est finalement inhumé au pied de l’escalier menant à la basilique.
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