« Bob Dylan, l’explosion rock », à la Cité de la Musique

Au fil de photos inédites, d’archives audiovisuelles, d’objets et de documents rares, Bob Dylan, l’explosion rock, présentée à la Cité de la Musique du 6 mars au 15 juillet 2012, met en lumière l’histoire de l’évolution personnelle du chanteur-musicien, ainsi que le basculement d’une société sur une période de cinq années, de 1961 à 1966.

Petit-fils d’immigrés Juifs d’Europe de l’Est installés aux États-Unis à la fin du 19ème siècle, Robert Allen Zimmerman naît le 24 mai 1941 dans l’état du Minnesota. Très tôt attiré par la musique country et blues qu’il écoute à la radio, il commence à jouer du piano, puis de l’harmonica et de la guitare dès l’âge de neuf ans. Dans une Amérique alors en pleine vague rock’n’roll, Elvis Presley, Bill Haley ou encore Little Richard auront sur le jeune garçon une influence considérable, tant d’un point de vue musical que scénique.

En 1959, alors âgé de dix-huit ans, il s’inscrit à l’université du Minnesota pour y suivre des cours d’art. Installé dans une banlieue mal famée de la ville, il fréquente une jeunesse marginale et paumée composée de loubards et de drogués. Élève peu assidu, il abandonne ses études, quitte l’université et se forge ses premières expériences musicales en fréquentant les clubs et les discothèques de la région. C’est vers cette période qu’il décide d’adopter le patronyme de Bob Dylan, qu’il fera valider légalement en 1962 par les autorités américaines.

A la fin de l’année 1960, il décide de gagner New York afin d’y rencontrer son idole de toujours, Woody Guthrie. Si la décision de rejoindre la côte Est lui permettront d’établir des connaissances qui contribueront largement à lancer sa carrière de chanteur et de musicien, ses allures de mauvais garçon rebelle, en revanche, lui fermeront de nombreuses portes d’établissements de Greenwich Village, qu’il fréquente assidûment.

Sa prestation en tant qu’harmoniciste pour la chanteuse folk Carolyn Hester, fort remarquée, lui vaudront de signer son tout premier contrat chez Columbia, la plus ancienne marque du disque de l’industrie phonographique. En novembre 1961, sous l’influence de son imprésario Al Grossman, il est pour la première fois tête d’affiche, et se produit sur la scène du Carnegie Chapter Hall. Quatre mois plus tard sort son premier album éponyme, principalement composé de reprises folk et pop, ainsi que de deux titres originaux. Ce premier opus ne rencontrera pas le succès attendu, loin de là, mais Columbia Records décide cependant de maintenir son engagement avec l’artiste.

Durant l’été 1963, aux côtés de stars comme Joan Baez, qui l’a introduit sur la scène du très renommé Festival Folk de Newport quelques semaines plus tôt, il participe avec plus de 200.000 pacifistes à la « marche sur Washington » pour dénoncer la ségrégation envers les noirs. Après le « I have a dream » de Martin Luther King, il chante When the ship comes in et reçoit en décembre de la même année le Prix Tom Paine, récompensant « la personnalité ayant symbolisé le juste combat pour la liberté et l’égalité ». Ivre, le discours qu’il prononcera à cette occasion s’avérera désastreux.

Deux mois plus tard, il prend la route pour une série de concert à travers les principales villes des Etats-Unis, mais aussi en Europe avec l’Angleterre et la France. Au cours des années suivantes, il enchaînera tournées et disques à un rythme effréné, avec plus ou moins de succès. En novembre 1965, il se marie avec Sara Lownds, un jeune mannequin. De leur union naîtront quatre enfants. Il décide de faire une pause dans sa carrière et de se consacrer à sa toute nouvelle vie de famille. En 1974, parallèlement à une passion naissante pour la peinture, il reprend le chemin des studios et des salles de spectacles pour des concerts énormes aux sons résolument rock.

Sara Lownds et Bob Dylan divorcent en 1977, et en 1979, il entreprend de se convertir au christianisme, décision qui aura pour effet d’éloigner bon nombre de ses amis et conseillers artistiques. En plein passage à vide, les années 80 seront synonymes d’échecs et de déceptions, avec des albums aux sons moyens et aux textes bâclés – pour ne pas dire mauvais.

Au milieu des années 80, il rencontre la choriste Carolyn Dennis, qu’il épouse et avec qui il aura une petite fille. Durant cette période, il renouera avec le succès, en partie grâce au Never Ending Tour, qui tourne sur le sol américain au rythme d’une centaine de concerts par an, mais ce sera réellement en 1989 et la sortie de son album Oh Mercy, puis Love and Theft, quelques années plus tard, qu’il reviendra définitivement sur le devant de la scène. Ce dernier lui vaudra d’ailleurs de recevoir le Grammy Award du meilleur album folk de l’année.

Figure majeure de la musique pop/folk depuis plus de cinquante ans, porté par la puissance de textes engagés et parfois radicaux, riche d’une discographie comprenant une quarantaine d’albums, Bob Dylan est incontestablement l’un des artistes ayant eu la plus forte influence sur la musique pop, rock, country et folk, allant jusqu’à faire déborder cette influence dans la littérature, le cinéma, et même la politique par ses prises de position.

Bob Dylan, l’explosion rock, à la Cité de la Musique. Du 6 mars au 15 juillet 2012.

Si vous désirez aller plus loin :

Lyrics, 1961-2012 : Nouvelle édition augmentée, de Bob Dylan, aux éditions Fayard. 512 pages. 49,90€.
The Essential Bob Dylan, coffret 2CD.
Bob Dylan : Une biographie, de François Bon, aux éditions Livre de Poche. 475 pages. 7,90€.

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