« La journée de la jupe » : parcours d’une prof, de la dépression à la prise d’otages…

Professeure de français dans un collège de banlieue difficile, Sonia Bergerac s’obstine à venir travailler en jupe, malgré les mises en garde du proviseur. Une tenue qui, aux yeux de certains élèves, apparait comme une provocation.

Dépressive, Sonia est au bord de la crise de nerfs. En classe, son quotidien est fait de violence et d’insultes, Tant bien que mal, elle essaie de faire son cour, et de se faire entendre… En vain.

Délaissée par sa hiérarchie, Sonia se sent d’autant plus seule que son mari vient de la larguer. 

Lors d’une répétition d’une pièce de Molière, elle découvre un pistolet en fouillant dans le sac de l’un de ses élèves, et s’en empare. Par inadvertance, elle laisse échapper une balle et blesse l’un d’eux à la jambe. Prise de panique et ne maitrisant plus la situation, elle prend sa classe en otage.

Le RAID est aussitôt appelé sur place, et un négociateur entre en communication avec la professeure, tentant de connaitre les revendications de cette prise d’otages.

Seulement, Sonia n’a pas de revendications. Alors elle improvise : elle demande la présence de journalistes avec des caméras, et que le Gouvernement instaure une « journée de la jupe » dans les lycées, pour lutter contre l’idée préconçue que les filles en jupe sont des prostituées.

Sous la menace de son arme, Sonia peut enfin se faire entendre, et faire son cours. Elle semble enfin maitriser la situation, jusqu’au moment où celle-ci va lui échapper et tout faire basculer.

La pièce évoque un fait divers largement envisageable. Dans les établissements scolaires sensibles, les rapports de force et les tensions entre les élèves et leurs professeurs, mais également entre les élèves eux-mêmes, subsistent toujours. Les violences à l’école, le système de domination masculine dans certains quartiers de banlieue, mais aussi la laïcité, la religion, les origines… sont autant de sujets brûlants, qui restent malheureusement d’actualité.

Le dysfonctionnement de l’Éducation est ici flagrant. Le problème dans les différents établissements scolaires ne fait que s’aggraver, sans qu’aucune solution n’ait été trouvée, et le constat reste inchangé. Certains adolescents manquent de repère. Influencés, formatés par les réseaux sociaux, ils ne parviennent pas vraiment à se forger leur propre opinion. Pour se sentir protégés, ils n’ont recours qu’à la violence. 

Sonia Bergerac, par les livres et l’apprentissage, souhaite les armer différemment pour affronter la vie. Elle le fait sans doute maladroitement, et ses élèves n’en sont pas conscients.

Dix ans après la sortie de La journée de la jupe au cinéma, dont le rôle-titre était incarné par Isabelle Adjani, qui obtient le César et le Globe de Cristal de la Meilleure actrice en 2010, le réalisateur Jean-Paul Lilienfeld a adapté son chef d’œuvre sur scène, dans un huis-clos théâtral.

C’est la comédienne Gaëlle Billaut-Danno, vue en 2018 dans Trahisons, d’Harold Pinter, qui reprend le rôle de Sonia sur les planches du théâtre des Béliers Parisiens.

« Etre choisie pour jouer Sonia a été un cadeau absolu. »

Gaëlle Billaut-Danno dans Théâtres et Spectacles de Paris.

Un  choix plutôt judicieux du réalisateur puisque Gaelle fait preuve d’une sacrée performance de comédienne en interprétant avec justesse ce rôle si complexe. Elle donne la réplique à Julien Jacob, qui endosse celui du négociateur, ainsi qu’à cinq jeunes comédiens aux talents prometteurs.

Les spectateurs eux-mêmes semblent être pris en otage par la tension et le drame qui règnent sur la scène, et espèrent un dénouement le moins tragique possible.

Une adaptation efficace et prenante, et un très bon moment de théâtre.

La journée de la jupe, actuellement au théâtre des Beliers Parisiens.

Si vous désirez aller plus loin :

La journée de la jupe (César 2010 de la Meilleure Actrice), de Jean-Paul Lilienfeld. DVD. 90 minutes.

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