« Les + grandes entreprises. Celles qui changèrent le monde », de Jean Baudet

Illustrant le rapport entre rationalité et industrialisation, Les 50 plus grandes entreprises, de Jean Baudet, résume en chapitres plus ou moins longs — et plus ou moins complets — l’histoire de cinquante sociétés de renommée internationale qui ont modifié le modèle économique mondial.

Entre autres exemples le britannique Marcus Samuel, qui fonde à Londres à la fin du 19ème la Shell Transport and Trading Company, future Shell, première entreprise au monde qui fera passer le pétrole du Moyen-Orient à l’Europe via le canal de Suez.

De l’autre côté de la Manche, symbole de la révolution automobile française, la Traction est lancée en 1934 par les usines Citroën. Parti chercher son inspiration outre-Atlantique chez le géant Ford — à qui un chapitre est bien entendu également consacré —, André Citroën se lancera à la fin de la Première guerre mondiale dans une industrie automobile alors en pleine essor. Mais si le succès de l’emblématique Traction est considérable, son prix élevé entrainera la faillite des usines Citroën qui seront rachetées par Michelin l’année suivante, puis, de nouveau en difficulté financière, par Peugeot en 1979. PSA était née.

En Allemagne, Bayer, une société fabriquant initialement des colorants, se lance quant à elle dans la fabrication de médicaments, dont le plus célèbre reste l’aspirine. Un succès qui lui permettra de s’étendre à l’étranger. Si l’auteur évoque bien la fusion de Bayer avec deux autres groupes — une fusion qui entrainera là encore un changement de nom, transformant Bayer en IG Farben —, on regrettera le facheux « oubli » de l’auteur concernant la partie sombre de son histoire. Soutenant le régime nazi durant la Seconde guerre mondiale, IG Farben bénéficiera de fait d’une main-d’oeuvre très bon marché, contribuant grandement à son développement. Elle financera également la construction du camp d’Auschwitz III où seront détenus plus de 12.000 Juifs, et produira via l’une de ses filiales le Zyklon B, un insecticide utilisé dans les chambres à gaz des camps de la mort. Une histoire qui s’achèvera au procès de Nuremberg et au démantèlement d’IG Farben en 1952.

Dans le même registre, plus contemporain cette fois, on peut aussi évoquer IBM, qui fournira au 3ème Reich des machines de poinçonnage qui permettront le décompte des populations juives et tziganes d’Europe, contribuant à leur extermination et donnant à IBM un rôle essentiel dans la Shoah.

Ce ne sont là que quatre exemples d’entreprises auxquelles cet ouvrage fait référence, quatre parmi beaucoup d’autres : Ford, EADS, Siemens, AT&T, Caterpillar, Daimler, General Motors, Total, Motorola, Bouygues

D’un intérêt parfois relatif quant au choix des entreprises sélectionnées, on regrettera sur certains chapitres un manque d’informations — volontaire ou non —, un recours redondant aux chiffres d’affaires et au nombre de salariés, et surtout le fait que les technologies les plus récentes et les plus essentielles à nos modes de vie actuels, internet en tête, ne soient en quelque sorte reléguées à un chapitre aux allures de conclusion ne faisant l’objet que d’un développement succinct.

Les plus grandes entreprises, de Jean Baudet, aux éditions La boîte à Pandore. 319 pages. 18,90€.

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